Trait libre : Le ministre super star et son collègue aérien

Youssou Ndour avait peut être la nostalgie du micro et a réussi à faire oublier les artistes avec qui il devait partager la scène. A savoir : Ismaël Lô et Fou Malade. En effet, dans les comptes-rendus des confrères ou les images des différentes chaines de télévisions locales, point de ces stars, mais tout sur le ministre-chanteur. Ça fait toujours exotique chez les Toubabs de voir un ministre « Mbandakat ». Pour les touristes qui débarquent en masse, il faudra donc repasser au prochain festival de Mboumba ou… lors du prochain concert de You. Et pourquoi pas au « Thiossane » ? De ce concert de Mboumba, une image a retenu mon attention. C‘est celle de cet homme qui est venu remettre des billets de banque au chanteur. Et au lieu de passer dans la poche de ce dernier, comme au bon vieux temps, les billets ont été déposés ailleurs. C’est ça aussi la classe d’un ministre. Tout de même, ce n’est pas de bon ton de distribuer de l’argent dans un océan de misère. Pour autant Youssou n’a rien perdu en dividendes… Un concert pour la bonne cause et un retour en fanfare sur scène. Pape Diouf peut se tenir tranquille et ne pas trop rêver, le Roi tient toujours à son trône.
D’une scène à une autre ! Celle où se trouve un autre ministre en villégiature. A Ouagadougou pour le Fespaco où le ministre de la Culture est allé entourer de son affection des cinéastes à qui il a payé les billets et quelques extras à défaut de financer leurs productions cinématographiques. Il faudra bien qu’il récolte sa mise au cas où un de nos cinéastes rentrerait de Ouagadougou avec le précieux étalon comme Wade l’avait fait avec ses « Lions ». Du ministre de la Culture, on peut dire qu’il s’est trouvé comme un cheveu dans la soupe dans ce département. Avec sa récente sortie à l’émission matinale « Kenkéliba » de la Rts, on avait l’impression d’avoir affaire à un monsieur déconnecté des réalités culturelles du pays. Il parle certes bien avec une diction très recherchée et est entouré par des hommes — ou gourous — de la communication venus certainement d’ailleurs pour nous épater. Mais voilà, dans toutes ses sorties, M. le ministre se présente comme un homme aux discours trop aériens et qui se noie dans des idées confuses et chimériques. Et lors de cette émission, il a étalé des platitudes qui ont fait sortir de ses gonds l’écrivain Moumar Guèye. Ce dernier n’a pas hésité à prendre sa plus belle plume pour rappeler à l’ordre le ministre. Selon l’écrivain, l’ancien directeur de cabinet du président de la République offrait le profil d’un ministre de la musique et de la danse plutôt que celui d’un ministre de la Culture. C’est tout dire… Pour faire court, M. Abdoul Aziz Mbaye est très loin de maîtriser ses dossiers et ne semble pas non plus être entouré d’hommes qui maitrisent eux aussi leurs sujets. Il lui faudra nécessairement un carnet de bord pour savoir où il met les pieds. Pour l’instant, il donne la vision d’un homme qui tâtonne. C‘est dire que l’âge d’or d’une culture qui marche avec les pieds et non sur la tête n’est pas pour demain ! Il est temps d’avoir une vision culturelle dans la durée, M. Mbaye. Il se fait tard et les artistes commencent à râler !
Alassane Seck Gueye
« Le Témoin » N° 1115 –Hebdomadaire Sénégalais ( FEVRIER 2013)