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Audition par la police de l’ex-Dg des ADS: M. Mbaye Ndiaye va-t-il payer sa loyauté à l’endroit de son ancien ministre de tutelle, M. Karim Wade ?

Un dossier judiciaire qui rappelle l’affaire Bara Tall/Idrissa Seck.


Rédigé par leral.net le Jeudi 14 Février 2013 à 14:35 | | 0 commentaire(s)|

Audition par la police de l’ex-Dg des ADS: M. Mbaye Ndiaye va-t-il payer sa loyauté à l’endroit de son ancien ministre de tutelle, M. Karim Wade ?
Sous le régime du président Abdoulaye Wade, les coffres-forts de l’Etat renfermant les deniers publics avaient été pillés, saccagés et dévalisés avant d’être traînés dans les rues au grand bonheur des militants. Sans oublier certains ministres, directeurs généraux de sociétés et autres hommes d’affaires qui se comportaient comme des bandits partageant un butin dans un coin de rue. Un outrage financier à…peuple ! Cette qualification n’est pas exagérée puisque les Sénégalais éprouvaient un sentiment de haine et de dépit à l’endroit du régime de Me Abdoulaye Wade dont les dignitaires semaient l’argent du contribuable à tout vent ! Face à cette situation, nous étions parmi les premiers à encourager et soutenir le président Macky Sall dans l’opération Augias qu’il a déclenchée consistant à traquer les biens mal acquis sous l’ancien régime. Une opération qui a aussi pour butde localiser et ramener au pays tous les fonds volés durant les 12 ans du règne de Wade. Si cette chasse aux biens mal acquis est parfaitement justifiée, des dérapages ne sont malheureusement pas à exclure dans sa mise en œuvre. Exemple avec les mille et une convocations servies à l’ancien directeur général des Aéroports du Sénégal (Ads), M. Mbaye Ndiaye,afin qu’il comparaisse devant les enquêteurs de la police ou de la gendarmerie. A regarder de près cette affaire, en effet, tout laisse croire que nous allons assister à un remake du feuilleton judicaire « Bara Tall/Idrissa Seck », mais cette fois-ci version « Mbaye Ndiaye/ Karim Wade ». Autrement dit, des poursuites judiciaires pour délit d’amitié ou, à tout le moins, de proximité.

Certes, M. Mbaye Ndiaye a été pendant de longues années le directeur général d’une société nationale particulièrement stratégique et florissante nommée Aéroports Du Sénégal (Ads). Et comme tout directeur général de société, surtout appartenant à l’Etat, il doit rendre compte de sa gestion. Cela, personne ne songe à le contester. Cela dit, les enquêtes préliminaires menées pour le moment par la police et la gendarmerie le concernant, ainsi que les réquisitions adressées aux notaires et autres organismes financiers ont pour but de faire la lumière sur des transactions et autres fautes lourdes de gestion qui auraient permis à M. Mbaye Ndiaye de s’enrichir par le biais de marchés de gré à gré, de montages de sociétés parallèles ou fictives etc… Des mic-mac qui lui auraient permis de gagner des milliards fcfa. Oui, des milliards fcfa ! Des montants supposés détournés qui ont beaucoup alourdi ou corsé le dossier des Ads. Mais bon, sachons raison garder et ne nous emballons pas : Imagine-t-on un seul instant un simple Dg d’une société nationale, fût-elle les Ads,effectuer des transactions ou des manipulations financières se montant à plusieurs milliards cfa sans l’aval de sa tutelle ? Mbaye Ndiaye osait-il autoriser des sociétés étrangères « offshore » à exercer sur la plateforme aéroportuaire de Dakar sans l’aval de l’Etat du Sénégal ? La réponse est non, bien évidemment ! Une réponse qui tire sa logique du fait que, dans une administration étatique aussi hiérarchisée que celle du Sénégal où les établissements publics sont placés sous la tutelle de ministres, il est impossible de passer certains marchés sans en référer à son ministre de tutelle. Et dans le cas des « Aéroports du Sénégal », cette tutelle était exercée par le ministère des Transports aériens qui a été géré successivement par feu Ousmane Masseck Ndiaye, Farba Senghor et, surtout, le fils de l’ancien président de la République, Karim Wade. Bien évidemment, nous ne sommes pas dans les secrets des enquêtes menées par les gendarmes ou les policiers s’agissant de l’ancienne gestion des Ads. Seulement, il nous revient que la plupart des questions posées à M. Mbaye Ndiaye tournaient autour des pointssuivants : Comment ces sociétés offshore opérant sur la plateforme aéroportuaire de Dakar ont-elles été été montées ? Comment ont-elles été agréées au Sénégal ? Qui donnait les marchés qualifiés de gré à gré ? L’intéressé pouvait-il justifier l’origine de ses biens ? Pourquoi a-t-il eu à mener des transactions à hauteur des montants portés à leur connaissance ? Et autres questions ayant trait à des transactions présentées comme nébuleuses. On le voit, les enquêteurs tournent en rond — du moins en donnent-ils l’impression — même si, pour eux, le chemin le plus sinueux reste le plus court pour matérialiser les différentes infractions ou crimes économiques qui auraient été commis dans l’affaire Ads. Mais en réalité, les enquêteurs ne tournent autour du pot que pour pouvoir étayer une hypothèse de départ selon laquelle il y aurait une collusion criminelle entre l’ex-dg des Ads, M. Mbaye Ndiaye, et son ancien ministre de tutelle,M. Karim Wade. Une hypothèse qui a du mal à se vérifier pour le moment puisque M. Mbaye Ndiaye aurait, à maintes reprises, rejeté énergiquement les accusations portées contre lui, réduisant à néant les soupçons de collusion avec son ancien ministre de tutelle, M. Karim Wade, dans une entreprise criminelle ou maffieuse de détournement des deniers de la Nation. Toujours est-il que le déroulement de l’enquête concernant le détournement présumé de plusieurs milliards de francs aux Aéroports du Sénégal nous rappelle la manière dont l’affaire dite des chantiers de Thiès avait été traitée sur le plan judiciaire. En effet, dans cette dernière affaire, l’entrepreneur de travaux publics Bara Tall, patron du holding Talix, avait refusé de reconnaître son « crime », encore moins de cautionner, pour ne pas compromettre l’ancien Premier ministre, M. Idrissa Seck, qui était la véritable cible des faucons du Palais.C’est un secret de polichinelle, en effet, que si M. Bara Tall embastillé avait accepté de payer la caution fixée par le juge — une caution que les médiateurs de l’Etat étaient prêts à verser pour lui —, il allait emporter dans sa chute M. Idrissa Seck tout en bénéficiant d’une liberté provisoire. Hélas, ce complot politico-judiciaire machiavélique n’avait pas connu les effets politiques escomptés. En rapprochant cette affaire de l’enquête en cours concernant le détournement présumé de plusieurs milliards aux Ads, il est permis de se demander si le sort de l’ancien ministre d’Etat Karim Wade n’est pas lié aux réponses que va donner l’ex-dg Mbaye Ndiaye aux enquêteurs. Ou, a contrario, si ce ne sont pas les éléments de réponse de M. Karim Wade qui vont sceller le destin judiciaire de M. Mbaye Ndiaye. Pour le moment, bien malin est celui qui pourrait donner la réponse à ces questions. Une chose est certaine, l’ex-Dg des Ads semble devoir payer sa loyauté à l’endroit de son ancien ministre de tutelle. Une loyauté —mais aussi une compétence — dont il a fait montre à l’endroit de tous les hommes qui ont eu à diriger le ministère des Transports ariens : feu Ousmane Masseck Ndiaye, Farba Senghor, Karim Wade etc. Ce qui explique d’ailleurs qu’il ait pu bénéficier d’une prolongation lorsqu’il a atteint l’âge de la retraite à la tête des Ads.

