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Suspension du Secrétariat du Maep : Les dessous d'une décision

Un problème de leadership au sein du Secrétariat exécutif ralentit le fonctionnement du Mécanisme africain d'évaluation par les pairs (MAEP). Sa suspension est liée à de sérieux problèmes de gestion et de contestations.


Rédigé par leral.net le Jeudi 12 Juin 2014 à 14:21 | | 1 commentaire(s)|

Suspension du Secrétariat du Maep : Les dessous d'une décision
Lors du conclave de Dakar des points focaux des chefs d’Etat auprès du Maep tenu le lundi et le mardi, le ministre de la Promotion de la bonne gouvernance soutenait que «le secrétariat exécutif» est «le talon d’Achille (sic) de cette organisation pour la mise en œuvre de la bonne gouvernance des Etats africains». Et il «bat de l’aile», renchérit Abdou Latif Coulibaly.

«Un problème de leadership au sein du Secrétariat exécutif ralentit le fonctionnement de la structure. Et c’est cela que nous sommes en train de régler à Dakar et des décisions seront proposées à l’approbation des chefs de l’Etat à Malabo», a-t-il indiqué.

En fin de soirée du lundi, le Secrétariat a été suspendu en attendant les résultats de l’enquête effectuée par le comité qui était chargé «de livrer le long travail d’enquête et d’investigation qui a été fait mais également de proposition pour le recrutement du nouveau secrétaire exécutif au sein du Maep».

Il était bien sûr nécessaire de suspendre ce Secrétariat pour son réaménagement stratégique «afin d’obtenir une instance plus fonctionnelle» qui va assurer son rôle d’arbitre pour l’exécution des projets, la bonne gouvernance.

Il était aussi nécessaire dans la mesure où plusieurs «Etats avaient simplement gelé leurs activités dans cette instance au moment où les tiraillements, les accusations de malversations et de népotisme alimentent les sommets».

Le site Pressafrik a dévoilé hier, les jeux de complots et les affaires de détournements qui empêchent au Maep de décoller pour concrétiser les visions (utopiques ?) des chefs d’Etat africains.

Ce «formidable mécanisme», «d’exercice de la démocratie», se retrouve au cœur de plusieurs suspicions. En vérité, le maintien du Libérien, Assefa Shifa, au poste de directeur par intérim du Maep, constitue le véritable chiendent que les autorités n’ont pas pu lever.

Alors que le Liberia tient à ce qu’il reste en poste, d’autres Etats ont du mal à lui pardonner une gestion peu orthodoxe et une absence de vision malgré sa longue expérience de fonctionnaire international.

Le rapport d’audit de Deloitte de 2012 épingle le Secrétariat en listant des malversations au Trust fund qu’il résume au népotisme, à la gabegie, au favoritisme, aux détournements de fonds. Est-ce la vision des pères fondateurs ?

AU-DELÀ DE BONNES INTENTIONS

C’est une forte ironie que le Secrétariat du Maep en soit venu à être suspendu à l’issue d’une décision prise à Dakar. Beaucoup de Sénégalais l’ignorent sans doute, mais les dirigeants de ce pays ont joué un rôle prépondérant dans la mise en place du Mécanisme africain d’évaluation par les pairs, nom complet de ce Maep.

L’entregent et la détermination du Président Abdoulaye Wade ont été tels que c’est presque tout naturellement que le premier secrétaire général de la nouvelle structure qui venait d’être mise en place fut une Sénégalaise, en l’occurrence, Mme Marie-Angélique Savané.

Cette dernière habita la fonction, et lui imprégna un dynamisme qui permit de renforcer la crédibilité de la structure, ce qui facilitera son travail par rapport aux pays qui se sont engagés à faire leur évaluation. Au moment où elle quittait la tête du Maep, près de 13 pays avaient passé leur processus d’évaluation.

Néanmoins, le plus gros échec de Mme Savané fut de constater le refus du gouvernement de son pays de passer l’évaluation de ses pairs. Le Sénégal de Abdoulaye Wade, gros donneur de leçons de bonne gouvernance et de démocratie devant l’Eternel, ne se sentait pas prêt à passer le processus dont il a fortement incité à la mise en place.

Mieux ou pire, sans doute pour justifier son peu d’intérêt envers un organisme qui, en plus de s’être libéré de son emprise, en venait à chercher à lui imposer une démarche qu’il ne se sentait pas disposé à effectuer, Abdoulaye Wade pris de plus en plus ses distances avec le Maep, sous prétexte de mauvaise gestion.

C’est environ un an avant son départ que le prédécesseur de Macky Sall accepta de renouer avec le Nepad et le Maep ; notamment grâce à l’entregent du Nigérien, Ibrahim Hassane Mayaki. Mais il n’a toujours pas été question pour lui de s’engager dans le processus d’évaluation par les pairs.

D’autant que cette démarche ressemblait un peu trop à son goût, aux Assises nationales, que ses opposants défaits en 2007, voulurent lui imposer après la Présidentielle de cette année.

Wade parti, Macky réchauffera fortement les liens avec les structures du Nepad, notamment le Maep. Mais, en bon fils de son père spirituel, le nouvel homme fort du Sénégal n’évoque même pas la question de l’évaluation par les pairs.

Ce qui est paradoxal pour quelqu’un qui gère le volet infrastructures du Nepad, notamment la recherche des financements. Or, l’évaluation est une étape fondamentale dans la recherche desdits financements, en ce qu’elle porte un signe de respectabilité et de fiabilité.

Pourquoi alors Macky n’ose-t-il pas franchir le pas ?

Le Quotidien