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Audience polémique avec Ould Ghazouani : Au-dessus du vacarme, BaAba Maal poursuit sa route

Rédigé par leral.net le Jeudi 6 Novembre 2025 à 15:58 | | 0 commentaire(s)|

Par-delà les controverses et les bruissements des réseaux sociaux, Baaba Maal poursuit son chemin, fidèle à lui-même, fidèle à sa mission. L’artiste planétaire, ambassadeur de la culture peulhe et défenseur infatigable de l’environnement, a récemment été reçu en audience au Palais de la République de Mauritanie, par le président Mohamed Ould Ghazouani. Un geste diplomatique, culturel et symbolique, en apparence ordinaire, mais qui a pourtant déclenché un flot de réactions sur la toile.


Certains internautes ont jugé cette rencontre indécente et inopportune, estimant qu’un artiste de sa stature ne devrait pas dialoguer avec un chef d’État accusé par des organisations, de pratiques discriminatoires envers certaines communautés, notamment les Peuls. Pour ces critiques, le simple fait de franchir les portes du palais de Ghazouani, revenait à cautionner des pratiques d’un autre âge. Mais faut-il vraiment confondre le dialogue avec la compromission ?

Depuis plus de quarante ans, Baaba Maal s’est imposé comme l’une des voix les plus puissantes et les plus respectées d’Afrique. Il a chanté pour la liberté, pour la dignité et pour la justice. Des townships sud-africains où il s’élevait contre l’apartheid, jusqu’aux scènes internationales où il plaide aujourd’hui pour la préservation de la planète, l’artiste n’a jamais trahi ses convictions. Sa musique, son verbe et son engagement, forment un tout indissociable : un appel constant à la reconnaissance, à la tolérance et à l’unité.

Le Pulaagu, cet ensemble de valeurs morales et culturelles qui fonde l’identité peulhe — droiture, pudeur, solidarité, respect — est au cœur de sa démarche artistique et humaine. Etre le porte-voix du Pulaagu, c’est refuser la haine, c’est choisir la rencontre, même avec ceux dont on pourrait se méfier. Baaba Maal ne s’est jamais contenté de chanter pour les siens ; il chante pour tous les peuples, pour tous les opprimés, quelle que soit leur couleur, leur origine ou leur croyance.

Les minutes de son audience à Nouakchott n’ont pas été rendues publiques et cela n’a rien d’étonnant. Quand deux personnalités échangent loin des micros et des caméras, c’est souvent pour parler de choses plus grandes que soi. Il est permis de penser, sans risquer de se tromper, que Baaba Maal n’y est pas allé pour évoquer ses affaires personnelles, mais pour défendre, comme à son habitude, la cause des Haalpulaar, des communautés noires, et, au-delà, celle de tous les hommes et femmes que la société oublie.

Aucun avantage matériel, aucun calcul politique ne saurait détourner cet artiste de ce qui est l’essence même de son œuvre : le Daandé Léniol, «la voix du peuple». Ce nom, choisi il y a des décennies, reste plus que jamais d’actualité. Baaba Maal ne cherche ni prestige ni applaudissements ; il cherche à parler pour ceux qui n’ont pas toujours les moyens de se faire entendre.

La polémique qui enfle autour de cette rencontre, semble bien vaine face à l’immensité de son parcours et à la constance de son engagement. On ne peut pas passer une vie entière à chanter la dignité humaine, à défendre la nature et à prêcher la fraternité, pour soudain trahir ses idéaux, le temps d’une audience. Baaba Maal n’a pas changé ; il agit, simplement, avec la sérénité de ceux qui savent pourquoi ils sont là. Il agit pour l’unité des peuples sénégalais et mauritaniens, de part et d’autre du fleuve, qui ne saurait constituer une frontière, mais un lien ombilical.