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Chambre criminelle - trafic de drogue Le musicien «trafiquant de drogue» de luxe risque 12 ans de travaux forcés

Se disant musicien, David Dieng risque de passer 12 ans derrière les barreaux. Jugé hier par la Chambre criminelle de Dakar, l’accusé qui a donné du tournis aux gendarmes au moment de son arrestation, a servi une toute autre histoire. Cependant, convaincu de sa culpabilité, le procureur de la République a requis 12 ans de travaux forcés.


Rédigé par leral.net le Mercredi 4 Juillet 2018 à 10:33 | | 0 commentaire(s)|

Sacré David Dieng ! S’il y a un accusé particulier, c’est bien lui. Personne ne peut dire qui il est vraiment. Même sur son identité, rien n’est clair. Il donne des noms de parents qui n’existent pas, se crée une épouse qui le dément et bricole un environnement musical qu’il est difficile de vérifier.

Le supposé artiste de 37 ans, qui se dit domicilié aux Almadies, aurait sorti un album aux Etats-Unis et serait au Sénégal pour l’émission d’un autre. Nigérian qui, avec un faux acte de naissance, a obtenu une pièce d’identité, David est inconnu des fichiers. Hier, mardi 03 juillet 2018, il a comparu pour trafic de drogue, blanchiment de capitaux, faux et usage de faux dans un document administratif, rébellion.

D’ailleurs, avant sa chute, il en a fait voir de toutes les couleurs aux enquêteurs de la Section de recherches de la Gendarmerie. C’était en 2015. Ayant appris qu’un individu de nationalité nigériane, du nom de David Dieng, également appelé Pablo Didier alias Dji, animait un réseau de trafic de cocaïne en utilisant des véhicules de luxe pour effectuer ses livraisons dans le secteur de Ngor et Almadies, ils l’ont localisé le 28 février 2015, à la boulangerie «Brioche Dorée» de Ngor.

Au volant du véhicule de type Ford Fusion immatriculé DK 2521 AX, il livrait de la drogue à un client. Malgré les sommations des gendarmes, il s’échappe. Ce, après une course-poursuite au cours de laquelle, il abandonnait ledit véhicule pour s’enfuir à bord d’une autre de marque Toyota. Au passage, il blesse un des gendarmes. Le même jour, au cours d’une livraison, il réussissait, à nouveau, à échapper aux gendarmes en utilisant une route en contresens.

«Après une jeunesse aux Etats-Unis, j’étais au Sénégal pour mon album»

Le 2 mars 2015, il est localisé au parking de l’hôtel «Terrou Bi» pour une livraison. Il est arrêté à la cité militaire Claudel après avoir heurté un mur ainsi que le véhicule de patrouille des gendarmes. Ces derniers saisissent, sur les lieux de son interpellation, 33 grammes de cocaïne qu’il avait jetés sous leurs yeux. Chez lui, trois joints de chanvre indien, les sommes de 2,309 millions de FCfa, 1 914 Dollars, 3 355 Euros et 1 000 Escudos, deux véhicules de marques Ford et Toyota ainsi que des appareils électroménagers sont saisis.

Sur l’extrait de naissance du centre principal d’Etat-civil de Grand-Dakar, établi au nom de David Dieng, il déclare l’avoir reçu de sa mère avant de l’utiliser pour se faire établir une carte d’identité et un passeport. Il se disait aussi originaire de Ouakam où il déclarait avoir encore de la famille. Au cours de l’enquête, le chef du centre principal de Grand-Dakar attestait que l’acte de naissance établi au nom de David Dieng, n’était pas répertorié dans leur registre. Quant au directeur de l’Automatisation des fichiers, il confirmait l’établissement d’une carte d’identité nationale au nom de David Dieng avec ledit extrait.

A la barre, il nie les faits, sauf la drogue qui, selon lui, était pour sa consommation personnelle. «Après avoir fait ma jeunesse aux Usa, je suis retourné au Sénégal pour la préparation d’un album, mais malheureusement, ça n’a pas abouti à cause de mon arrestation. D’ailleurs, les 4 millions trouvés à mon domicile étaient destinés à la réalisation de cet album.» Pour le Procureur, «personne ne connaît sa famille, même après l’enquête de personnalité». Pour son avocat, Me Bamba Cissé, la preuve que son client est un trafiquant n’a pas été rapporté. Evoquant un à un les points de l’infraction, il estime que le Parquet n’a pas un bon dossier. Le 7 août prochain, la Chambre délibérera.




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