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WATHI, DIX ANS DE RÉFLEXION CITOYENNE POUR L’AFRIQUE DE L’OUEST

Rédigé par leral.net le Jeudi 25 Septembre 2025 à 23:32 | | 0 commentaire(s)|

Le think tank citoyen célèbre une décennie d'existence en interrogeant l'avenir de la démocratie et de la sécurité dans une sous-région en pleine mutation.

Le think tank ouest-africain Wathi a célébré à Dakar son dixième anniversaire, marquant une décennie d’engagement en faveur du débat public, de la réflexion stratégique et de la production de savoirs pour l’action collective. 
Dans son discours d'ouverture, Gilles Yabi, fondateur et directeur exécutif de Wathi, a rappelé le sens de cette célébration, plus tournée vers l’avenir que vers l’autosatisfaction. « Dix ans, c’est très peu pour une organisation dont le nom signifie le temps. Dès le départ, nous avions l’ambition de travailler dans le temps long. Ce moment n’est donc pas, pour nous, une occasion d’auto-célébration, mais une opportunité de vous dire merci », a-t-il déclaré.

Selon lui, Wathi s’est construit sur une conviction : susciter des débats fondés sur les faits, les analyses et l’expertise, afin de contribuer à l’intérêt général. Cette ambition, a-t-il ajouté, est plus nécessaire que jamais dans un contexte marqué par la montée des crises sécuritaires, politiques et environnementales en Afrique de l’Ouest.

« Notre région n’est pas dans un bel état, et les perspectives à court terme ne sont pas encourageantes. (…) Malgré tout, il y a dix ans, personne n’imaginait que la suite serait aussi catastrophique pour l’Afrique de l’Ouest », a souligné Gilles Yabi, évoquant notamment l’extension des crises du Mali vers le Burkina Faso, le Niger et d’autres pays de la région.

Pour le directeur de Wathi, l’une des missions majeures du think tank reste de créer des ponts entre savoirs et acteurs, et de promouvoir une intégration régionale menacée par la fragmentation politique. « Les débats pour savoir qui va “gagner” entre la CEDEAO et l’Alliance des États du Sahel sont futiles. Ce qui se joue, c’est l’avenir de nos enfants. »

Wathi, symbole d'une région en mouvement 

Présent à la cérémonie, le professeur Abdoulaye Bathily, envoyé spécial du président Bassirou Diomaye Faye pour le Sahel, a salué la trajectoire de Wathi et l’engagement de son fondateur. « J’ai connu Gilles dans différentes fonctions, notamment lors de ses missions au Mali et en Afrique centrale. Il a toujours incarné l’expertise et la rigueur. Wathi est une véritable fierté pour notre continent », a-t-il affirmé.

Le diplomate a insisté sur la nécessité de multiplier les espaces de réflexion dans un monde en pleine mutation. « Nous avons besoin d’organisations comme Wathi pour sortir de l’impasse actuelle et ouvrir la voie vers un avenir meilleur. Malgré les crises, je demeure optimiste : l’humanité saura transcender cette période sombre. »

Le rôle essentiel des Think Tanks dans la transformation de l'Afriaue 

Dans sa conférence inaugurale, le Dr Cheikh Guèye, facilitateur du dialogue national, a souligné l’importance stratégique des think tanks pour répondre aux défis politiques, économiques, sociaux et environnementaux du continent. « Des politiques publiques bien conçues, fondées sur des preuves solides, sont plus nécessaires que jamais. Or, qui mieux que les think tanks peuvent contribuer à éclairer les décisions et nourrir le débat public ? », s'est-il interrogé.

Il a rappelé le rôle déterminant que jouent ces institutions dans la production de connaissances, la création d’espaces de dialogue et l’influence sur les politiques publiques. Des études sur la traçabilité des subventions agricoles, les négociations commerciales avec l’Union européenne ou encore la fiscalité sur le tabac ont eu des impacts concrets grâce aux travaux des centres de recherche africains.

Cependant, plusieurs défis persistent : dépendance financière, manque de diversification des ressources, nécessité d’une meilleure vulgarisation des savoirs ou encore fuite des talents. Malgré cela, les opportunités sont immenses, notamment grâce au numérique et à l’engagement de la jeunesse africaine.

« Si l’Afrique veut réussir sa transformation démocratique, économique et sociale, elle doit investir dans ses institutions de savoir, ses laboratoires d’idées et ses espaces de débat. Car, comme l’écrivait Ahmad Yassin : “Le développement, c’est la liberté.” Et la liberté naît du talent, de la réflexion et du savoir partagé. »

Une invitation a construire l'avenir 

Cette célébration n’aura pas été un simple regard rétrospectif sur le chemin parcouru. Elle a surtout été l’occasion d’un appel collectif à poursuivre la mission de Wathi : penser le présent pour transformer l’avenir.

« Nous devons continuer à faire ce que nous faisons. La résilience face aux discours qui nourrissent la polarisation, la radicalisation et la violence n’est pas une option », a conclu Gilles Yabi, réaffirmant l’engagement de Wathi à défendre les espaces de liberté et à contribuer à l’intérêt général.

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Alioune


Source : https://www.seneplus.com/developpement/wathi-dix-a...