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Arrivé en Guyane, Macron avertit qu'il n'est pas venu en "Père Noël"

Rédigé par leral.net le Jeudi 26 Octobre 2017 à 22:45 | | 0 commentaire(s)|

Arrivé en Guyane, Macron avertit qu'il n'est pas venu en "Père Noël"

Emmanuel Macron, arrivé jeudi en Guyane dans un climat tendu, six mois après un mouvement social qui a paralysé ce territoire français en Amérique du Sud, a averti qu'il n'était pas venu en "Père Noël", ni pour "faire des promesses".

"Je ne suis pas le Père Noël parce que les Guyanais ne sont pas des enfants", a déclaré le chef de l'Etat à Maripasoula (sud-ouest, à la frontière fluviale du Surinam), la plus vaste commune de France, soumise à une très forte pression migratoire.

 

Emmanuel Macron arrive en Guyane, le 26 octobre 2017 à Cayenne © ALAIN JOCARD AFP
Emmanuel Macron arrive en Guyane, le 26 octobre 2017 à Cayenne © ALAIN JOCARD AFP

 

"Je suis ici avec de l'ambition pour la Guyane", a-t-il ajouté, "mais je ne suis pas venu faire des promesses, ce temps là est fini".

"L'Etat a fait trop de promesses qui n'ont pas été tenues. Donc je suis là pour dire les choses en vérité telles que je les vois, prendre des engagements que je saurai tenir durant mon quinquennat, et aussi assurer les éléments d'autorité indispensables sur ce territoire", a encore déclaré M. Macron.

 

Le porte-parole du collectif Pou Lagwiyann Dekole, Davy Rimane, à Cayenne, le 20 avril 2017  © jody amiet AFP/Archives
Le porte-parole du collectif Pou Lagwiyann Dekole, Davy Rimane, à Cayenne, le 20 avril 2017 © jody amiet AFP/Archives

 

Il devait rencontrer sur place les militaires de la gendarmerie et des forces armées guyanaises (FAG), qui luttent contre l'orpaillage clandestin, et visiter le chantier d'un internat, avant de regagner Cayenne.

Il s'agit du premier voyage outre-mer du chef de l'Etat depuis son élection, si l'on excepte le déplacement en urgence aux Antilles mi-septembre après l'ouragan Irma.

Cette visite de 48 heures intervient dans un climat tendu. Le collectif Pou Lagwiyann Dekole (Pour que la Guyane décolle), notamment, entend se faire entendre pour réclamer le respect des accords signés avec l'ancien gouvernement à l'issue du mouvement social de mars-avril.

L'Elysée avait indiqué qu'Emmanuel Macron allait dire "qu'il tiendra ces engagements", avec un objectif: "prendre les problèmes à la racine".

Selon les médias locaux, les Grands frères (une émanation du mouvement des 500 frères très actif lors du mouvement) ont demandé jeudi aux commerçants de Cayenne et aux administrations, de fermer leurs portes pour une opération ville morte durant la visite présidentielle.

La veille au soir, environ 300 personnes s'étaient rassemblées dans la ville, pour exiger le respect des accords, et le collectif appelait la population à se mobiliser jeudi lors d'une marche dans le chef-lieu de la Guyane.

Le mouvement de cinq semaines de contestation s'était conclu le 21 avril par l'Accord de Guyane, par lequel l'ancien gouvernement a acté un plan d'urgence de 1,08 milliard d'euros, signé des accords sectoriels et "pris acte" d'une demande de 2,1 mds d'euros de mesures supplémentaires.

Mais "pour l'instant, la situation n'a pas bougé", selon Davy Rimane, membre du collectif.

Pression migratoire et centre spatial

De retour à Cayenne vers 18H30 (23H30 heure de Paris), le chef de l'Etat doit participer à un dîner républicain. Selon l'Elysée, il avait également prévu de s'entretenir, lors d'une réunion de travail, avec les maires de Guyane, qui avaient d'abord dénoncé "l'absence d'un temps de rencontre" avec le chef de l'Etat.

Emmanuel Macron tentera de répondre aux attentes des Guyanais, notamment en matière de sécurité et d'éducation. Il doit donner une conférence de presse vendredi à 08H00 à la préfecture de Cayenne.

A 7.000 km de Paris, le territoire, grand comme le Portugal (83.000 km2) pour environ 254.000 habitants, cumule difficultés et retards: immigration clandestine massive venant du Brésil, du Surinam ou d'Haïti, insécurité croissante, communes enclavées, services de santé défaillants, système scolaire inadapté, taux de chômage très élevé (23 %).

M. Macron est notamment accompagné du président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, de plusieurs ministres, Gérard Darmanin (Comptes publics), Annick Girardin (Outre-mer), Jean-Michel Blanquer (Education), et du secrétaire d'Etat Sébastien Lecornu (Ecologie).

Vendredi, il est attendu au centre spatial de Kourou où lui seront présentées les activités autour du lanceur de la fusée Ariane. Kourou, vitrine de l'économie guyanaise, mais aussi symbole d'inégalités sociales alors que d'autres communes n'ont ni électricité ni eau courante.

Il déjeunera ensuite avec les présidents des Régions ultrapériphériques (RUP, les neuf territoires ultramarins de l'Union européenne). Samedi matin, le chef de l'Etat doit s'exprimer à l'occasion des Assises de l'outre-mer.
 

26/10/2017 22:12:36 -          Maripasoula (France) (AFP) -          © 2017 AFP