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Adieu, Mame Fama, gardien de notre ciment social

Rédigé par leral.net le Lundi 20 Octobre 2025 à 11:47 | | 0 commentaire(s)|

Adieu, Mame Fama, gardien de notre ciment social
Une voix s'est tue. Une voix juste, pondérée, qui savait trouver le chemin des cœurs et des raisons. Abdou Aziz Mbaye, notre « Mame Fama » national, nous a quittés, laissant derrière lui le silence assourdissant d'un vide immense. Il n'était pas seulement le président des communicateurs traditionnels ; il était un pilier, un de ces hommes rares, dont la présence rassure et dont l'absence nous laisse orphelins.

Il y a des hommes qui passent et il y a ceux qui tissent des liens. Abdou Aziz était de cette seconde trempe. Il était ce trait d'union précieux entre les générations, entre la tradition orale qu'il incarnait avec tant de noblesse et une modernité qui trop souvent nous égare. Ancien fonctionnaire, homme de foi et Talibé Cheikh aimant Tivaouane jusqu'à la racine de son âme, il a su concilier les mondes, bâtir des ponts là où d'autres auraient vu des fossés.

On dit souvent d'un défunt qu'il était bon. C'est un hommage convenu, presque un réflexe. Mais pour l'avoir rencontré, pour avoir échangé avec lui, je peux témoigner, comme tant d'autres, que lui était vraiment bon. Sa bonté n'était pas une posture, elle émanait de lui naturellement, dans son regard bienveillant, dans la chaleur de sa poignée de main, dans la sagesse de ses paroles qui apaisaient les tensions et rappelaient l'essentiel : notre humanité partagée.

Aujourd'hui, alors que le ciment de notre société semble parfois se fissurer, que les repères se brouillent et que le dialogue s'efface devant le bruit, sa disparition prend une dimension encore plus douloureuse. Elle nous force à nous interroger, le cœur lourd : qui reprendra le flambeau ? Qui jouera désormais ce rôle si essentiel de fédérateur, de sage médiateur capable de parler à tous ?

Abdou Aziz, le bien nommé, tu ne nous laisses pas seuls. Tu nous laisses un héritage. L'héritage d'un homme de paix, d'un homme exemplaire dont la vie fut un plaidoyer pour la concorde et la transmission. À nous de nous montrer dignes de cet héritage. À nous de faire vivre ta mémoire non pas dans les larmes seulement, mais dans l'engagement quotidien à réparer les fractures de notre société, à renouer les fils du dialogue et à préserver ce patrimoine de valeurs que tu as si magnifiquement défendu.

Repose en paix, homme bon. Que la terre de Tivaouane, que tu as tant chérie, te soit légère.







Talla Sylla