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Aide européenne, répression en Mauritanie : HSF alerte sur une « économie répressive des migrations »

Dans un communiqué au ton alarmant, Horizon Sans Frontières (HSF) s’interroge sur la nature réelle de la coopération entre l’Union européenne et la Mauritanie, à l’aune de la traque systématique qui cible actuellement les migrants subsahariens, notamment dans les villes de Nouakchott et Nouadhibou. Pour l’ONG dirigée par Boubacar Sèye, cette situation révèle un mécanisme inacceptable de « monétisation de la dignité humaine ».


Rédigé par leral.net le Vendredi 18 Juillet 2025 à 11:19 | | 0 commentaire(s)|

Depuis l’éclatement de cette crise migratoire, les autorités sénégalaises ont mobilisé plusieurs canaux diplomatiques pour tenter d’apaiser la situation : visite du président de la République en Mauritanie, discussions engagées au niveau de la Primature, rencontres entre les ministres sénégalais des Affaires étrangères et de la Pêche avec leurs homologues mauritaniens. Mais pour HSF, ces efforts doivent aller plus loin.

Le cœur du problème, selon l’organisation, réside dans les accords sécuritaires financés par l’Union européenne. En août 2024, Bruxelles a promis 210 millions d’euros à la Mauritanie pour renforcer le contrôle de ses frontières, ainsi qu’un appui de 20 millions de dollars destiné à la lutte contre le djihadisme au Sahel. Si ce dernier volet est salué, HSF estime que le soutien européen en matière migratoire, contribue, de fait, à une politique de répression menée au nom de la sécurité.

« L’Europe sous-traite le contrôle migratoire au détriment des droits fondamentaux », affirme Boubacar Sèye. Il évoque une « nouvelle économie des migrations » fondée sur un discours sécuritaire souvent empreint d’amalgames, où la migration est perçue comme une menace plutôt qu’un facteur de stabilité.

Le président de HSF souligne par ailleurs, le paradoxe d’une Mauritanie qui, tout en accueillant plus de 200 000 Subsahariens travaillant dans des secteurs clés comme la pêche, adopte une attitude répressive, alors que plus de 10 % de sa propre population vit à l’étranger.

Face à cette situation, HSF appelle le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye à convoquer sans délai, une conférence de haut niveau sur l’émigration, la paix et la sécurité. Objectif : anticiper tout basculement géopolitique sous-régional et repositionner le Sénégal comme leader africain sur les enjeux migratoires.

« L’Afrique a besoin d’unité, pas de tensions », conclut Boubacar Sèye, dans ce communiqué publié par Horizon Sans Frontières. Un message qui sonne comme un appel à une refondation des politiques migratoires africaines, dans un monde de plus en plus traversé par les fractures et les replis.