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Viviane Wade, le drôle du Sopi

Dans son job de première dame, Viviane Wade fait aujourd’hui tout ce qu’elle critiquait hier. Un curieux changement.


Rédigé par leral.net le Lundi 11 Avril 2011 à 19:43 | | 5 commentaire(s)|

Viviane Wade, le drôle du Sopi
AVRIL 2000. C’était au début du siècle. A l’aube de l’Alternance. A l’époque des grandes promesses, des professions de foi et d’une douce euphorie portée par le vent du Sopi (1). Quand le pouvoir, encore tout frais, n’avait pas corrompu les mentalités des futurs ex-opposants, quand les lumières fabuleuses du palais présidentiel n’avaient pas ébloui les yeux des «femmes et hommes du peuple». Viviane Wade, casque blond sur son corps de sexagénaire, criait partout sa ferme volonté de rester à sa place. Derrière son mari et toujours silencieuse en public. Le Sénégal portait son mari au pouvoir et fêtait son nouvel héros Abdoulaye Wade, mais elle se refusait à se laisser griser, à laisser l’incroyable succès de «son» Abou lui monter à la tête. Viviane Wade, 68 ans à l’époque, voulait juste être une femme de devoir. Et de l’ombre. «On fait de l’amalgame, disait-elle. La première dame ne doit pas être une porte d'entrée, mais une fenêtre vers l'extérieur pour le Président.»

Les apparitions des premières dames africaines à la tête de fondations caritatives, lui donnaient de l’urticaire. Elle avait même trouvé cette dénomination des femmes de chefs d’Etats un peu trop pompeuse et pas trop valorisante. En tout cas, pas faite pour elle. «Je veux pas qu’on m’appelle la première dame, répétait-elle en avril 2000 aux journalistes venus du monde entier couvrir le sacre de son mari. Je n’en veux surtout pas. Et puis, toutes les Sénégalaises sont des premières dames.» Elle qui s’est toujours dit «française de nationalité sénégalaise» préférait le (très) familier surnom de «Tata Viviane», goûtait se fondre dans la masse. Malgré son statut de femme de président, elle faisait elle-même ses courses au marché Kermel, au centre-ville dakarois. «Madame, il ne faut plus venir ici, vous n'êtes pas à votre place ici», avait osé lui glisser, l'air soucieux, un quincailler de Kermel où elle était venue acheter des ampoules pour la villa Point E dont les lumières ne s'éteignaient depuis l’élection de son mari. «Mais, Enfin, je viens depuis toujours!», lui répondait-elle sèchement pour lui montrer qu’elle avait ses habitudes entre les étals saumâtres du marché dakarois.

La Bisontine de naissance se disait désintéressée par les ors et lambris du pouvoir, par les privilèges que lui promettait son statut de première Dame. Viviane répétait à l’envi qu’elle se sentait plus à l'aise entourée de ses amies «brodeuses de Pikine» dans sa demeure du Point E qu'au Palais présidentiel. «Je me battrai contre l'enfermement, insiste-t-elle quand l'intendant du palais est passé, lui expliquant que le cortège de la voiture blindée et des motards ne pouvait pas traverser la ville deux fois par jour. Je crois que c'est un devoir et, aussi, qu'il faut le faire comprendre à la population. Si nous reprenions dans notre quotidien le schéma du comportement des autres, ceux qui nous ont fait confiance seraient vite déçus.» Viviane promettait d’emmener «ses» Pikinoises au palais, de faire d’elles ses amies de toujours.

Promis, elle ne ferait pas comme Elisabeth Diouf, la femme sophistiquée au silence légendaire qui l’a précédée au palais. Pas de Fondation à sa gloire, ni de chrysanthèmes à inaugurer. Elle préférera toujours ses «brodeuses» infortunées aux «pontes» du système, coincés dans leurs costards trop bien coupés, ou à ses femmes du «Sénégal d’en haut» moulées dans des fausses robes Hermès ou Dior. Promis, juré, elle restera «Viviane, l’amie fidèles des Pikinoises», elle demeurera cette Sénégalaise sans chichi qui, chaque soir, allait acheter du pain-thon dans la boutique du coin, au Point E.

FEVRIER 2010. Mais voilà, dix après, la donne a changé, Viviane Wade aussi a changé… Elle qui a longtemps joué à la première dame modèle, impose aujourd’hui sa marque sur les «habits» ou «abus» de pouvoir, c’est selon, qu’elle critiquait (ou) vertement à l’époque. «Mme la présidente» du Sénégal, a créé après sa propre organisation caritative, Education Santé. Elle finance des maternités ou des dispensaires, comme le faisait jadis…Elisabeth Diouf. Elle s’est même «acheté» un hôpital, celui de Ninéfécha, dans le Sénégal Oriental. Des œuvres possibles grâce à l’aide de (pseudo)bonnes volontés qui y trouvent un bon placement avec un profitable taux de retour sur investissement. Dix ans après, Viviane Wade est devenue, elle aussi, «une porte d'entrée» pour accéder à son Président de mari.

