UNE ATTAQUE UKRAINIENNE AU LARGE DE DAKAR ?

(SenePlus) - L'affaire du pétrolier Mersin, gravement endommagé au large des côtes sénégalaises, prend une tournure géopolitique inquiétante. Alors que les autorités gèrent une situation « majeure », la piste d'une attaque inédite, potentiellement orchestrée par l'Ukraine, se précise, menaçant d'impliquer le Sénégal dans un conflit qui le dépasse.

Le pétrolier Mersin, navire de 183 mètres battant pavillon panaméen et lié à des intérêts russes, a été secoué par « quatre explosions externes » dans la soirée du jeudi 27 novembre. L'incident, survenu alors que le navire mouillait depuis deux mois à seulement 19 kilomètres de Dakar, soulève des questions brûlantes sur la sécurité des eaux ouest-africaines.​

Si l'enquête officielle menée par l'autorité de sécurité maritime du Sénégal (Hasmar) reste prudente, n'excluant aucune hypothèse, les experts et observateurs pointent vers un scénario précis : une attaque ciblée. D'après les informations rapportées par Le Monde, cette thèse est renforcée par l'analyse de spécialistes maritimes qui jugent la probabilité d'un accident quasi nulle. « Si l'explosion externe est confirmée [...] la possibilité d'un accident est nulle », tranche un expert anonyme cité par le quotidien français, expliquant que la double coque de ces navires rend une explosion accidentelle des ballasts impossible.​

Cette attaque, si elle était confirmée comme étant d'origine ukrainienne, marquerait une rupture stratégique majeure. Jusqu'ici concentrées sur la mer Noire, les opérations de Kiev pourraient s'étendre à l'océan Atlantique, visant à asphyxier les exportations d'hydrocarbures russes. Pour un analyste maritime interrogé par Le Monde, le message serait double : il s'agirait de signaler à la Turquie et au Sénégal la nécessité de « se désolidariser des intérêts russes ».​

Pour Dakar, les conséquences potentielles sont lourdes et immédiates. Au-delà du risque diplomatique d'être perçu comme une zone grise pour le contournement des sanctions russes, le pays a frôlé la catastrophe environnementale. Le Mersin transporte en effet 39 000 tonnes de carburant.​

Les autorités sénégalaises ont réagi avec promptitude en déclenchant le plan « Polmar » et en déployant un arsenal de sécurité comprenant remorqueurs et barrages antipollution. Si le port autonome de Dakar assure que « la situation est stabilisée » et qu'aucune fuite n'est à déplorer pour l'instant, la menace reste présente. Le transbordement de la cargaison vers un navire local est prévu, mais cet incident place le Sénégal dans une position délicate, le forçant à sécuriser ses eaux contre des menaces de guerre asymétrique importées d'Europe de l'Est.