Annie Ernaux, prix Nobel de littérature, dénonce le "génocide" à Gaza et appelle à une mobilisation internationale

Dans une déclaration poignante, la romancière française Annie Ernaux, lauréate du prix Nobel de littérature 2022, exprime son indignation face à la situation à Gaza, qualifiant les événements en cours de "génocide".

Dans une vidéo publiée récemment, elle décrit l’horreur des images relayées par des reporters risquant leur vie : écoles, immeubles et hôpitaux détruits, enfants tués ou mutilés, populations fuyant les bombardements. "J’écrivais comme si je n’avais pas vu ces images effroyables", confie-t-elle, soulignant le sentiment d’impuissance et de "lâcheté" face à l’acte d’écrire dans un tel contexte.

Ernaux rapporte que les habitants de Gaza vivent dans la peur constante d’une mort violente, où "la réalité est maintenant la mort et non plus la vie".

Elle évoque un mouvement collectif de "centaines d’écrivains de langue française" qui se sont unis pour dénoncer ce qu’elle décrit comme un "anéantissement de la civilisation palestinienne".

Elle relate que ce processus s’accompagne d’un blocus alimentaire visant à affamer la population, de déplacements forcés semblable à des "bêtes en transhumance" et de massacres ciblant une population "dont le seul tort est d’être née là".

Elle déplore également la destruction des monuments, des traces ancestrales et l’exil ou la mort des artistes et écrivains palestiniens, pour laisser place, à ce qu’elle qualifie de projet de transformation de Gaza en "riviera pour touristes", en référence aux déclarations polémiques du président américain Donald Trump.

Face à ce drame, Ernaux assure que le silence est en train de se briser, "les personnes refusant d’être intimidée par les accusations les plus abject" comme celle de antisémitisme.

Elle exige un cessez-le-feu définitif, le retour des otages israéliens, ainsi que la libération des milliers de prisonniers palestiniens détenus en Cisjordanie.

L'écrivaine insiste sur la nécessité de mettre fin à la répression des mouvements de solidarité avec la Palestine et d’interroger "l’imaginaire raciste à l’égard des Arabes" qui, selon elle, rend acceptable le martyr du peuple palestinien à Gaza.

En outre, Annie Ernaux cite la jeune écrivaine gazaouie Nour Elassy : "Si les droits humains, la morale ont un sens, Gaza est l’endroit où ces valeurs doivent subsister ou mourir. Car si le monde peut nous regarder disparaître sans rien faire, rien de ce qu’il prétend défendre n’est réel".

Elle appelle à une mobilisation déterminée pour peser sur le gouvernement français et les instances internationales, afin de défendre l’humanité face à cette tragédie. [AA]