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Abdoul Aziz Mbaye : "Nous pouvons tous, demain, nous retrouver dans la même situation que Karim Wade et Khalifa Sall"

Les tenants du pouvoir peuvent, demain, se retrouver dans la même position que Karim Wade et Khalifa Sall, et ainsi rendre compte de leur gestion devant les juridictions compétentes. C'est le ministre-conseiller Abdoul Aziz Mbaye qui l'a indiqué dans cette interview exclusive accordée à "Seneweb" et dans laquelle l'ancien ministre de la Culture est revenu sur plusieurs sujets d'actualité.


Rédigé par leral.net le Mercredi 28 Novembre 2018 à 17:37 | | 0 commentaire(s)|

Abdoul Aziz Mbaye : "Nous pouvons tous, demain, nous retrouver dans la même situation que Karim Wade et Khalifa Sall"
Seneweb.com : Dites-nous votre analyse de la situation actuelle que traverse le Sénégal ?
Abdoul Aziz Mbaye : J'estime que le Sénégal est dans une situation très bien, parce qu'il avance avec deux éléments. Le pays va très, très bien. Aujourd'hui, les objectifs du Plan Sénégal émergent (Pse) sont très concrets et qui touchent la réalité de la vie des Sénégalais.

Quand on compare avec la situation internationale, on voit que le Sénégal est un pays innovant, avec une vision politique et des politiques économiques qui marchent. Nous avons au Sénégal une gouvernance qui s'approche des Sénégalais et qui utilise l'intelligence collective des citoyens.

Le Plan Sénégal émergent, qui est issu du "Yoonu Yokkuté", qui est le premier plan conçu à partir du perçu et du vécu des Sénégalais, et non pas un plan dicté par le Banque mondiale, ni par l'Union européenne ni même par le Fonds monétaire international.

Si le pays marche aussi bien que vous le dites, que faites-vous alors de ce climat politico-social assez tendu ?
Mais qu'appelez-vous un climat tendu ? Vous voulez une société inerte où rien de bouge et où personne ne se plaint ? Il est tout à fait normal que dans une société, certaines personnes se plaignent à un certain moment, pour améliorer les choses.

C'est ce qu'on appelle une société démocratique. Le peuple a parfois besoin de s'exprimer. Il n'existe aucun système politique, aujourd'hui, qui permet d'avoir une compréhension totale et définitive de la demande sociale, qui évolue de semaine en semaine, d'heure en heure, de jour en jour.

Peut-il y avoir au Sénégal un fichier électoral unique et fiable, comme le réclame l'opposition ?
Écoutez, là, il faut quand même que les gens soient sérieux. J'ai l'honneur de travailler avec Mme Mimi Touré sur le parrainage dont elle dirige le pôle mobilisation et parrainage pour le président Macky Sall. Et je puis vous dire ici que nous savons parfaitement pourquoi l'opposition n'arrête pas de parler du fichier. En réalité, le fichier n'est pas leur problème, mais ils n'osent pas dire tout haut leur problème.

Maintenant dites-nous c'est quoi ce problème dont vous faites allusion ?
Le problème, c'est qu'ils voudraient faire des parrainages sans même aller voir les électeurs, sans voir les parrains. Et ça, ce n'est pas possible. Ces opposants n'ont qu'à aller faire leur travail. Il n'existe qu'un seul fichier au Sénégal. L'opposition sait que notre fichier est fiable à 98 % et il peut garantir des élections transparentes et libres.

Avez-vous, en tant que pouvoir, des craintes sur un éventuel retour au bercail de Karim Wade ?
D'abord, monsieur Karim Wade est un citoyen sénégalais qui a des choses à régler avec la loi. Donc, ce n'est pas la peine, pour lui, d'aller donner de fausses informations aux organismes des Nations Unies pour leur faire prendre des décisions mal fondées.

Quand le Comité des Droits de l'homme s'est penché sur son cas, à la demande de ses avocats, ce comité a été induit en erreur. On a tout mis en œuvre pour faire croire que la Crei avait été créée pour Karim Wade. Ce qui n'est pas la vérité, parce que la Crei existe depuis 1981.

Ce qui semble poser problème, c'est qu'après Karim Wade, aucune autre personnalité n'a été jugée devant la Crei. Qu'en dites-vous ?
Croyez-vous que la justice travaille au culot ? La justice travaille sur des dossiers, avec son temps. Le temps de la justice est beaucoup plus long que celui du pouvoir. Nous qui sommes présentement au pouvoir, nous devons veiller à ça.

Parce que rien n'éteindra nos actions d'aujourd'hui, si on doit rendre des comptes demain. Au moment où Karim Wade régnait sur le ciel, la mer et la terre, personne ne croyait qu'un jour il allait être traduit devant la justice.

Ce sont les mêmes juges, les mêmes institutions qui étaient là, quand Karim Wade faisait sa gestion. Ayons conscience que demain, nous pouvons, nous aussi, rendre compte comme Karim Wade et Khalifa Sall. Nous tous qui sommes aujourd'hui au pouvoir, devons comprendre qu'on peut se trouver dans une situation de rendre compte. Il faut que les gens sachent que le Sénégal est devenu un pays à l'ère du rendre compte.

La présidentielle de 2019 peut-elle s'avérer une élection difficile pour votre candidat Macky Sall ?
Cette élection présidentielle reste ouverte. Le président Macky Sall se représente armé d'un bilan extraordinaire. Il faut que les gens aient les capacités de venir proposer au-delà de ce bilan. C'est ça la démocratie, c'est l'offre politique qui compte. Ce n'est pas d'aller pleurnicher au niveau international. Les Sénégalais ne sont plus fous, ils savent très bien qui fait quoi, qui est quoi et qui dit quoi.