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Benno Bokk Yakaar : Une rupture inévitable, selon la presse

Comment Macky Sall pourra contenir les pulsions présidentielles d’Idrissa Seck, de Ousmane Tanor Dieng, de Khalifa Sall, de Aïssata Tall Sall, de Cheikh Bamba Dièye, de Cheikh Tidiane Gadio, de Youssou Ndour en 2017 ou 2019 ? La séparation à l'amiable ou aux forceps semble être génétiquement programmée dans cette famille composée d'alliés improbables et inattendus. Le Pays au Quotidien a commencé par recueillir le point de vue des analystes politiques et de nos confrères.


Rédigé par leral.net le Mardi 24 Juillet 2012 à 14:41 | | 0 commentaire(s)|

Benno Bokk Yakaar : Une rupture inévitable, selon la presse
«Je reprends mes activités. Thiès a souffert du combat qui a été mené contre mon humble personne et les Thièssois en ont trop souffert. J'ai mobilisé toute mon énergie pour le seul objectif du départ de l’ancien régime. L'objectif atteint, nous revenons à une situation normale. Maintenant, je suis à l'an zéro de ma vie politique». Ce coup de gong de Idrissa Seck est si lourd qu'il mérite d'être placé dans son contexte. C'est maintenant plus que jamais que l'ancien Premier ministre d'Abdoulaye Wade convoite le fauteuil président qui ne saurait être un banc. A défaut d'être quatrième président de la République, («Idy4president»), l’ancien chef de gouvernement voudrait en être le cinquième. Son âge, relativement jeune, lui permet de rêver, à juste raison. Depuis le 25 mars dernier, le champ politique souffre d'une absence d'opposition à l'énergie contradictoire. "Si tout le monde dit la même chose, c'est que personne ne réfléchit", dit-on. Monsieur Seck a donc compris que "s'il veut continuer d'exister politiquement, il doit impérativement se faire entendre", nous glisse un de ses lieutenants.

Comme s'ils s'étaient passé le mot, le chef du desk politique du quotidien Walfadjiri, Gorges Nesta Diop, conforte ces propos : «au regard des intérêts des uns et des autres, le divorce est inévitable. On n’a même pas besoin d’être un analyste politique pour s’en rendre compte». Il se demande ce qui peut empêcher un leader politique comme Idrissa Seck de se préparer pour la prochaine présidentielle.

D’ailleurs, selon Nesta Diop, le premier candidat potentiel de 2017 à quitter le navire de la coalition sera, sans nul doute, le maire de Thiès. Et tout se dessinera à partir de 2014 ou au plus tard 2015. «La logique politique voudrait que Rewmi quitte assez tôt la mouvance présidentielle pour remobiliser ses troupes. L’exemple Diouf-Wade peut lui servir de leçon», préface déjà notre voisin de Walfadjiri.

Pour lui, tous les alliés qui voudront rester au gouvernement ou dans la mouvance présidentielle, risquent de perdre leurs militants au profit de l’Alliance pour la République (Apr). Nesta Diop cite l’exemple de Djibo Ka qui reste un monument de la vie politique nationale. «Le vrai adversaire de Macky Sall en 2017 reste Idrissa Seck. Le Parti socialiste aura son candidat, mais il sera moins dangereux que Rewmi. Quant à l’AFP, que restera-t-il de ce parti après le départ Moustapha Niasse, alors que le Pds survivra difficilement de Abdoulaye Wade ?» s’interroge, avec sagacité, notre confrère.

Guerre des égos

S’agissant de Youssou Ndour, Georges Nesta Diop pense que l’artiste interplanétaire ne quitterait pas le navire de BBY pour des ambitions présidentielles. «En réalité, Youssou Ndour s’était battu plutôt pour le départ de Wade que pour être élu président de la République, même si sa candidature était validée. Il a certes des moyens de pression [allusion faite à son groupe de presse : un quotidien, une radio et une télévision, entre autres]. Mais, au plan politique, il ne fait pas trembler Macky Sall et son régime". Mais l'assurance de Georges Nesta Diop est tempérée par le doute philosophique du chef du desk politique du Quotidien, Soro Diop.

