Leral.net - S'informer en temps réel

Chantiers Navals de Dakar : le retrait de Lisnave révèle les risques d’une transition mal préparée

Rédigé par leral.net le Samedi 22 Novembre 2025 à 21:28 | | 0 commentaire(s)|

Sénégal Atlanticactu / Dakar / Hamet L’annonce officielle du retrait de Lisnave International de l’appel d’offres pour la reprise des Chantiers Navals de Dakar (ex-Dakarnave) a provoqué une véritable secousse dans le secteur maritime ouest-africain. Loin d’être une décision impulsive, le groupe portugais affirme avoir mené une analyse approfondie du cahier des charges et des […]
Sénégal
Atlanticactu / Dakar / Hamet
L’annonce officielle du retrait de Lisnave International de l’appel d’offres pour la reprise des Chantiers Navals de Dakar (ex-Dakarnave) a provoqué une véritable secousse dans le secteur maritime ouest-africain. Loin d’être une décision impulsive, le groupe portugais affirme avoir mené une analyse approfondie du cahier des charges et des conditions économiques proposées par l’État du Sénégal. Son départ pose désormais une série de questions fondamentales sur la crédibilité et la viabilité du processus de sélection en cours.
Un partenaire historique qui a façonné l’industrie navale sénégalaise car arrivé au Sénégal en 1999, Lisnave — à travers la société Dakarnave — a profondément transformé l’outil industriel local. Le groupe a modernisé les infrastructures, formé des générations de techniciens et structuré un écosystème complet de sous-traitants et de partenaires économiques.
En 26 ans, il a repositionné Dakar comme un hub régional majeur de la réparation navale.
La sortie d’un acteur ayant autant investi et accompagné la montée en compétence locale ne peut être considérée comme un simple incident : elle marque la fin d’un cycle et ouvre une phase d’incertitude où les risques industriels, sociaux et opérationnels sont particulièrement élevés.
Pourquoi Lisnave a renoncé : un cahier des charges jugé « non soutenable » car dans ses communications publiques, Lisnave pointe plusieurs faiblesses structurelles du projet proposé. Le groupe estime que les conditions financières, réglementaires et contractuelles ne garantissent ni la continuité d’exploitation ni la sauvegarde des emplois.
Les principales zones d’incertitude concernaient :
la sécurisation des financements nécessaires à la reprise ;
les modalités de transition entre l’opérateur sortant et le futur gestionnaire ;
la prise en charge des risques en cas de ralentissement ou d’arrêt d’activité ;
la protection et la continuité des acquis sociaux des travailleurs.
Face à un montage considéré comme trop fragile pour garantir la viabilité du chantier à long terme, Lisnave a préféré se retirer plutôt que de s’engager dans un projet incertain
Avec cette sortie, l’État du Sénégal — via la SIRN, le ministère de la Pêche et de l’Économie maritime et la Primature — se retrouve devant trois impératifs stratégiques :
1.⁠ ⁠Préserver les acquis sociaux
Les travailleurs disposent d’une ancienneté, de droits consolidés et de dispositifs organisationnels construits sur plusieurs décennies. Un repreneur insuffisamment préparé pourrait fragiliser cet équilibre.
2.⁠ ⁠Assurer la continuité industrielle
Un chantier naval ne se limite pas à ses installations : il repose sur un portefeuille clients, des compétences techniques pointues, des fournitures spécialisées et une chaîne d’activités intégrée. Toute rupture opérationnelle pourrait avoir des conséquences durables.
3.⁠ ⁠Sauvegarder la crédibilité du processus d’appel d’offres
Si le cahier des charges repousse les opérateurs les plus compétents, le risque est de déboucher sur une attribution par défaut, ou sur un échec pur et simple. Le retrait de Lisnave constitue, à ce titre, un avertissement sérieux.
Selon plusieurs sources médiatiques, seules deux offres auraient finalement été déposées — notamment par Damen et Jobson Italia — après le retrait d’autres acteurs initialement intéressés.
Une question centrale se pose donc : les candidats encore en lice disposent-ils réellement de la solidité financière, de l’expertise technique et des garanties sociales nécessaires ?
Les critères à évaluer avec la plus grande rigueur sont :
la capacité financière et l’engagement d’investissement ;
l’expérience prouvée dans la gestion de chantiers comparables ;
des engagements fermes concernant les emplois, la formation et les acquis sociaux ;
un plan d’exploitation crédible assurant la continuité des contrats et des services
Sans garanties solides, le risque est de confier un outil stratégique à un opérateur incapable de maintenir le niveau d’activité ou tenté de réduire les coûts au détriment des travailleurs et du tissu industriel local.
Une attribution précipitée ou mal préparée pourrait entraîner :
des suppressions d’emplois ou des mises en chômage technique ;
l’effondrement du réseau de sous-traitants et fournisseurs ;
la perte de clients régionaux au profit de chantiers concurrents ;
un recul de la position stratégique du Sénégal dans la réparation navale en Afrique de l’Ouest.
Autant de scénarios que Lisnave dit vouloir éviter, expliquant son retrait
face à un montage jugé trop fragil


Source : https://atlanticactu.com/chantiers-navals-de-dakar...