25 juin 2020 – 25 juin 2025 : Cinq ans déjà sans la voix de Tivaouane, Serigne Pape Malick Sy

En ce mercredi 25 juin 2025, les fidèles tidianes du …

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En ce mercredi 25 juin 2025, les fidèles tidianes du Sénégal et d’ailleurs commémorent le cinquième anniversaire du rappel à Dieu de Serigne Pape Malick Sy, fils de Cheikh Al Seydi Khalifa Ababacar Sy. Décédé à Dakar le 25 juin 2020 à l’âge de 79 ans, des suites d’une courte maladie, l’ancien porte-parole du khalifat tidiane laisse derrière lui une empreinte indélébile dans le cœur des croyants et dans la mémoire spirituelle du pays.

La voix du sage de Tivaouane

Homme de foi, de savoir et de parole, Serigne Pape Malick Sy était reconnu pour la puissance de son verbe, sa rigueur spirituelle et sa modération dans les temps de tumulte. Surnommé « la voix de Tivaouane », il fut pendant plusieurs décennies le principal transmetteur des messages du Khalife, veillant avec constance à l’orthodoxie de la Tijaniyya et à la préservation des enseignements de ses illustres prédécesseurs.

Comme l’enseignait le Prophète Muhammad (paix et bénédictions sur lui) :

« Lorsque le fils d’Adam meurt, son œuvre s’arrête sauf dans trois cas : une aumône continue, un savoir dont les gens tirent profit, ou un enfant pieux qui prie pour lui. » (Muslim, Sahîh, hadith n°1631)

Dans le cas de Serigne Pape Malick, ces trois dimensions sont réunies. Son engagement pour la transmission du savoir islamique, sa piété exemplaire et ses nombreuses actions sociales sont autant de legs durables.

Une spiritualité éclairée par le savoir

Serigne Pape Malick Sy fut à la fois homme de tradition et acteur du présent. Dans une époque marquée par les conflits identitaires, il appelait inlassablement au dialogue et à l’unité des cœurs. Son discours s’enracinait dans une lecture intelligente du Coran et de la Sunna, toujours contextualisée. Il rappelait souvent :

« Dieu a fait de la diversité un signe de Sa grandeur. Ce n’est pas une malédiction, c’est une richesse. »

Cette vision rejoint celle d’Ibn Taymiyya (m. 1328), qui affirmait :

« La divergence dans les opinions est naturelle parmi les gens de science, mais elle ne doit jamais devenir un motif de rupture entre les croyants. » (Majmûʿ al-Fatâwâ, vol. 24, p. 172)

Serigne Pape Malick s’était aussi illustré par sa capacité à expliquer les subtilités de la voie tijane avec clarté, et à les rendre accessibles aux jeunes générations. Le sociologue sénégalais Abdoulaye Elimane Kane, dans Tradition et modernité dans l’islam sénégalais (Harmattan, 2001, p. 87), souligne que :

« La force des figures maraboutiques comme Serigne Pape Malick Sy réside dans leur aptitude à incarner une autorité spirituelle capable de dialoguer avec les exigences du monde contemporain sans renier les fondements. »

Un appel vivant à la sagesse

Dans un monde en perte de repères, la disparition de tels hommes de Dieu se fait sentir avec acuité. Le Coran nous enseigne :

« Parmi Ses serviteurs, seuls les savants craignent véritablement Allah. » (Sourate Fâtir, 35:28)

Ce verset souligne la centralité du savoir dans l’élévation spirituelle. Et comme le dit le philosophe Alasdair MacIntyre dans Après la vertu (PUF, 2006, p. 215) :

« Une communauté sans mémoire devient une société sans boussole. »

Or, la mémoire de Serigne Pape Malick Sy est plus qu’un souvenir : elle est une boussole pour des milliers de croyants. Le marabout sénégalais Serigne Mame Mor Mbacké disait à son sujet :

« Il était un rempart contre les passions de la foule et une lumière dans les ténèbres de l’ignorance. » (Conférence de Tivaouane, 2021)

Conclusion

Cinq années se sont écoulées depuis le départ de Serigne Pape Malick Sy, mais sa voix continue de résonner dans les esprits, ses enseignements d’inspirer les consciences. Le philosophe africain Souleymane Bachir Diagne écrit dans Comment philosopher en islam (Philippe Rey, 2013, p. 56) :