Risque de désaffection de l’électorat : La société civile et l’opposition optimistes

Avec une participation moyenne (51,58 %) au premier tour, certains craignent une désaffection et une démobilisation des électeurs. Ce qui ferait l’affaire du président sortant qui seul qui est contre tous. Mais, la société civile reste optimiste. C’est le cas du professeur de droit Babacar Guèye par ailleurs président du Réseau des observateurs citoyens (Resocit), composé de onze organisations plus Gorée Institute et du rappeur Simon du mouvement Y en a marre. Contactés par Wal Fadjri, ils affirment que la flamme de la mobilisation ne s’éteindra pas avant le 25 mars, date du second tour du scrutin présidentiel. Selon eux, il n’y a pas risque d’une désaffection de l’électorat.
Et pour maintenir cette flamme, Babacar Guèye renseigne que le Recosit va mettre à profit ces trente (30) jours pour sensibiliser les Sénégalais à retirer leur carte d’électeur et accomplir leur devoir de citoyen. ‘L’intervalle entre les deux tours nous laisse plus de temps pour mener notre campagne de sensibilisation. Notre réseau va mener une campagne pour le retrait massif des cartes d’électeurs et le vote des citoyens’, dit-il. Puis d’ajouter : ‘Notre objectif est d’augmenter le taux de participation pour qu’il soit plus important que celui de 2007. Nous voulons que le président qui sera élu, le soit par le peuple et avec un très fort taux de participation’.

Chez les ‘Y en a maristes’, également, on reste optimiste. ‘Les Sénégalais sont plus déterminés à faire partir Abdoulaye Wade. On a dit aux gens d’arrêter les manifestations pour le faire partir par les urnes’, déclare Simon. Et l’instar du Résocit, l’heure est aussi à la mobilisation et à la sensibilisation au niveau de ce collectif de rappeurs qui s’est distingué contre un troisième mandat du président Wade. Objectif : accroître le taux de participation. ‘On fait du porte-à-porte. On va vers les 40 % d’abstentionnistes pour leur dire de ne pas avoir peur, de récupérer leur carte et de voter le 25 mars’, poursuit-il. Mais ‘Y en a marre’ craint surtout que cette durée soit mise à profit par le pouvoir pour voler. ‘La durée est un handicap, parce qu’il laisse au camp de Wade le temps de voler, d’acheter les cartes de ceux qui n’ont pas voté et de frauder. C’est cela qui leur reste pour gagner, mais ils ne gagneront pas parce que tout le monde est derrière Macky Sall’, conclut Simon.

L’optimiste est aussi de rigueur dans le camp de l’opposition. Ndiaga Sylla du Jëf-Jël ne craint aucune démobilisation des électeurs. Au contraire, il pense que le taux de participation va augmenter au second tour. Le poulain de Talla Sylla explique le faible taux du premier tour par la confusion qui régnait avec le mot d’ordre de boycott du M23. ‘Jusqu’à la veille, on ne savait pas si l’élection allait se dérouler le dimanche surtout avec la médiation du président Obasanjo. C’est ce qui a expliqué le faible taux. En plus, d’autres craignaient pour leur sécurité’, explique-t-il. Avant d’ajouter : ‘Aujourd’hui, il y a deux camps: Wade et Macky Sall soutenu par toute l’opposition. Et malgré les réserves de certains membres des Assises nationales, comme Talla Sylla, les gens iront voter massivement pour le candidat de l’opposition’.

Malgré son faible score (0,19 %), le camp d’Amsatou Sow Sidibé ameute aussi sa troupe. ‘Les gens n’ont pas voté massivement le 26 février à cause des risques de violences et des fraudes électorales. Mais, avec le calme, la sérénité et la sincérité du premier tour, nous demandons à nos militants de voter massivement au second tour’, déclare Papa Amadou Sow, membre du directoire de campagne de Car Leneen. En 2007, le taux de participation au premier tour était 70,52 %.

Charles Gaïky DIENE
Source Walfadjri