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Attentat anti-israëlien: Sofia avait sous-estimé les menaces

Rédigé par leral.net le Vendredi 20 Juillet 2012 à 08:54 | | 0 commentaire(s)|

Cet attaque suicide est la première du genre sur le sol Bulgare. Elle soulève de nombreuses questions au sujet de la vigilance des autorités.


Attentat anti-israëlien: Sofia avait sous-estimé les menaces
Boïko Borissov, le premier ministre bulgare, a l'habitude de dire que Sofia, fidèle allié d'Israël et des États-Unis, n'a aucune raison de craindre le terrorisme islamiste du fait de ses excellentes relations commerciales avec le monde arabe. Pour preuve, ajoute-t-il, dans la capitale bulgare «on peut acheter un kebab à chaque coin de rue».

Mais après l'attentat sanglant du 18 juillet contre des touristes israéliens à Burgas, sur la mer Noire, l'heure n'est plus à la plaisanterie. Cet attentat suicide, le premier de ce genre sur le sol bulgare, a fait au moins sept morts et de nombreux blessés. «Pour la première fois, des Juifs ont été tués dans ce pays parce qu'ils étaient juifs», a déclaré Maxim Benvenisti, président de l'association Shalom de Bulgarie. Comme beaucoup d'autres, il a rappelé avec beaucoup d'émotion que Sofia avait mis un point d'honneur à ne pas livrer ses Juifs aux troupes nazies lors de la Seconde Guerre mondiale.

Après l'émotion, de nombreuses questions surgissent déjà. Selon la presse de Tel-Aviv, des responsables israéliens avaient, dès janvier dernier, mis en garde leurs homologues bulgares sur l'imminence d'un acte terroriste sur leur sol. D'après un fonctionnaire du ministère des Transports israélien, les autocars étaient même «le maillon faible» dans la sécurité de ses ressortissants en Bulgarie. À l'époque, Sofia avait nié l'existence d'une telle menace. Or ce qui s'est passé à Burgas a confirmé les pires craintes israéliennes: les touristes ont été pris pour cible sur le parking de l'aéroport, au moment même où ils montaient dans le bus qui devait les acheminer vers le lieu de villégiature.

Selon la police, l'explosion a été causée par un kamikaze. Sur une vidéo de surveillance de l'aéroport, il aurait été identifié comme un touriste de race blanche, les cheveux longs bouclés, en tee-shirt et short à carreaux, portant un petit sac à dos. «Rien ne permettait de le distinguer d'un touriste lambda», s'est justifié le ministre de l'Intérieur, Tsvetan Tsvetanov, précisant que le suspect était rentré en Bulgarie avec de faux papiers, apparemment un faux permis de conduire du Michigan. Mais comment a-t-il pu déjouer tous les contrôles chargé de son sac d'explosifs? À l'heure où les autorités affirment avoir mis leurs frontières aux normes de Schengen, l'espace de libre circulation européen auquel la Bulgarie est candidate, le périple du tueur fait désordre.

Lenteur des secours
À Burgas, des témoins ont aussi raconté la lenteur des secours et une certaine désorganisation régnant sur les lieux de l'attentat, ce qui augure mal des suites de l'enquête. «Nous n'avons pratiquement pas d'expérience dans ce genre d'affaires», a reconnu le procureur général, Boris Veltchev.

L'attentat ayant été commis le jour même où la Commission européenne publiait son rapport sur les progrès de la Bulgarie et de la Roumanie depuis leur adhésion à l'UE en 2007, ces faiblesses ont pris un relief particulier. Selon Bruxelles, la Bulgarie garde la triste particularité d'être un pays où «la criminalité organisée revêt un caractère unique». «Cet attentat vient illustrer le principal fiasco de ce gouvernement, à savoir la sécurité. Un échec encore plus douloureux lorsqu'on sait que les piliers du pouvoir sont d'anciens policiers», affirme Atanas Tchobanov, fondateur du site Bivol et partenaire bulgare de WikiLeaks.

Réunis au siège du gouvernement, Boïko Borissov et ses principaux ministres ont affirmé leur «volonté politique» de combattre la criminalité et de conduire à terme les réformes exigées par l'UE. Mais, à peine leur conférence de presse terminée, ils devaient prendre la route de Burgas, où un autre défi de taille les attendait: faire toute la lumière sur l'un des pires attentats qu'ait connu le pays.


Par Alexandre Lévy