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Affaire Grégory : ce que l'on sait de la mort du juge Jean-Michel Lambert

Rédigé par leral.net le Mercredi 12 Juillet 2017 à 01:13 | | 0 commentaire(s)|

Nouveau drame dans l'affaire Grégory. L'ancien magistrat Jean-Michel Lambert, connu pour avoir été le premier juge à instruire cette affaire criminelle majeure, a été retrouvé mort mardi 11 juillet à son domicile du Mans (Sarthe), a appris franceinfo de sources proches du dossier, confirmant une information du Parisien.

Un décès qui intervient alors que l'enquête a connu ces dernières semaines une accélération majeure, avec la mise en examen de trois personnes, trente-trois ans après les faits. Voici ce que l'on sait de sa disparition.

Qui était Jean-Michel Lambert ?

Le nom de Jean-Michel Lambert est indissociable de l'affaire Grégory. Le magistrat est âgé de 32 ans lorsque, le 16 octobre 1984, le cadavre du petit Grégory Villemin est retrouvé ligoté dans la Vologne. Seul juge d'instruction à Epinal (Vosges), où il occupait son premier poste, il hérite du dossier et est propulsé sous les projecteurs.

En raison de son jeune âge, ainsi que de nombreuses erreurs commises lors de l'instruction, il hérite du surnom "le petit juge". Dessaisi de l'enquête en 1987, il était ensuite retombé dans l'anonymat des prétoires jusqu'à sa retraite en 2014, et s'était consacré à l'écriture.

Que sait-on des circonstances de sa mort ?

Son corps a été retrouvé dans son bureau avec un sac plastique noué sur la tête à l'aide d'un foulard, selon une source proche du dossier. La police judiciaire d'Angers a été saisie et le parquet du Mans a ouvert une enquête pour déterminer les circonstances de la mort, a indiqué une autre source.

Selon les premiers éléments de l'enquête, le corps de l'ancien magistrat, 65 ans, a été découvert par une voisine et d'après les premières constatations, aucune trace d'effraction ou de lutte n'a été relevée dans son appartement.

Pourquoi avait-il été critiqué ?

Jugé trop bavard avec la presse, le juge Lambert a longtemps été désigné comme l'un des responsables du fiasco judiciaire de l'affaire Grégory. Il était ainsi à l'origine d'une erreur de procédure qui a entraîné l'annulation d'expertises graphologiques qui reliaient Bernard Laroche au fameux "corbeau" qui persécutait la famille Villemin.

Il lui a été également reproché d'avoir laissé Murielle Bolle, témoin-clé de l'enquête alors âgée de 15 ans, rentrer chez elle après avoir accusé son beau-frère Bernard Laroche de l'enlèvement de l'enfant. La jeune femme était ensuite revenue sur ses déclarations. Selon certaines sources, dont son cousin, Murielle Bolle aurait subi des violences familiales, ce qui expliquerait ce revirement.

Alors que l'enquête piétinait, le juge Jean-Michel Lambert avait en outre libéré Bernard Laroche sans lui accorder de protection policière. Convaincu que cet homme était l'assassin de son fils, le père de Grégory a abattu Bernard Laroche fin mars 1985. Une mort que le juge racontait avoir encore sur la conscience en 2014, rapporte un journaliste de 20 Minutes.

#Gregory: En 2014, #Lambert me confiait que la mort de Bernard #Laroche le "torturait" encore...

— Vincent Vantighem (@vvantighem) July 11, 2017
Enfin, Jean-Michel Lambert avait fait arrêter Christine Villemin, la mère de Grégory, et l'avait inculpée d'assassinat en se basant notamment sur une nouvelle expertise graphologique. Christine Villemin avait finalement bénéficié en 1993 d'un non-lieu pour "absence totale de charges", ce qui constituait une première en droit pénal.

Quelles sont les réactions ?

Interrogé par franceinfo, Me Thierry Moser, avocat de la famille Villemin, s'est dit "bouleversé".

Je respectais l'homme, tout en contestant les décisions qu'il a prises.

Me Thierry Moser
à franceinfo

"Monsieur Lambert avait estimé que Christine Villemin devait être traduite devant une cour d'assises pour avoir assassiné son enfant alors que cette femme était aussi innocente que vous et moi. Monsieur Lambert s'était fourvoyé, je ne pouvais donc pas partager ce point de vue extrême et extrémiste", a conclu l'avocat.

"Cette affaire crée une pression médiatique hors normes, hors du commun, surhumaine", a également réagi sur franceinfo maitre Stéphane Giuranna, l'avocat de Marcel et Jacqueline Jacob, grand-oncle et grand-tante de Grégory Villemin récemment mis en examen. Cette affaire "rend fou. Elle en est à sa troisième victime", insiste-t-il.

L'avocat de Murielle Bolle a de son côté déploré au micro de BFMTV une "perte essentielle dans la recherche de la vérité".