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Circulation routière à Dakar: Les Jakartamen sèment la terreur, le désordre et la mort

Les rues de Dakar et de nombre de villes de l’intérieur, sont conquises par les Jakartamen. Ces “Deux-roues” font fi du code de la route et roulent dans tous les sens, semant le désordre, la terreur et la mort.


Rédigé par leral.net le Lundi 27 Mai 2024 à 18:37 | | 0 commentaire(s)|

Circulation routière à Dakar: Les Jakartamen sèment la terreur, le désordre et la mort
Qui pour arrêter les Jakartamen ? La question s’impose au regard du spectacle terrifiant que ces engins à deux roues imposent aux Sénégalais. Revenu des urgences dans un hôpital de la banlieue dakaroise, où il a accompagné son frère, Alioune Fall (appelons ainsi pour masquer son identité) s’est dit choqué par l’état d’un jeune garçon victime d’un accident. L’état quasi-désespéré du garçon ne l’a plus quitté. “Les accidents qui occasionnent des transferts en urgence, impliquent pour la plupart, les Jakartamen”, s’est-il entendu dire.

Sur 5 cas d’urgence, 3 relèvent d’accidents causés par ces engins de la mort”, se désole Alioune Fall, qui dit tenir cette assertion d’un agent de santé. “Même les évacuations opérées par les sapeurs-pompiers, partent le plus souvent de drames causés par ces motocyclistes”, ajoute-t-il. “Les Jakartamen sèment la terreur, le désordre et la mort”, martèle-t-il. Il ne passe plus de jour où des drames sont causés ou évités de justesse par ces “deux-roues”. Là, c’est un écolier qui échappe de peu à la furie d’un Jakartaman, ici, une jeune femme ou un vieux remercient le ciel pour avoir été sauvé d’une mort certaine. Ces engins de la mort se révèlent dangereux en cas d’embouteillage.

Les piétons qui croient trouver l’occasion en or de traverser en toute quiétude, se trouvent parfois nez-à nez devant une moto jakarta. Si le conducteur de la moto parvient à freiner net, il ne se privera pas d’abreuver d’imprécations le “fautif”. Irrespectueux des règles du code de la route, les conducteurs de “deux-roues” redoublent d’ingéniosité à se faufiler dans les moindres espaces. Ils cultivent à merveille l’art de trouver du chemin entre les véhicules qui avancent lentement. Et au même moment, les piétons sont entre le marteau des Jakartas et l’enclume des automobilistes, qui quittent la chaussée pour rouler à vive allure sur le trottoir.

D'après le journal "Point Actu", le spectacle offert par les Jakartamen frise l’enfer en ces veilles de fête. “Ils roulent dans tous les sens et n’ont aucune maîtrise du code de la route”, témoigne Mor Guèye, conducteur de Ndiaga Ndiaye sur l’axe HLM-Guédiawaye. “La plupart de ces conducteurs de ‘Deux roues’ débarquent de l’intérieur du pays, avec un engin le plus souvent payé par un parent émigré en Italie ou en Espagne”, déroule Mor Guèye.

Venant fraîchement de l’intérieur du pays, ils ne connaissent pas les rues de la ville. “Nombre d’entre ces Jakartamen n’ont pas totalement fini d’apprendre à conduire ces engins”, témoigne Ousmane Fall, apprenti accroché au marche-pied du Ndiaga Ndiaye de Mor Guèye. “Nous ne leur faisons aucun cadeau”, martèle Mor Guèye, qui dit avoir mille et une anecdotes terrifiantes de ces Jakartamen. “Tu ralentis pour permettre aux jeunes écoliers de traverser la chaussée, ils en profitent pour filer à vive allure”, se plaint vigoureusement Mor, ajoutant que ce cas de figure a causé beaucoup d’accidents. Si par chance, le piéton s’en tire sans égratignure, le conducteur de Jakarta étale une indiscipline notoire sur le piéton. “Ils s’estiment avoir toujours raison et que les autres ont tort”, renchérit Ousmane Fall. “C’est le même spectacle dans toutes les villes du pays”, raconte Demba Ndiaye, ressortissant de l’intérieur du pays.

En période d’hivernage, ces engins font la loi, faute de taxis. Les clandos refusent, en effet, de circuler pour éviter les ennuis techniques. C’est le cas dans une ville comme Ourossogui, où la moindre averse inonde les rues. Les populations, notamment les femmes qui ont une peur bleue des moto-taxis, se rabattent, faute de solution, sur ces engins. “Quand je monte sur une moto, je ne suis jamais tranquille tant que je n’arrive pas à destination. Le conducteur ne cesse d’ailleurs de me demander de me tenir droit”, témoigne cette dame.

Le ministère de l’Intérieur s’efforce de temps en temps, de mettre de l’ordre dans la fourmilière. “Mais, les agents de police semblent, aujourd’hui, débordés par cette “corporation”, visiblement tolérée par les pouvoirs publics. Les Jakartamen ont, en effet, partout leur “gare routière” et sont reconnaissables par des gilets offerts par les politiciens ou que la police leur impose”, constate Alioune Fall. Il y a quelques années, dans la ville de Thiès, des conducteurs de moto Jakarta avaient terrorisé le policier Makha Fall alias El Capo, jusqu’à son exfiltration à Dakar.

La riposte des policiers avait été d’envergure. Une opération menée par les cinq commissariats de la Cité du Rail et dirigée par le commandant du Corps urbain, capitaine Babacar Mbaye, sous la supervision du Commissariat central de Thiès, avait permis de mettre la main sur 200 motos Jakarta pour défaut de port de casque de sécurité. L’opération, qui avait mobilisé plus de 100 policiers, avait permis d’immobiliser des centaines de motos pour circulation non autorisée. De telles opérations, hélas, sporadiques, ouvrent la voie aux Jakartas qui semblent avoir encore de beaux jours devant eux.

Ousmane Wade