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Retrait du ‘’ticket présidentiel’’ : Abdoulaye Wade avait donné au Sénégal, une grande leçon de démocratie, selon Kalidou Diallo


Rédigé par leral.net le Lundi 23 Juin 2025 à 13:50 | | 0 commentaire(s)|

L’ancien ministre de l’Éducation nationale, Kalidou Diallo juge qu’Abdoulaye Wade avait donné ‘’une grande leçon de démocratie au Sénégal’’, en décidant de retirer, le 23 juin 2011, son projet de loi controversé de révision constitutionnelle, qui devait instaurer le ‘’ticket présidentiel’’.

Il avait pris cette décision après que des manifestations ont éclaté à Dakar. Il y avait eu des affrontements entre les forces de l’ordre et ceux qui contestaient le projet de loi.

Des militants de la société civile et de partis politiques, ainsi que des leaders d’associations de jeunes, avaient décidé de s’opposer, devant l’Assemblée nationale, au vote de la loi instaurant le ‘’ticket présidentiel’’, c’est-à-dire la désignation d’un candidat et de son colistier, pour toute candidature à l’élection présidentielle.

Ce projet de loi ouvrait la voie à une réforme majeure, considérée par de nombreux opposants et militants de la société civile, comme une astuce du chef de l’État de l’époque, visant à faciliter l’élection de son fils, Karim Wade, en 2012, pour le remplacer.

Il s’agit du quart bloquant, en vertu duquel il suffisait de réunir le quart des suffrages valablement exprimés, pour être élu président de la République.

À la suite d’affrontements entre les forces de l’ordre et les manifestants, le président de la République, Abdoulaye Wade avait ordonné le retrait du projet de loi controversé, le 23 juin 2011, plusieurs heures après l’éclatement des manifestations.

Pour Kalidou Diallo, professeur d’histoire moderne et contemporaine à l’université Cheikh-Anta-Diop de Dakar, à travers cette posture, ‘’Abdoulaye Wade a donné ce jour-là, une grande leçon de démocratie au Sénégal’’.

‘’S’inspirer de la vision, de la générosité et du pragmatisme de Wade’’

Quelque 3 000 manifestants, selon les prévisions des organisateurs et de la police, devraient prendre part à un rassemblement prévu le 23 juin 2011, contre le projet de loi instaurant le ‘’ticket présidentiel’’.

Cette prévision avait été largement dépassée. Les rues du centre-ville de Dakar, celles situées près de l’Assemblée nationale notamment, étaient noires de monde.

‘’L’ancien président de la République avait demandé aux Sénégalais, bien avant les évènements du 23 juin 2011, de manifester leur mécontentement, chaque fois qu’ils le jugent nécessaire, par le port de brassards rouges’’, a rappelé Kalidou Diallo, dont les travaux académiques portent essentiellement sur l’histoire syndicale du pays.

S’exprimant dans une interview avec l’APS, à l’occasion du 14e anniversaire des évènements du 23 juin 2011, l’historien et ancien dirigeant syndical, loue les qualités de démocrate du leader du PDS, Abdoulaye Wade.

‘’Il (Abdoulaye Wade) a demandé également aux Sénégalais de s’exprimer par une presse libre et indépendante et de remplacer la demande d’autorisation des manifestations, par une simple déclaration, juste pour en informer les autorités administratives’’, a ajouté M. Diallo.

Il pense que si l’exemple du président Abdoulaye Wade avait été suivi, beaucoup de revendications exprimées lors du Dialogue national du 28 mai 2025, auraient été satisfaites, ce qui éviterait de les inscrire à l’ordre du jour de cette concertation.

Kalidou Diallo, qui avait été nommé ministre de l’Éducation nationale par Abdoulaye Wade, rappelle que ce dernier avait appelé à voter pour Bassirou Diomaye Faye, lors de l’élection présidentielle du 24 mars 2024.

Il invite M. Faye et Ousmane Sonko, le Premier ministre, les leaders de Pastef, le parti également majoritaire à l’Assemblée nationale, à ‘’s’inspirer de la vision, de la générosité et du pragmatisme de Wade en matière de démocratie, de protection des libertés, de politique éducative et sanitaire, d’infrastructures, de coopération internationale…’’.

‘’Le peuple veut sortir de la misère’’

À la question de savoir si des manifestations de la même ampleur que celles du 23 juin 2011, sont encore envisageables au Sénégal ou pas, le professeur d’histoire moderne et contemporaine déclare : ‘’i[Léopold Sédar Senghor a connu les évènements de 1963 et de 1968, Abdou Diouf ceux de 1988 […] Wade a été confronté à ceux du 23 juin 2011 et Macky Sall, à ceux des 3-8 mars 2021]i’’.

‘’i[Si le président de la République, Bassirou Diomaye Faye et le Premier ministre, Ousmane Sonko, travaillent bien, sans commettre des erreurs politiques graves, ils pourront [éviter]’’ l’organisation de manifestations politiques de grande ampleur contre leur régime]i", assure M. Diallo.

Il juge prématuré de faire un bilan de la gestion du pays par l’actuel parti au pouvoir, qui a été élu en avril 2024, pour un mandat de cinq ans.

’Si à terme, ils déçoivent les Sénégalais, ils n’échapperont pas à la défiance et à la vindicte populaires’’, a prévenu Kalidou Diallo.

L’ancien ministre de l’Éducation nationale est d’avis que la position du peuple est constante, quel que soit le régime en place. ‘’Le peuple veut sortir de la misère, les jeunes du chômage et le pays du sous-développement’’, ajoute-t-il.

’Tout régime qui améliore les conditions de vie des populations, aura de beaux jours devant lui’’, poursuit M. Diallo, espérant que ‘’les nouveaux dirigeants du pays tireront les leçons de notre si riche histoire politique, pour instaurer la paix, la justice sociale, le progrès et l’abondance au Sénégal’’.

‘i[’Le Sénégal est petit par la taille, mais il excelle [dans plusieurs domaines], parce qu’il est riche par son histoire et sa situation géographique, ses richesses naturelles et, surtout, ses ressources humaines]i’’, a signalé M. Diallo.






APS

Mame Fatou Kébé