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Considérant l’argent du pétrole révélé par le rapport ITIE 2024, d’introuvable : Gueum Sa bopp saisit le Pôle judiciaire financier

Se fondant sur le rapport ITIE 2024, la coalition Gueum Sa Bopp ‘’Les Jambars’’, considérant que l’argent du pétrole reste introuvable, va saisir, ce mardi, le Pôle judiciaire financier (PJF). Sont visés par cette plainte, le Premier ministre, Ousmane Sonko, le ministre de l’Energie, Biram Soulèye Diop, et le Dg de Pétrosen, Talla Guèye. Car, pour Gueum Sa Bopp, aujourd’hui, le propre rapport de l’État démontre que des corrections urgentes s’imposent, sous le contrôle de la justice.


Rédigé par leral.net le Mardi 30 Décembre 2025 à 14:18 | | 0 commentaire(s)|

D'après "Kritik", « Gueum Sa Bopp, "Les Jambaars", informe l’opinion nationale et internationale, de sa décision de saisir le Pôle Judiciaire Financier (PJF), ce mardi à 11 heures, sur la base des constats graves, précis et officiellement validés, contenus dans le Rapport ITIE 2024, document public endossé par l’État du Sénégal », mentionne d’entrée, le communiqué.

Précisant que ce rapport est censé garantir la transparence dans la gestion des ressources extractives, Bougane Guèye & Cie d’indiquer que ledit document met en lumière des manquements systémiques, qui engagent directement la responsabilité politique, administrative et institutionnelle de l’État, au plus haut niveau de l’exécutif.

Fort de ce constat, Gueum Sa Bopp de souligner que la plainte vise, au regard de leurs attributions respectives, la responsabilité d’Ousmane Sonko, Premier ministre, chef du Gouvernement, garant de la cohérence et de la sincérité de l’action gouvernementale ; Biram Soulèye Diop, ministre des Mines et de l’Énergie, autorité de tutelle directe du secteur extractif et Talla Guèye, Directeur général de PETROSEN, bras opérationnel de l’État dans la gestion pétrolière et gazière. Toutefois, ils précisent qu’ils ne s’agit ni de procès politique, ni d’acharnement personnel, mais de l’exercice d’un droit citoyen face à des faits documentés, que seule la justice est habilitée à qualifier.

Étayant leur propos, Bougane et ses camarades d’argumenter : Le Rapport ITIE 2024 reconnaît que le rapprochement des revenus extractifs pour l’année 2024 n’a couvert que 91,89 % des flux, laissant subsister un écart non réconcilié de 2,48 milliards FCfa (section 1.3, pp. 24–25). Si cet écart est qualifié de « non significatif » au sens technique de la Norme ITIE, il est politiquement, financièrement et juridiquement significatif. Aucun État sérieux ne peut banaliser la disparition comptable de plusieurs milliards de francs Cfa, dans un secteur aussi stratégique. Plus grave encore, poursuivent-ils, 7% des paiements déclarés proviennent de formulaires non certifiés, en violation flagrante des exigences minimales de fiabilité. Et à leurs yeux, cette tolérance institutionnelle pose une question centrale : qui garantit la rigueur, lorsque l’État, lui-même, l’abandonne ?

Sangomar : une défaillance majeure de gouvernance pétrolière

Quid du champ pétrolier Sangomar ? Gueum Sa Bopp est convaincu qu’il incarne l’un des manquements les plus graves révélés par le Rapport ITIE 2024. «Alors que la production pétrolière a officiellement démarré en juin 2024, le rapport établit que la part de production revenant à l’État sénégalais, n’a été retracée dans aucune déclaration pour l’année 2024 (section 1.2.2, pp. 19–20). Les incohérences entre les données fournies par PETROSEN et Woodside Energy, notamment sur les volumes de Profit Oil, renforcent cette opacité.

Plus troublant encore, les recettes issues de cette production n’apparaissent qu’en 2025, alors même que la commercialisation est intervenue en 2024. Comment un État producteur de pétrole peut-il être incapable de retracer sa propre part de production, l’année même de son extraction ? Ce silence comptable constitue une faille grave de gouvernance, susceptible de qualification pénale
», analyse Gueum Sa Bopp. Des pratiques comptables contraires à la sincérité budgétaire

Le Rapport ITIE 2024 confirme une pratique déjà dénoncée par la Cour des Comptes : des paiements effectués par Woodside en 2024, ont été encaissés en 2024, mais comptabilisés en 2023 (section 1.2.1, p. 17). Cette manipulation des exercices budgétaires porte atteinte au principe fondamental de sincérité des comptes publics et alimente légitimement le soupçon d’une gestion opportuniste des chiffres de l’État, dénoncent les plaignants.

Cadastre minier : une opacité lourde de conséquences

S’agissant du cadastre minier arrêté au 31 décembre 2024, il est jugé incomplet, incapable d’identifier clairement l’ensemble des titres, renouvellements et transferts (section 1.4, p. 26), constate Gueum Sa Bopp, relevant que cette opacité fragilise la sécurité juridique, nourrit les conflits fonciers et ouvre la voie à des pratiques contraires à l’intérêt général.

Et, enchaînent-ils, dans un pays où le foncier est un sujet explosif, ce n’est plus une faiblesse administrative, mais un manquement grave à l’obligation de transparence.

Bénéficiaires effectifs : une transparence inachevée

Malgré l’existence formelle d’un registre des bénéficiaires effectifs, le Rapport ITIE 2024 souligne l’absence d’informations essentielles : pourcentages de détention, modalités de contrôle, identification des personnes politiquement exposées (Exigence 2.5), note Bougane Guèye et ses partisans, pour qui cette carence affaiblit directement la lutte contre les conflits d’intérêts et la corruption dans le secteur extractif.

Des recommandations répétées, une inaction persistante

Sur les recommandations, Gueum Sa Bopp constate que, année après année, les mêmes recommandations reviennent (chapitre 8) : fiabilisation des déclarations, traçabilité des revenus pétroliers, complétude du cadastre, transparence sur les bénéficiaires effectifs. « Tout est connu. Tout est documenté. Mais rien n’est structurellement corrigé. À ce stade, il ne s’agit plus d’un déficit de capacité, mais d’un déficit manifeste de volonté politique », dénoncent-ils.
 

Ousseynou Wade