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Vendeurs ambulants, tiak tiak… : aux heures de pointe, les bonnes affaires sur l’Autoroute…

Rédigé par leral.net le Mardi 4 Mai 2021 à 19:30 | | 0 commentaire(s)|

Qui disait que le malheur des uns fait le bonheur des autres ? Il faut se rendre sur l’autoroute aux heures de pointe pour se faire une idée de la belle affaire que constituent les embouteillages pour les vendeurs ambulants. Le Soleil est au zénith. Sur l’autoroute, ça circule dans les deux voies, avec une meilleure […]

Qui disait que le malheur des uns fait le bonheur des autres ? Il faut se rendre sur l’autoroute aux heures de pointe pour se faire une idée de la belle affaire que constituent les embouteillages pour les vendeurs ambulants.

Le Soleil est au zénith. Sur l’autoroute, ça circule dans les deux voies, avec une meilleure fluidité dans le sens centre-ville-banlieue. Si de la Patte d’Oie à Colobane la circulation est au ralenti, vers le rond-point Pompiers, les voitures sont presque à l’arrêt et les bouchons sont kafkaïens. Il suffit de voir la mine désemparée des passagers pour se faire une idée de leur calvaire. Mais, dit-on, le malheur des uns fait le bonheur des autres. Entre ces files immobiles, le décor est assez cocasse. Des vendeurs ambulants se faufilent entre les voitures. Des mouchoirs aux accessoires de voitures, des cartes de crédit téléphonique aux journaux, en passant par les sous-vêtements, caleçons, tableaux à l’effigie des marabouts, des dattes, nattes de prières…, on y voit du tout. Plis de journaux accrochés au bras, Bocar, la trentaine, prend une petite pause sous l’échangeur Malick Sy. Après une matinée faste, il peut faire le premier point journalier. « Le matin, tout le monde sait comment la circulation est dans cet axe. Et comme presque tous passent par l’autoroute, j’en profite pour écouler les journaux », dit-il. Sur place, Bocar dit vendre quotidiennement plus du tiers de ses articles, avant de faire le tour des bureaux de ses abonnés. « C’est devenu une routine. Je n’ai plus besoin de la cantine que j’avais aménagée. Je l’ai mise en vente depuis », ironise-t-il.

Mais il n’est pas le seul. Bonbons, anacardes, dattes en sachets ou en paquets : l’offre est diversifiée. « Nous avons notre table à Colobane. Mais avec les bouchons, on s’est dit pourquoi ne pas essayer. Surtout avec le Ramadan, il y a des articles qui se vendent bien. Depuis que je suis là, je n’ai pas regretté. Les produits s’écoulent beaucoup plus facilement ici », dit une vendeuse, tout sourire. Sa sœur qui la seconde s’occupe, en temps normal, de la vente de sachets d’eau. Mais, depuis le début du Ramadan, elle s’est reconvertie dans la vente de jus de fruits et de dattes. Là aussi, la rentabilité est satisfaisante. Par exemple, explique-t-elle, il est facile d’écouler ses produits le temps d’une matinée surtout en période de canicule. « Avec les bouchons et la chaleur, certains font la rupture en route. Certains bienfaiteurs n’hésitent pas à acheter des produits pour en donner aux passagers coincés dans les embouteillages », lance-t-elle.

Les laveurs « bénévoles » se frottent les mains

Une bouteille remplie d’un liquide moussant comme outil de travail, deux jeunes garçons guettent les pare-brises des voitures. Ils se ruent dessus, déversent le liquide et commencent, avec une raclette à nettoyer, le tout en un temps record et sans marchandage. Comme si c’était du bénévolat. Mais le regard subtil jeté vers le chauffeur trahit bien l’astuce. À peine que le conducteur a sorti la main pour tendre une pièce que l’un d’eux s’en saisit avant d’attaquer une autre voiture. « Nous n’exigeons pas un montant, mais très souvent les gens nous donnent 100 francs, 200…, d’autres rien. Certains n’hésitent pas à nous rabrouer », raconte-t-il. Mais même si l’activité semble dévalorisante, ses acteurs ne se plaignent pas pour autant. Selon certains d’entre eux, la recette peut facilement atteindre 2000 francs par jour avec comme charges fixes, une bouteille d’eau et un peu de poudre de lessive. Le tout à moins de 50 francs. « C’est un moyen de faire des économies pour envisager une autre activité », précise un des laveurs.

Les tiaks tiaks à cœur joie

Du service des mines à la devanture du centre commercial « les 4C », en passant par le Croisement Cambérène, la forte présence des deux roues ne passe pas inaperçue. Un business rendu lucratif par la fréquence des embouteillages dans la capitale. Sous un panneau publicitaire en face du centre commercial, un homme de taille élancée sirote son café. Mais il est obligé de l’abréger. Un client vient de l’interpeller. Il doit se rendre au centre ville très rapidement. « Je suis obligé de garer ma voiture sinon je suis sûr d’arriver en retard. C’est plus simple de payer 1500 francs que de perdre près d’une heure dans les embouteillages », explique brièvement le client.

Non loin de là, une file de scooters attend les passagers. Selon la plupart des conducteurs, ce sont les bouchons qui les ont poussés à s’installer ici. Et ils ne le regrettent pas. « Même ceux qui travaillent dans le centre y trouvent leur compte. C’est peut-être pourquoi nous ne sommes pas inquiétés. Depuis plus d’un mois, nous sommes là, mais nous n’avons jamais eu de problèmes. La plupart de nos courses viennent d’ailleurs des travailleurs du centre commercial », explique ce jeune conducteur. Selon lui, la plupart d’entre eux se contentent de courses en centre-ville. Parce que, dit-il, sur une petite distance on peut rapidement se faire 1500 ou 2000 francs. « Certains peuvent se retrouver avec 10000 francs par jour alors qu’ils ne dépensent pas plus de 3000 francs pour le carburant », révèle-t-il. Mais, s’empresse d’ajouter un autre conducteur, « s’il n’y a pas de bouchon, il est difficile de se faire de l’argent ».

Oumar FÉDIOR



Source : http://lesoleil.sn/vendeurs-ambulants-tiak-tiak-au...