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Concertation entre les acteurs de la filière et leur ministère : L’arachide vers une campagne de commercialisation mieux "huilée"

Une concertation entre le ministère de l’Agriculture et les principaux acteurs de la filière arachidière, a abouti à la décision de ne plus laisser les Chinois réguler la commercialisation de l’arachide. Mais aussi, à veiller à ce que les producteurs bénéficient en priorité de leur travail.


Rédigé par leral.net le Vendredi 24 Septembre 2021 à 10:59 | | 0 commentaire(s)|

Concertation entre les acteurs de la filière et leur ministère : L’arachide vers une campagne de commercialisation mieux "huilée"
Le Sénégal s’oriente vers une limitation de l’exportation de l’arachide, et vers une libéralisation du marché qui doit profiter aux producteurs locaux, et vers une réforme de l’interprofession. Les premiers jalons en seront posés au plus tard le 30 octobre prochain.

C’est, du moins, parmi les annonces qui ont été faites à la suite de la rencontre entre le ministre de l’Agriculture et de l’équipement rural (Maer), Moussa Baldé, et plusieurs structures du monde rural, avant-hier mercredi 22 septembre, dans les locaux du ministère à Diamniadio.

Il y avait notamment, les principales organisations de producteurs agricoles, à savoir, le Conseil national de concertation et de coopération des ruraux (Cncr), le Cadre de concertation des producteurs d’arachide (Ccpa), l’Association des producteurs du bassin arachidier (Apba), le Réseau national des coopératives de producteurs de semences (Rncps), l’Association sénégalaise pour la promotion du développement à la base (Asprodeb).

Ces producteurs étaient accompagnés de l’ensemble des huiliers privés du pays, les industries Copéol Sénégal, West african oil (Wao) et Ssi Industrie. Mais il y avait également les producteurs artisanaux regroupés au sein du Rasiaat (Regroupement des acteurs du secteur industriel et agro-alimentaire de Tou¬ba).


Il faut croire que tous les interlocuteurs dans leur ensemble, étaient conscients de l’importance des questions à traiter et des réponses à y apporter. Les campagnes arachidières des années passées ont été des sujets à controverse, et il fallait en finir avec cet état de fait.

Les principaux acteurs de la filière arachidière ont présenté au ministre, leur analyse des dysfonctionnements des campagnes passées et les réformes qu’ils proposent pour y remédier. Ils ont souligné la quasi-disparition de la transformation locale de l’arachide au cours des deux dernières campagnes, l’essentiel de la production ayant subi un décorticage rudimentaire, sans nettoyage, tri, ni criblage, pour être exporté tel quel vers la Chine où elle a servi de matière première à l’industrie chinoise.

Les industriels ont expliqué que cet état de fait ne résultait en rien d’un problème de capacité ou de compétitivité de leur part. Ils ont au contraire pointé la duplicité des autorités chinoises qui, tout en signant un accord pour pouvoir acquérir la matière première sénégalaise, ont contrevenu aux règles de l’Organisation mondiale du commerce en taxant lourdement, voire interdisant l’importation, en provenance du Sénégal, des produits arachidiers transformés, l’huile et le tourteau.

Cette distorsion a conduit à la disparition de milliers d’emplois de l’économie nationale, transférés en Chine et fait peser un risque majeur sur la filière puisque celle-ci devient dépendante d’un unique débouché qui est l’industrie chinoise.

La proposition des acteurs sur ce sujet a été de n’autoriser l’exportation que des produits transformés, à savoir, la graine entière, l’huile et le tourteau. La transformation primaire (le décorticage-triage) s’effectuera sur le sol national et une partie de la production alimentera les huileries locales et satisfera ainsi la demande nationale et internationale en huile sénégalaise dont la réputation de qualité est connue de tous.

Les acteurs ont également appelé à achever la libéralisation de la commercialisation de l’arachide pour qu’elle profite aux producteurs, en instaurant une concurrence à l’achat qui aura un effet positif sur les prix. Ils ont souligné l’obsolescence et l’inadaptation au contexte, des textes réglementaires et du système dit «carreau-usine» qui date de l’époque où n’existait qu’un acteur monopolistique. Et dans le même esprit d’augmenter le revenu des producteurs, les acteurs ont également appelé à la suppression de la taxe à l’exportation, qui impacte directement le prix bord champs.

La léthargie du Conseil national interprofessionnel de l’arachide (Cnia) a été considérée comme responsable de l’inadaptation de la filière aux nouvelles réalités.

Le ministre Moussa Baldé a de son côté, rappelé ses objectifs pour une campagne de commercialisation réussie. Il s’agit pour lui, d’un prix qui soit le plus favorable possible au producteur, d’un enlèvement rapide de la production et du maintien du maximum de la valeur ajoutée et donc de l’emploi au Sénégal.

Analysant une à une les propositions des acteurs, il s’est félicité de ce qu’elles correspondent aux objectifs ainsi définis et a exprimé la volonté qu’elles soient rapidement concrétisées. Il a décidé de la mise en place, sous son autorité, d’une commission élargie à l’ensemble des acteurs publics concernés, à savoir les ministères du Budget, de l’Economie, de l’Industrie, du Commerce et la Sonacos ainsi qu’aux exportateurs privés.

Anticipant sur une bonne récolte, il a fixé pour objectif que cette commission rende ses conclusions au plus tard le 30 octobre afin que toutes les dispositions soient prises avant le démarrage de la campagne de commercialisation.
Lequotidien.sn