Mieux, il nous plait de saluer les 45 ans de bons et loyaux services de M. Mbaye Ndiaye au sein des Ads qui ont pris le relais de l’Asecna Sénégal dans la gestion de tous les aéroports et aérodromes de notre pays. Et quand un haut cadre de l’ex-Asecna effectue45 ans de service dans une institution sous-régionale dont plus de 15 ans en qualité de directeur général d’une société nationale, il ne doit en principe pas aller à la retraite dans la misère. Sauf si, évidemment, on souhaitaitvoir un cadre de la dimension de M. Mbaye Ndiaye mourir dans la mendicité. Certes, aucune gestion financière au monde n’est parfaite, fut-elle celle de M. Mbaye Ndiaye. Seulement voilà, ce dernier n’a pas besoin de commettre des malversations financières pour étaler un chapelet de villas ou bénéficier d’un patrimoine important. En effet, sa première épouse faisait partie des plus grandes commerçantes du Sénégal et disposait d’une luxueuse boutique en plein centre-ville de Dakar et de Paris à l’enseigne de « Partenaire Ponty ». Jusque dans les années 90, ces boutiques faisaient courir les dakarois et parisiens. Mieux, son fils aîné du nom de Alham Ndiaye a fait fortune aux Usa où il travaillait dans l’automobile alors que son père n’était qu’un simple cadre de l’Asecna. Rentré au pays, le fils prodigue a ouvert le plus grand parc de vente de véhicules de luxe sur la Vdn à Dakar. Et ce bien avant la première alternance puisque même des enfants de dignitaires du régime du président Abdou Diouf y achetaient des bolides de luxe. La célèbre deuxième épouse de M. Mbaye Ndiaye, n’en parlons pas ! Car, durant les années 80 et 90, la richissisisme Ndella Wade partageait le top des femmes milliardaires avec feue Marième Dieng Salla. On se souvient qu’au milieu des années 80, à Ouagou Niayes, plusieurs photographes, invités et grands griots avaient fait leur premier baptême de l’air grâce à Mme Ndella Wade. Ce jour-là, lors d’une cérémonie de mariage au Nigeria, Ndella Wade avait affrété un Boeing de 200 places entre Dakar et Lagos pour convoyer les invités sénégalais de marque. Haj Mansour Mbaye ne nous démentira pas puisque c’est lui qui faisait le casting aérien. Souvenir pour souvenir, tout cela histoire de vous dire que l’ancien Dg Mbaye Ndiaye avait de quoi bâtir tout une cité, pas seulement quelques villas. Et bien avant la république des voleurs…

Pape NDIAYE

« Le Témoin » N° 1112 –Hebdomadaire Sénégalais ( FEVRIER 2013)




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