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Washington officialise les droits de douane de 50% contre le Brésil et accroît la pression sur la justice

Rédigé par leral.net le Jeudi 31 Juillet 2025 à 11:07 | | 0 commentaire(s)|

Après plusieurs jours de menaces, le président américain Donald Trump a signé mercredi 30 juillet, le décret officialisant l'application de 50 % de surtaxes douanières contre le Brésil. Il veut sanctionner la justice brésilienne, et notamment un juge de la Cour suprême, qu’il estime mener une « chasse aux sorcières » contre l’ancien président Jair Bolsonaro, accusé de tentative de coup d'État. Les importations de café, de viande ou encore de poisson, seront les plus affectées par cette guerre commerciale, pourtant des produits essentiels pour les Américains.


Washington officialise les droits de douane de 50% contre le Brésil et accroît la pression sur la justice
Le gouvernement américain a renforcé mercredi 30 juillet, sa pression sur le Brésil, en soutien à l'ex-président Jair Bolsonaro. Washington a annoncé de nouvelles sanctions contre le juge de la Cour suprême Alexandre de Moraes, avant de rendre effectifs les 50 % de droits de douane annoncés sur les produits brésiliens. La mesure doit entrer en vigueur vendredi 1er août.

Le premier coup est venu du département du Trésor, avec des sanctions visant Alexandre de Moraes, que Washington accuse de « détentions arbitraires » et de non-respect de « la liberté d'expression ». Le Trésor estime que le juge, devenu le principal visage de la plus haute juridiction brésilienne, aurait profité de sa position, pour « cibler des opposants politiques, notamment l'ex-président Jair Bolsonaro, des journalistes, des réseaux sociaux américains et d'autres entreprises américaines et internationales ».

« Un scénario inquiétant, avec des impacts sociaux et économiques imminents », selon Eduardo Heron. Ce directeur technique du conseil des exportateurs de café du Brésil, rappelle que les États-Unis sont les plus grands consommateurs de café au monde et se fournissent principalement au Brésil. « Nous souhaitons que les autorités publiques et les secteurs privés s’assoient pour négocier de façon plus équilibrée. Car à court terme, le Brésil ne parviendra pas à transférer huit millions de sacs de café vers d’autres destinations, et les États-Unis, à acquérir ce volume sur le marché », indique Eduardo Heron à notre correspondante à Rio de Janeiro, Sarah Cozzolino.

Les sanctions contre le juge Alexandre de Moraes, une « première » contre « un agent d'un régime démocratique »

Ce 30 juillet, Donald Trump a pourtant signé un décret incluant près de 700 exceptions à la surtaxe, dont le café ne fait pas partie. Les secteurs du jus d’orange, du pétrole ou encore de l’aviation y échapperont. Selon le décret, la surtaxe, qui entrera en vigueur à partir du 6 août, se justifie par « la menace inhabituelle et extraordinaire que constitue le Brésil pour la sécurité nationale, l'économie et la politique étrangère des États-Unis ». Mais si, en coulisses, Washington s’est montré prêt à négocier, le président américain durcit le ton sur le terrain politique.

« Les tensions se concentrent autour de la figure du juge Alexandre de Moraes, qui est désormais sujet à de sévères sanctions économiques. C’est la première fois que ce type de sanction est utilisée contre un agent d’un régime démocratique », explique Mauricio Santoro, professeur de relations internationales à l’Université de l’État de Rio de Janeiro. Ces sanctions entraînent le gel de l'ensemble des avoirs détenus par Alexandre de Moraes aux États-Unis, ainsi que l'interdiction pour des citoyens ou des entreprises américaines de faire affaire avec le juge brésilien, sous peine de poursuites.

Elles viennent compléter celles annoncées par le département d'État le 18 juillet, qui visaient tous les juges de la Cour suprême, ainsi que leurs proches parents, qui sont tous désormais interdits d'entrer aux États-Unis.

Cible favorite de l'extrême-droite brésilienne

Le juge Alexandre de Moraes est devenu au fil des années, la cible favorite de l'extrême-droite brésilienne, s'attirant désormais les foudres de Donald Trump. Il est en première ligne dans les procès contre l'ex-président Jair Bolsonaro. Cet allié de Donald Trump est poursuivi dans son pays, pour une tentative présumée de coup d'État après sa défaite lors de l'élection de 2022. Son procès doit s'achever dans les prochaines semaines et l'ex-chef d'État (2019-2022), âgé de 70 ans, risque plus de 40 ans de prison.

Alexandre de Moraes avait également bloqué durant 40 jours le réseau X au Brésil, jusqu'à ce que le réseau du multimilliardaire Elon Musk se conforme aux ordres de supprimer des comptes accusés de diffuser des infox. Pour les mêmes raisons, il a ordonné en février le blocage de la plateforme vidéo Rumble, prisée des conservateurs américains.

Par ailleurs, le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a riposté, s'engageant mercredi à défendre la souveraineté de son pays contre la décision du président américain. Lula a promis de « défendre (...) la souveraineté du peuple brésilien face aux mesures annoncées par le président des États-Unis », lors d'une cérémonie officielle à Brasilia. Alors que la popularité du leader de gauche est remontée ces dernières semaines, les partisans de Jair Bolsonaro ne comptent pas faire baisser la pression et appellent à des rassemblements dans les grandes villes du pays, ce dimanche 3 août.






RFI