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Suspension de l’animateur Jimmy Kimmel: L'opposition américaine s'indigne face à «la censure»

Rédigé par leral.net le Vendredi 19 Septembre 2025 à 11:11 | | 0 commentaire(s)|

Nouvelle déflagration politique aux États-Unis. L'humoriste et animateur, figure incontournable des soirées télévisées américaines depuis 22 ans, a été suspendu de l'antenne d'ABC, pour des propos jugés inappropriés sur l'assassin de Charlie Kirk. Cette décision brutale, sous pression du patron de l'Agence fédérale des télécommunications, un proche de Donald Trump, agite une fois de plus, le climat politique du pays. Les démocrates promettent une loi protégeant la liberté d'expression.


Suspension de l’animateur Jimmy Kimmel: L'opposition américaine s'indigne face à «la censure»
Le théâtre de Jimmy Kimmel se trouve en plein sur Hollywood Blvd, à Los Angeles. Pas étonnant d'y croiser une actrice dans la petite foule en colère réunie sur le trottoir, devant la salle d'enregistrement de l'émission. Tous soutiennent Jimmy Kimmel face à l'administration Trump et dénoncent les attaques sur la liberté d'expression.

Ruby Rose a joué dans "John Wick" et la série "Orange is the New Black" : « C'est injuste d'avoir suspendu l'émission. On dirait que quelqu'un a fait une crise d'égo », dit-elle, en faisant référence à Donald Trump, cible régulière du comédien, à notre correspondant à Los Angeles, Loïc Pialat.

« ABC a capitulé ! »

Oscar, justement, devait assister à l'enregistrement de jeudi 18 septembre. À la place, il manifeste derrière une grande pancarte « On aime Jimmy ». « Ce qui est arrivé à Charlie Kirk, je trouve que ce n'est pas juste. Mais je ne vais pas non plus les laisser s'en servir pour m'enlever mes droits », affirme-t-il.

Sunsarah, elle, en veut au président américain, mais aussi à la chaîne ABC qui a suspendu l'émission : « ABC a capitulé ! Ils n'ont même pas essayé de se battre. Il n'y avait de problème légitime, pas de mal légitime qu'aurait commis Kimmel. Il n'a pas violé une règle ou la loi. C'était lâche de leur part et ils ont encouragé le fascisme ».

Un peu à l’écart, Bobbi tient deux petites feuilles blanches. Dessus, on peut y lire « Free Speech » (« liberté d'expression », en français). « Je m'excuse auprès du monde pour l’image que nous donnons à l'Amérique depuis quelques mois. Mais on s'accroche ! Certains d'entre nous s’accrochent ! »

Colère et angoisse

La colère gronde aussi à Georgetown, la grande université progressiste de Washington, où les étudiants s'interrogent sur la rapidité avec laquelle ABC a cédé à la pression.

Dangereuse, extrême, inquiétante : la décision brutale de la chaîne concentre l'essentiel des critiques. « C'est de la censure pure et simple », résume Stella à notre correspondant à Washington, Vincent Souriau. « Soit les cadres de la chaîne sont aussi d'extrême droite, soit ce sont des lâches qui se sont couchés. Et dans les deux cas, je ne crois pas que ce soit une bonne chose », affirme-t-elle, qui termine sa dernière année de sciences sociales.

Sur la forme, ça ne passe pas non plus. Pour Olivia, en master de politiques publiques, ABC aurait dû prendre le temps de recevoir Jimmy Kimmel avant de le congédier. « On peut être en désaccord avec ce qu'il a dit, mais le suspendre sans prendre le temps du débat, sans savoir exactement ce qu'il pense… La réaction immédiate de le virer de l'antenne comme cela, cela a l'air vraiment extrême et très peu compréhensif. »

Mais selon Kevin, qui entame un master d'économie, l'aspect le plus sensible concerne les répercussions futures : « Ça montre que le président des États-Unis a de plus en plus d'influence sur ce que font les groupes médiatiques. Ça passe aussi par de plus en plus de procès intentés aux médias qui ne vont pas dans le sens de l'administration. Je trouve ça très inquiétant. Il y a un nuage de couverture conservatrice qui rôde au-dessus des médias, et ça, ça m'angoisse ».

Pour ces étudiants de Georgetown, la suspension de Jimmy Kimmel Live!, à l'antenne depuis 2003, reflète la polarisation croissante et les discours de haine qui traversent la société américaine.

Levée de boucliers chez les politiques

Pour preuve, la suspension de l'émission de Jimmy Kimmel a provoqué une levée de boucliers massive dans le camp démocrate.

Barack Obama, Hillary Clinton, Kamala Harris, ainsi que les gouverneurs de New York, de l'llinois, de Californie, de Pennsylvanie, se sont joints aux critiques, qualifiant cette décision d'attaque frontale contre la liberté d'expression. Ils accusent l'administration Trump de censure.

« Protégez la liberté de parole », était également le mot d'ordre des manifestants, quelques centaines de personnes rassemblées ce jeudi en Californie devant le siège du groupe Disney, propriétaire d'ABC, la chaîne où Jimmy Kimmel officiait depuis plus de 20 ans.

Les élus démocrates, comme Patty Murray, une sénatrice de l'État de Washington, rappellent aussi que Donald Trump est en procès avec le "New York Times" et le "Wall Street Journal", et que les digues sautent un peu partout. L'inquiétude touche l'ensemble du secteur de la culture. Car Jimmy Kimmel est une figure de la télévision, mais surtout un comédien, dont les blagues, les répliques et les séquences, sont écrites par des auteurs professionnels. Les syndicats du secteur culturel préviennent : la prochaine fois, ce sera peut-être leur tour.

Offensive constante contre la presse

La décision de suspendre l'émission de Jimmy Kimmel a en revanche été saluée par le président Donald Trump, qui, depuis son retour à la Maison-Blanche, mène un bras de fer avec la presse.

Que ce soit par des attaques verbales, des pressions sur les patrons de chaînes, ou même des poursuites judiciaires, Donald Trump a déclaré la guerre aux médias qui ne le soutiennent pas. Les animateurs de télé sont justement au cœur de cette offensive.

La liste de ceux qui en paient le prix, s'allonge presque chaque semaine. En juillet, Stephen Colbert a appris que CBS mettrait fin à son "Late Show" en 2026, trois jours seulement après avoir critiqué un accord financier conclu entre la chaîne et le président. Avant lui, deux journalistes vedettes de CBS avaient claqué la porte, accusant la Maison-Blanche de pressions directes.

Aujourd'hui, c'est Jimmy Kimmel qui tombe à son tour, nouvelle victime de la colère présidentielle. Mais Donald Trump ne compte pas s'arrêter là. Il a déjà désigné ses prochaines cibles : deux animateurs connus pour leurs critiques. « Il reste donc Jimmy Fallon et Seth Meyers, deux gros losers de la fabrique à fake news NBC », a-t-il écrit sur son réseau social Truth Social. Ce n'est pas la première menace à l'égard de Jimmy Fallon, dont l'émission est la deuxième la plus regardée aux États-Unis.