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Suspension Reprise des Bourses de Sécurité Familiale : La Cave de Wakhinane Nimzatt, Par le Maire Racine Talla !

Pourvu que la haine politique ne déchire plus les mailles du filet social
On le sait : dans nos contrées, l’alternance politique rime trop souvent avec rupture brutale, peu importe les conséquences sociales. Pourtant, il est des politiques publiques qui devraient transcender les clivages partisans tant leur portée humaine est grande.


Rédigé par leral.net le Dimanche 29 Juin 2025 à 11:12 | | 1 commentaire(s)|

C’est le cas du Programme National de Bourses de Sécurité Familiale (PNBSF), l’un des marqueurs les plus puissants de la politique sociale impulsée dès 2012 par le Président Macky Sall. Ce programme, adossé à la Délégation Générale à la Protection Sociale et à la Solidarité Nationale (DGPSN), a vu le jour par le décret n° 2012-1311 du 16 novembre 2012, avec l’ambition de lutter contre l’exclusion et la pauvreté structurelle.

Dès 2013, 50 000 ménages vulnérables ont été enrôlés, chiffre qui n’a cessé de croître pour atteindre 355 626 bénéficiaires en 2024. Grâce à une bourse trimestrielle initiale de 25 000 FCFA, portée à 35 000 FCFA en 2023 (soit 140 000 FCFA annuels), le programme permettait d’améliorer le quotidien des familles bénéficiaires en favorisant la scolarisation des enfants, la tenue à jour du carnet de vaccination des 0–5 ans, et plus largement le renforcement du capital humain.

Le coût annuel du programme avoisine aujourd’hui les 51,4 milliards de FCFA, financés intégralement par l’État du Sénégal, avec un paiement digitalisé en cours sur l’ensemble du territoire. Le troisième trimestre de 2023, payé en juin 2024, a déjà concerné 277 604 bénéficiaires (78%), pour un montant de 9,7 milliards de FCFA injectés dans l’économie des terroirs.

Malgré l’importance stratégique et sociale de cette politique, sa suspension brutale lors de l’installation du nouveau régime a semé la stupeur. Si l’on peut entendre l’argument de la nécessité d’actualiser le Registre National Unique (RNU) — ce registre d’or de la protection sociale sénégalaise — rien ne justifiait que cette opération bloque les paiements et plonge des milliers de familles dans une précarité extrême, d’autant plus que la mise à jour du RNU avait été initiée depuis plusieurs mois par l’administration précédente.

Ce RNU, institutionnalisé par le décret 2021-1052, est devenu la base de ciblage de toutes les politiques sociales. Son extension à 1 million de ménages est aujourd’hui achevée à plus de 94 %, avec 1 037 742 ménages enrôlés et un processus transparent mené avec l’appui de la Banque mondiale, de l’ANSD, du Développement communautaire et de la société civile.

Il est donc regrettable que cette actualisation, au lieu d’être un levier d’amélioration, ait été utilisée comme prétexte pour interrompre une politique sociale efficace. À l’heure où les autorités actuelles annoncent une reprise des paiements, il est impératif que les arriérés soient régularisés, ne serait-ce que par souci de justice sociale et de dignité. Car on ne suspend pas un filet social comme on change un slogan de campagne.

Il serait illusoire de présenter comme un “acte généreux” ce qui n’est qu’un retour à l’ordre républicain. La solidarité nationale n’est pas un privilège de parti. Elle est une obligation morale, constitutionnelle et citoyenne. Il est urgent de replacer l’humain au cœur de l’action publique, loin des règlements de comptes politiques et des effacements idéologiques.

Les Sénégalais attendent de leurs dirigeants de la constance, non de la revanche. Le PNBSF a démontré sa pertinence, son efficacité et sa popularité. Il a été un modèle copié dans plusieurs pays africains. Il est donc temps que le bon sens social reprenne ses droits, que l’équité prime sur l’ego, et que la discrétion et la dignité des plus vulnérables ne soient plus sacrifiées sur l’autel de la discorde politicienne.
Par Monsieur le Maire Racine Talla !