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BAISSE DU NIVEAU DES ELEVES AU SENEGAL

Ancien ministre, Oumar Khassoumou Dia est l’actuel Président du groupe de l’opposition «Démocratie et Progrès» à l’Assemblée nationale. Dans cette interview, le n° II du Rassemblement du Peuple (Rp) de Serigne Mamoune Niasse n’a pas porté de gangs pour dire tout haut, ce que certains alliés du Pds disaient tout bas. Selon le député du Rp, (qui a gelé ses activités), les forces vives de la nation doivent se retrouver, se complémenter afin de sortir le Sénégal de sa situation sociale difficile. A l’en croire, le chef de l’Etat n’est pas suffisamment informé de la situation sociale difficile du pays.


Rédigé par leral.net le Lundi 9 Février 2009 à 23:44 | | 0 commentaire(s)|

BAISSE DU NIVEAU DES ELEVES AU SENEGAL
«Mon enfant traîne des lacunes». Voilà une complainte que l’on a l’habitude d’entendre formulée moult fois par des parents d’élèves désespérés. En effet, le constat est là. Il y a bientôt deux décennies, le niveau des élèves et étudiants du Sénégal baisse de jour en jour. A qui incombe la faute? Est-ce aux élèves ou aux enseignants? S’agit-il de la perte de l’autorité parentale? L’Etat ne joue-t-il plus le rôle qui lui est dévolu?

Le corps enseignant surtout celui du volontariat est peuplé de coiffeuses, des mécaniciens, de menuisiers, de vendeuses, de mères de plusieurs enfants, bref de personnes déconnectées du milieu scolaire de plus de dix ans. Ces faits ont été révélés par une étude réalisée par l’Ong Action-Aid en partenariat avec le Comité des Ong et Syndicats pour la Défense de l’Education Publique (COSYDEP). Une frange de ces enseignants est, selon le rapport, issue du recrutement complémentaire ou quota sécuritaire instauré par le ministère de l’éducation en 1995. Cette étude a, également, révélé que «la grève des enseignants, la mauvaise formation des enseignants, la faible participation des parents dans l’étude de leurs enfants, et le quantum horaire qui est entre 600 et 700 heures tandis la norme est de 800 heures constituent les facteurs liés à la mauvaise qualité de l’enseignement primaire au Sénégal». Un état de fait qui explique aisément la baisse de niveau constatée chez les élèves. Mais «les causes inhérentes à cela sont à chercher ailleurs» explique Mme Hélène Faye, une enseignante à la retraite. Pour cette dame qui arbore avec élégance la soixantaine, «au nom d’une certaine recherche du quotidien, beaucoup de jeunes diplômés et ceux non diplômés, sans la moindre notion de pédagogie sont versés de nos jours dans l’enseignement». C’est ainsi qu’on retrouve dans ce corps des électriciens, des comptables, et ceux du lycée dispenser des cours au niveau de l’élémentaire. Dans la même veine, elle explique «que la baisse du niveau des élèves est aussi liée au manque d’enseignants qualifiés au niveau du secondaire, si l’on sait que l’Ecole normale supérieure, en un moment donné, ne fournissait pas ou très peu d’enseignants.

Insuffisance de bibliothèques et manque d’infrastructures
Du côté de l’enseignement supérieur, c’est le manque de supports pédagogiques qui a été surtout déploré. En attestent les propos de ce professeur qui a préféré garder l’anonymat. Avec à son actif dix ans de pratique, c’est avec regret qu’il met sur le banc des accusés «l’insuffisance des bibliothèques, le manque d’infrastructures adéquates avec son corollaire de surnombre d’effectifs». «Les salles sont toujours remplies à ras bord» rétorque t-il comparant les amphithéâtres à un fruit trop mûr, sur le point d’éclater.
«Vous avez fait l’Université et vous avez dû garder en souvenir, les salles pleines à craquer à la Faculté des lettres et sciences humaines, par exemple. Les salles sont tellement remplies que certains étudiants pour pouvoir assister au cours, sont obligés de suivre le cours assis sur les fenêtres des amphithéâtres ou à même les marches des escaliers». L’explication à ce phénomène? Pas la peine d’aller chercher loin. «Les effectifs pléthoriques en sont la cause» laisse t-il entendre.

