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Au terme de la visite du Président français Macron, que reste-t-il réellement de l'influence française sur le Gabon aujourd'hui ?

Rédigé par leral.net le Mardi 25 Novembre 2025 à 20:35 | | 0 commentaire(s)|

Je réponds d'emblée : Pas grand-chose !


À la différence de Omar Bongo, son prédécesseur de père, qui disait que la France sans le Gabon est comme une voiture sans carburant, on ne souligne pas suffisamment la rupture opérée par Ali Bongo dans les relations entre les deux pays.
Dès 2010, il a très largement diversifié les partenariats du Gabon, au point d'avoir réduit la France à la portion congrue. Sa décision historique et courageuse d'interdire l'exportation du bois en grumes, au profit de la transformation, ce que Oligui (...)

- LIBRE PROPOS /

À la différence de Omar Bongo, son prédécesseur de père, qui disait que la France sans le Gabon est comme une voiture sans carburant, on ne souligne pas suffisamment la rupture opérée par Ali Bongo dans les relations entre les deux pays.

Dès 2010, il a très largement diversifié les partenariats du Gabon au point d'avoir réduit la France à la portion congrue. Sa décision historique et courageuse d'interdire l'exportation du bois en grumes au profit de la transformation, ce que Oligui Nguema envisage aujourd'hui avec les minerais, a mis à mal les forestiers français et l'industrie française, ce qui a provoqué des fermetures d'usines ainsi que la perte des milliers d'emplois en France.

Cette décision s'est traduite par la montée en puissance des opérateurs économiques asiatiques - Indo-Singapouriens, Chinois et Malaisiens - lesquels contrôlent aujourd'hui 80% de l'exploitation et de l'industrie forestières. Le meilleur achèvement de cette politique est symbolisé par la zone économique spéciale de Nkok qui a accueilli plusieurs dizaines d'industries de transformation dans le secteur du bois.

Dans le domaine minier, Ali Bongo a également brisé le monopole du Groupe français Eramet, les gisements de manganèse de Franceville, d'Okondja, de Ndjole sont exploités par des opérateurs économiques Indiens et Chinois, l'or par les Marocains et les Chinois.

Le Pétrole n'est pas en reste, la puissante major française Total a amorcé son désengagement depuis une dizaine d'années en cédant ses puits et ses actifs à d'autres opérateurs, anglo-saxons et asiatiques.

En termes de flux commerciaux, la Chine demeure le premier client du Gabon, absorbant plus de 30% de nos exportations, principalement en pétrole, manganèse et bois, tandis que la France, autrefois partenaire clé, ne représente plus qu'une faible part des débouchés. Nos prévisions économiques et budgétaires sont aujourd'hui plus tributaires de la conjoncture économique de la Chine que de celle de la France. Quant aux importations, il n'y a qu'à observer, dans l'automobile, le matériel et l'équipement, c'est le Japon, la Corée, la Chine et depuis peu, l'Inde qui affectent notre balance commerciale.

Au plan financier, notre principal bailleur bilatéral, c'est... la Chine, peu regardante sur les critères d'endettement et non, l'Agence Française de développement.

Au plan culturel, le nombre d'étudiants orientés dans les pays d'Afrique noire et du Maghreb excède très largement ceux qui choisissent la France.

Parlons maintenant de la diplomatie et de la France-Afrique. Mais jusqu'à quand, allons-nous enfin inscrire dans nos cerveaux qu'elle est finie, enterrée. François Hollande n'a pas mis ses pieds au Gabon en cinq ans de mandat. Trop jeune, Emmanuel Macron n'a pas connu la France-Afrique, tout comme lui, la nouvelle génération des leaders politiques français. Dès l'arrivée de Ali Bongo, Paris a cessé de devenir la banlieue de Libreville, au profit de Londres.

Enfin, quid de la présence militaire française ? Symbolique ! Que peuvent 200 hommes contre une Garde républicaine de plus de 5000 agents hyper entraînés ? De surcroît, la base militaire des Éléments français au Gabon a mué en Académie militaire. Au Gabon, comme dans les pays du Sahel, la présence des troupes françaises auraient pu empêcher les coups d'État, la non-intervention de la France de Macron est révélatrice de la nouvelle politique africaine de la France qui invite les Africains à s'assumer.

Que reste-il de l'influence française au Gabon et en Afrique ? Je répète : pas grand-chose, la France est aujourd'hui, à l'échelle mondiale, une puissance moyenne, engluée dans une crise financière qui mérite l'accompagnement du FMI, avec un taux d'endettement public de 130% du PIB. Elle n'a plus les moyens militaires et financiers d'une politique expansionniste.

Qu'en reste-t-il ? Nos mentalités de colonisés incapables de se libérer de leurs chaînes d'esclaves et les Français eux-mêmes s'en moquent.

PS. À ceux que ce texte peut laisser croire à inclinaison pro - française, l'auteur des présentes, en dépit d'avoir fait ses études en France, n'y a pas séjourné depuis plus de 20 ans, excepté une escale de 24h.

Jean-Valentin LEYAMA,
25/11/2025
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Source : https://www.gabonews.com/fr/actus/libre-propos/art...