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Un déluge de cyberattaques s'abat sur les États-Unis

Rédigé par leral.net le Samedi 4 Août 2012 à 11:25 | | 0 commentaire(s)|

Le nombre d'assauts informatiques dirigés contre les réseaux américains a été multiplié par 17 entre 2009 et 2011.


Un déluge de cyberattaques s'abat sur les États-Unis
Plus à l'aise dans l'ombre qu'à la lumière, le général Keith Alexander, patron de la NSA (National Security Agency) et du tout nouveau «Cybercommand» américain, n'avait pas souvent eu l'occasion de faire entendre le timbre de sa voix. Il aura fallu des circonstances très particulières pour qu'il sorte de sa réserve: une intensification des attaques informatiques contre les infrastructures vitales des États-Unis, multipliées par 17 entre 2009 et 2011. Les coupables désignés: des gangs de hackers dirigés en sous-main par des nations telles que la Chine et la Russie. Les victimes: les réseaux d'électricité, d'eau potable, de téléphonie mobile et d'informatique, dont la pénétration pourrait semer un chaos sans précédent aux États-Unis.

«Nous ne sommes pas préparés à une attaque majeure contre nos infrastructures vitales», qui peuvent survenir massivement, «en l'espace de quelques millisecondes», a déclaré Alexander lors d'un forum sur la sécurité à Aspen (Colorado). «Sur une échelle de 1 à 10, je dirais que l'état de préparation des États-Unis se trouve… à 3», a-t-il ajouté, appelant de ses vœux le vote d'une loi sur la cybersécurité permettant de renforcer les défenses des entreprises privées, jugées les plus perméables à la menace, et qui perdraient déjà des milliards de dollars chaque année à cause des hackers. Ce qu'Alexander qualifie de «plus vaste transfert de richesses de l'histoire». Une étude menée en 2011 auprès de 9000 chefs d'entreprises dans 130 pays par la firme PriceWaterhouseCoopers a montré que seuls 13 % d'entre eux avaient installé des pare-feu appropriés.

Malgré l'imminence du danger, la classe politique américaine reste profondément divisée sur le sujet. Vendredi, le Sénat a fermé ses portes pour cinq semaines sans s'être accordé sur la loi tant attendue par le général Alexander, soumise par le sénateur indépendant Joe Lieberman et la républicaine Susan Collins.

Drones et virus
Jusqu'à la dernière seconde, l'opposition au projet emmenée par John McCain, sénateur de l'Arizona et candidat républicain à la présidentielle 2008, a dénoncé son caractère trop dirigiste et les coûteux investissements qu'il imposerait à l'industrie. Aux termes de la proposition de loi, le département du Homeland Security définirait «des niveaux de performance en termes de cybersécurité» et identifierait les «types d'infrastructures vitales» devant être protégés. Cette intrusion dans le secteur privé n'était pas du goût de McCain, dont la vieille amitié avec Joe Lieberman n'a pas servi à débloquer la situation.

L'hostilité de John McCain à une loi sur la cybersécurité découle des révélations, en juin, sur la conduite par la Maison-Blanche de la «guerre secrète» contre l'Iran, al-Qaida et les talibans afghans, à l'aide de drones et de virus informatiques.

Outré par ce qu'il considérait comme des fuites illégales et impardonnables, McCain avait demandé l'ouverture d'une enquête du Sénat. Il redoutait, comme le général Alexander, que les attaques du virus Stuxnet contre l'Iran n'entraînent, par un «effet boomerang», de funestes conséquences pour les États-Unis. En ouvrant la boîte de Pandore, elles pourraient faire payer le prix fort à des infrastructures américaines tout aussi exposées que leurs homologues iraniennes à un type de conflit inédit.


Par Maurin Picard