A 79 ans, Viviane Wade a bon pied bon œil, bien assise sur son trône de «Présidente», bien installée dans son rôle de Première dame… africaine. Et elle n’est pas fainéante pour un sou. On l’a vue passer ses nuits dans les soirées de galas du Mouvement des entreprises du Sénégal (Meds) de l’ombreux Mbagnick Diop «Souche» pour récolter de le maximum de fonds pour sa fameuse… association (Fondation, ça fait trop «époque Diouf»). Par le truchement l’immanquable vente aux enchères des tableaux d’art, un moment auquel investisseurs et politiciens concourent à acheter à qui mieux mieux pour plaire à Madame la «Présidente du Sénégal». Et, par ricochet, à son puissant époux.

Pour la sixième édition des Cauris d’or qui s’est tenue au mois de mai 2010, presque tout le secteur privé était au rendez-vous. Et s’offrait presque toutes les fresques au prix fort. Le tableau de l’artiste Félix Silva a été vendu à 10 millions de F Cfa à Nohine Mar Sa. Pour le tableau d’Ousmane Ndiaye Dago intitulé «Femme terre», le Directeur Général de Nestlé avait donné 6,5 millions de F Cfa, une autre bonne volonté 2 millions, Mme Diouma Dieng 1 million, Marie Amar 1 million, Mme Samb de la Socabeg 1 million. En tout 10,5 millions de F Cfa ont été mobilisés.

Le gratin étatique n’était pas en reste. Pour le tableau de Kalidou Kassé : en plus des 4 millions de départ, Cheikh Seck (ancien footballeur devenu homme d’affaires) a donné 3 millions de F Cfa, la Directrice d’Adepme, Thérèse Diédhiou, 1 million, 2,5 millions de F Cfa par des anonymes, 1 million par Racine Sy «Sénégal Hôtel», 1 million par le Premier Ministre, Souleymane Ndéné Ndiaye et 1 million par Mamadou Seck, président de l’Assemblée nationale. Mais rien du quincailler du marché Kermel dont elle ne fréquente plus les dédales salissants.

Dans le site internet de l’Association Education Santé, la première dame avoue avoir reçu, grâce au député Ndiack Dieng, 10 puis 300 hectares de terres à mettre en valeur. «Nous nous sommes donc lancés dans la culture du Bissap dont la rentabilité est certaine, écrit-elle. Si l’on se donne les moyens d’élever le standard de qualité et d’hygiène attendu à l’exportation.»

Aujourd’hui pour faire rentrer de l’argent et mener à bien ses opérations caritatives, Viviane Wade ne ménage pas sa peine. Le 8 février dernier, la première dame a encore reçu 5 millions de francs offerts par les Lions de football du sénégalais pour le compte de son association Education Santé. Une somme symbolique pour lutter contre le cancer, une maladie pour laquelle elle avait organisé un téléthon à la télévision d’Etat.

Un agenda surbooké de Première dame qui a fini par éloigner ses amies «brodeuses» de la salle à manger du palais, le luxueux squat que la Viviane de l’an 2000 leur promettait. Ou bien s’est-elle éloignée d’elle par un simple souci d’hygiène ? Quand on se rince les mains avec de l’antiseptique après avoir salué un ministre de la République, il demeure sans doute délicat de se coltiner la compagnie de banlieusardes aux conditions de vie précaires…

Avec Viviane, ce n’est pas le Sopi. C’est le Sopéku (2).

Pape Sambaré Ndour

(1) Changement

(2) Mue

Weekend Magazine

Par la rédaction De leral.net


1.Posté par waw le 11/04/2011 20:04 | Alerter
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Wade dissait que seul les imbeciles ne changent pas. Elle est coerente avec les dires de son mari.

2.Posté par sene le 11/04/2011 20:52 | Alerter
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incroyable ,que voulez vous ? si viviane a fait tout cela nous devons dire bravo ,elle connait bien son role ,parlez nous des femmes de senghor et de abdou diouf pour qu'on puisse connaitre leur difference

3.Posté par chiko le 11/04/2011 20:56 | Alerter
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merci 1er Dame

4.Posté par karawoutate le 11/04/2011 22:34 | Alerter
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sene yaye khathie deug diouf et senghor daniou done défe té yallah takh sokhla wou niou wone di défe tintamare li ma lére moye sous dokhotone nga eupheule ko touname espèce de vendu doule waye

5.Posté par maty le 12/04/2011 11:20 | Alerter
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de grace ne comparer pas Mme Wade a Elisabeth diouf , il faut comparer ce qui est omparable !!! magette oum touba bi defou fi darah !!!! fen ak tappele reck le fi nekke

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