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Changement à la tête de la Sonatel : Entre rumeurs, tensions et guerre d’intérêts

Alors qu’une campagne persistante annonce le départ imminent de Sékou Dramé, directeur général de Sonatel, les autorités sénégalaises n’ont, à ce jour, acté aucune décision officielle. C’est ce qu’indiquent des sources proches du dossier, qui dénoncent une tentative de manipulation de l’opinion.


Rédigé par leral.net le Jeudi 17 Juillet 2025 à 11:01 | | 0 commentaire(s)|

Depuis la session d’avril dernier du Conseil d’administration de Sonatel, la question d’un éventuel changement à la direction générale reste en suspens. Selon des informations recoupées, l’État du Sénégal — actionnaire stratégique — a exigé, avant toute décision, une réévaluation du mode de gouvernance de Sonatel, considérée comme l’un des fleurons de l’économie nationale. Jusqu’ici, ce préalable n’a pas encore été réalisé.

Conséquence : toute information laissant croire que la décision de remplacement de Sékou Dramé serait entérinée est, selon plusieurs sources, « infondée et prématurée ».

La fronde syndicale et l’ombre d’Orange

Dans une lettre ouverte adressée au chef de l’État, l’Intersyndicale des travailleurs de Sonatel, par la voix de son secrétaire général Mouhamadou Lamine Badji, dénonce la volonté supposée du partenaire technique Orange de désigner un successeur à Sékou Dramé. Le nom évoqué ? Celui de Brelotte Bâ, actuel directeur général adjoint d’Orange Afrique et Moyen-Orient.

Bien que Sénégalais, ce choix est perçu par les travailleurs comme une tentative de mainmise d’Orange sur Sonatel, au détriment des intérêts sénégalais. « Le profil proposé est formaté pour défendre les intérêts d’Orange France et non ceux du Sénégal », accuse l’Intersyndicale.

Au-delà des questions de gouvernance, ce dossier illustre la tension grandissante entre souveraineté économique et logiques de multinationales. Car Sonatel reste un pilier stratégique : leader incontesté des télécoms au Sénégal et acteur régional incontournable.

D’ailleurs, le syndicat avertit : « Accepter ce projet de changement sans débat équitable, c’est offrir sur un plateau l’avenir de Sonatel à Orange, et signer un renoncement grave à défendre les intérêts nationaux ».

Autre motif d’indignation : l’idée que le prochain Conseil d’administration prévu le 24 juillet puisse se tenir à Paris. Un choix jugé « inacceptable » par les syndicats qui plaident pour une réunion dans l’une des capitales africaines où Sonatel est implantée. « Au nom de la dignité des Africains. Le néocolonialisme, on en a assez ! », tonne Lamine Badji.

Des performances en hausse, dans un contexte tendu

Il faut rappeler que sous la direction de Sékou Dramé, Sonatel a réalisé des performances remarquables, en dépit des crises successives, notamment la pandémie de Covid-19 et la concurrence exacerbée de nouveaux entrants comme Wave. Ces résultats sont brandis comme argument par ses soutiens pour tempérer les velléités de changement.

Dans ce climat électrique, tous les regards se tournent désormais vers le président Bassirou Diomaye Faye. Le chef de l’État est appelé à garantir la préservation des intérêts sénégalais dans une entreprise aussi stratégique que Sonatel.
Source EnQuête