Le «trop d’innovations pédagogiques» au banc des accusés
Les programmes enseignés dans les établissements ont aussi été indexés. Au niveau de l’élémentaire, M. Touré, enseignant dans un établissement primaire sis dans la banlieue note avec amertume que «le gouvernement a apporté trop d’innovations pédagogiques. Toutes choses qui font que les enseignants et les apprenants ne savent plus sur quel pied danser». «Les programmes sont également escamotés dans tous les ordres d’enseignement» confie t-il.
En soulignant deux autres facteurs majeurs, il dira en premier lieu que la discipline est presque inexistante dans les écoles. Pour lui, cet état de fait s’explique par de nombreux droits offerts aux apprenants au détriment de l’autorité de l’enseignant.
Dans la même rengaine, une de ses collègues, Mme Dème, très peu loquace, a laissé entendre qu’il ne peut y avoir de bon niveau des élèves et étudiants, tant que les programmes enseignés ne sont pas adaptés au contexte socio-économique. Poursuivant son homélie, elle ajoute que les autorités scolaires et les promoteurs d’écoles courent, malheureusement, tous derrière des pourcentages à propos des taux d’admission aux différents examens. C'est-à-dire, le nombre et non la qualité de l’enseignement reçu. Aussi, elle n’a pas minimisé la course effrénée pour l’argent à tous les niveaux. Embouchant la même trompette, Maimouna Faye, enseignante estime que «la baisse du niveau des élèves tant décriée depuis plusieurs années ne dépend ni des enseignants, ni des élèves, ni des parents d’élèves. Le phénomène de la baisse du niveau scolaire ne saurait être lié à un seul paramètre. Un faisceau de facteurs converge vers le cœur du problème». A ceux-ci, il faut ajouter «l’insuffisance des classes et le refus d’embaucher les vrais enseignants diplômés de nos écoles de formations entraînant du coup la double vacation. Comme si cela ne suffisait pas la situation s’aggrave car on recrute n’importe qui dans l’enseignement» conclut-elle.

La responsabilité des parents sur la sellette
La responsabilité des parents est aussi pointée du doigt. Pour Mme Dème, enseignante mais également mère de famille, «les parents ont aussi leur part de responsabilité dans le problème». «Imaginez une maison où les deux parents travaillent pour ne rentrer à la maison que vers 18 heures ou 20 heures. Les enfants rentrent au plus tard vers 17 heures. Ils sont seuls avec les bonnes (bien entendu) mais toujours laissés à eux-mêmes, devant la télévision, sans surveillance. Vous imaginez un peu le tableau! Les parents sont perpétuellement à la quête de moyens pour satisfaire les besoins familiaux et ils sont taraudés par d’autres soucis, la scolarisation de leurs enfants s’en trouve délaissée car ils n’ont même plus le temps d’assurer un minimum de suivi à la maison. Les plus nantis recourent à des cours de renforcement à domicile. Mais, peu de potaches ont cette chance et le résultat est là. Les notes dégringolent et le niveau de l’élève baisse» lâche t-elle dans un soupir désappointé.

«Démystification» du statut de l’enseignant
La flétrissure de l’image de marque de l’enseignant constitue aussi une des causes de la baisse du niveau des élèves. Mais, à juste titre, on pourrait se demander: comment cela peut-il influencer les résultats scolaires?
Mme Hélène Faye tente une ébauche d’explication. «L’enseignant était (et cela depuis la colonisation) un modèle de la société. Il était un homme dont la parole avait de l’aplomb même s’il n’était pas le nombril de la terre. Il était au début et à la fin de toutes les décisions communautaires. En, perdant ce «sésame», la situation de l’enseignant s’empira : il ne pouvait plus se marier, il ne pouvait plus louer une maison et il n’avait pas intérêt à se présenter dans certains services publics sous l’étiquette d’enseignant» argue t-elle.
Conséquence : «les enseignants vont se «débarrasser» peu à peu de l’école en ne donnant plus le meilleur d’eux-mêmes. Ce qui est lourd de conséquences, car l’enseignant était réellement la pièce maîtresse de l’échiquier. Mais, c’est la croix et la bannière de nos jours pour les enseignants qui tirent pitoyablement le diable par la queue».

Manque de politique de suivi
«Tout ceci n’est en fait que la résultante du manque d’une politique de suivi pour adapter l’école à l’évolution socio-économique du pays.
Les velléités de réformes scolaires ou les retouches partielles ça et là ne peuvent constituer un antidote réellement adéquat aux maux scolaires. C’est à l’ensemble du corps qu’il faut s’en prendre!» tonne M. Touré. D’autre part continue toujours M. Touré, «la moutarde est montée au nez des élèves, étudiants et même des enseignants qui, pour la plupart (pas tous heureusement) excellent plus dans la lutte syndicale et les grèves interminables plutôt que dans l’utilisation de la matière grise».
«Le système de vacatariat est sans doute génial à plusieurs égards, mais il est susceptible de perfectionnement. La formation de ces enseignants, laissant à désirer. Enfin, que cessent les mouvements spasmodiques du système scolaire. Deux paramètres constituent le va-tout : les parents d’élèves et les enseignants. Donnez une chiquenaude à ces deux parties et tout le système repartira d’un bon pied» conseille Mme Hélène Faye, en doyenne avertie.

Ndèye Fatou SECK 24h Chrono

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