«Je ne sais pas sur quelle base, ils prédisent l’implosion immédiate de la Coalition présidentielle», s’interroge Soro Diop. Avant de faire parle son bon-sens : « les alliés de Macky Sall n’ont aucun intérêt à se retrouver aussi rapidement dans l’opposition au regard des pouvoirs dont ils disposent au sein des pouvoirs exécutif et législatif. La mort de la coalition présidentielle n’est pas imminente. Ces gens ont pris ensemble des engagements devant le peuple, c'est-à-dire, après avoir gagné ensemble, gouverné ensemble pour le bien-être des Sénégalais. Naturellement, la logique politique voudrait que de futurs candidats comme Idrissa Seck, les nouveaux leaders du PS, de l’AFP mais aussi de probables nouvelles forces politiques soient sur le terrain en 2017», signe Soro Diop.

Au demeurant, le divorce est inévitable mais pas dans l’immédiat. Soro Diop envisage cette possibilité vers 2015 au plus tôt, voire 2016 au plus tard : soit un an avant la présidentielle. Toutefois, il a soutenu qu’en politique, rien n’est constant. Les choses peuvent changer du jour au lendemain. Surtout que les alliances en politique ne sont pas forcément des mariages où on vit ensemble pour le meilleur et le pire.

Le grand reporter à L’Observateur, Pape Sambaré Ndour, est plus que jamais convaincu que Benno Bokk Yaakaar va vers une implosion inéluctable. «C’est pour quand, cette fracture ?», s’interroge-t-il. Avant d’ajouter qu’elle est inéluctable. D’autant plus que le choc des ambitions et la guerre des égos est une réalité politique. Pape Sambaré Ndour soutient que même si des alliés veulent rester dans les lambris du pouvoir aussi longtemps que possible, leurs bases ne suivront pas. Citant l’exemple de Moustapha Niasse de l’AFP, pressenti au perchoir de l’Assemblée nationale, et Ousmane Tanor Dieng (PS) qui n’ont aucune ambition politique dans l’avenir, eux, voudront rester en alliance avec Macky Sall. Mais, à leurs risques et périls car, analyse notre confrère, les jeunes de leurs formations respectives, à l’image de Khalifa Sall et Aissata Tall Sall du PS, et de Malick Gakou de l’AFP, voudront s’affranchir.

Elections locales de 2014

Ce qui fait dire à Pape Sambaré Ndour, que "BBY ne survivra pas aux chocs des ambitions des leaders qui le composent". Qui plus est, ces leaders n’ont pas la même appréciation des conclusions des Assises nationales. Des personnalités de BBY comme Mansour Sy Diamil et Mamadou Lamine Diallo pointent un doigt accusateur sur Macky Sall qui veut reléguer, au second plan, ces dites conclusions.

Le Président Sall semble bafouer plusieurs recommandations des assises nationales, notamment celles relatives à la nomination d’un ministre de l’Intérieur partisan, ou encore sa volonté de rester chef de l’Etat en même Chef de parti (APR)… En effet, ces leaders précités se demandent si Macky Sall croit réellement aux Assises nationales.

Par ailleurs, Pape Sambaré Ndour souligne qu’Idrissa Seck, en déclarant être à l’an zéro de sa vie politique, lance un message fort à Macky Sall. Il sera son véritable adversaire à la présidentielle de 2017. Toujours est-il que le maire de Thiès n’attend que le moment opportun pour quitter la coalition présidentielle pour devenir un candidat redoutable, après avoir analysé avec une lucidité effrayante ses erreurs du passé.

Notre confrère de l’Observateur affirme que les élections locales seront une date charnière dans la vie de la coalition présidentielle. Si l’APR décide d’aller seule à ces échéances, elle prend la responsabilité de signer volontairement le certificat de genre de mort de BBY. Or, les investitures en prélude à ces élections provoqueront partout des frustrations et certains leaders seront contraints de quitter le navire présidentiel.

«Le choix des élus locaux n’est jamais une chose facile au sein des partis, à plus forte raison au sein d’une grande coalition, qui comporte plus de 60 formations politiques. La rupture est inévitable. Au plus tard en 2015, BBY risque de devenir un mauvais souvenir à l’image de Benno Siggil Sénégal. C’est une évidence», anticipe notre confrère.

S’agissant des autres potentiels candidats comme Youssou Ndour, leader du mouvement politique «Fekke maci bole», tout dépendra de son compagnonnage avec Macky Sall, au regard de ses intérêts. Dit autrement, si Macky Sall ne touche pas aux intérêts du roi du mbalax, «leur couple» résistera à la tyrannie de leurs ambitions.

Pour finir, revenons à l’emblème de l’APR qui est le cheval : « [cet animal] est dangereux devant, dangereux derrière et inconfortable au milieu », nous avons cité Winston Churchill.

Maké DANGNOKHO

Lesenegalais