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Angelina Jolie: le goût du risque

Rédigé par leral.net le Jeudi 23 Février 2012 à 10:17 | | 0 commentaire(s)|

Au Pays du sang et du miel est un film audacieux sur le conflit en ex-Yougoslavie, fruit du travail d’Angelina Jolie qui passe pour la première fois derrière la caméra. On ne peut que saluer le courage de l’actrice malgré les maladresses de réalisation.


Angelina Jolie: le goût du risque
Avec Brad Pitt, elle forme le couple le plus en vue d’Hollywood. Chacun de ses déplacements fait l’objet d’une couverture médiatique hors norme. Sa vie, sa famille, son itinéraire suscitent l’admiration, l’envie, la jalousie… Angelina Jolie ne s’arrête pas à ces considérations. Elle prouve avec son premier film Au pays du sang et du miel, qu'elle est venue défendre à Paris notamment, qu’elle va au bout de ses choix. Quitte à s’attirer les critiques...

Le fait même de tourner ce film de guerre sur le conflit en ex-Yougoslavie n’a pas été de tout repos. A l’annonce de la préparation d’un film racontant une histoire d’amour entre une Musulmane bosniaque et un Serbe, de nombreuses associations de victimes bosniaques ont réagi, demandant l’interdiction du tournage.

Quand Angelina Jolie choisit des acteurs locaux, Zana Marjanovic dans le role d’Ajla, et Goran Kostic dans le rôle de Danijel, qui jouent dans leur langue maternelle, au lieu de forcer le respect, a été vu comme une entreprise de récupération bien-pensante d’un conflit qui échappait totalement à celle qui voulait le traiter.

Enfin, celle qui est encore aujourd’hui la reine du glamour, la madone sillonnant le monde pour attirer l’attention sur les zones de pauvreté extrême, de famine, n’était pas d’une crédibilité à toute épreuve en passant derrière la caméra pour un film de ce genre. Elle, capable de réaliser un film sur un sujet aussi grave? Nombreux sont ceux qui se sont permis d’en douter… «Je n’avais pas prévu de faire un film sur la guerre en Bosnie, ni de devenir réalisatrice. C’est cette histoire qui m’y a forcée. Je sentais qu’il fallait en faire un film, que le sujet devait être abordé. (…) Il y a encore tellement à faire en ex-Yougoslavie», a-t-elle expliqué au Figaro.

Et le résultat a le mérite d’exister. Peut-être seulement celui-là. Parce que le film en fait trop. Les scènes de viol des prisonnières bosniaques par les Serbes sont longues, explicites, choquantes. Mais au lieu d’avoir l’effet escompté, à savoir, «que le spectateur soit en colère contre l'immobilisme international qui a entouré ces événements», dit-elle à Libération, elles mettent mal à l’aise par leur côté un brin ridicule. Exagéré.

Oui, Au Pays du sang et du miel est too much. Trop long. Trop dramatique. Et parfois incohérent. Les aller-retours incessants entre l’espoir d’une issue et le retour à la barbarie fatiguent. Angelina Jolie a réussi le pari de faire un film «pénible à regarder», le parti pris pour ce film de guerre.

Assez décevant, donc, quand l’intention est bonne, de voir un film si peu convaincant.