VIOLÉES, AFFAMÉES, EXPLOITÉES

Dans l'intimité des foyers sénégalais se joue un drame quotidien largement ignoré. Les aides ménagères, piliers invisibles de nombreux ménages, font face à des conditions de travail indignes et à des violences répétées, selon une enquête menée par le média indépendant La Maison des Reporters.

Le visage dissimulé, une ancienne aide ménagère accepte de témoigner. Elle révèle avoir quitté son emploi sans dénoncer le comportement inapproprié du mari de sa patronne, préférant protéger l'identité du couple plutôt que de révéler la véritable raison de son départ. Un silence forcé qui illustre la vulnérabilité de ces travailleuses.

Seidou, agent de placement servant d'intermédiaire entre clients et aides ménagères, confirme cette réalité alarmante. "On recense régulièrement des cas d'agression sexuelle", témoigne-t-il, insistant sur la nécessité d'enquêtes préalables avant toute embauche pour protéger ces femmes souvent livrées à elles-mêmes.

Au-delà des violences sexuelles, les mauvais traitements touchent l'ensemble de la profession. Le cas d'Amina, qui a fait un malaise après avoir été privée de nourriture de façon prolongée, illustre les conditions de vie précaires imposées aux travailleuses domestiques.

Ces femmes évoluent souvent dans des environnements dangereux, sans protection ni recours, abandonnées à la merci d'employeurs peu scrupuleux.

En avril 2025, le ministère du Travail a annoncé l'alignement de la rémunération des aides ménagères sur le salaire minimum national, fixé à 64 223 francs CFA pour la première catégorie. Cependant, cette mesure suscite des réserves. Le montant reste dérisoire au regard du coût de la vie à Dakar et de la charge de travail imposée à ces femmes. De plus, cette nouvelle obligation ne satisfait pas de nombreux employeurs, laissant craindre une détérioration supplémentaire des relations de travail.