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Délocalisation des bureaux de vote de Touba : Ababacar Fall décortique les conséquences sur le processus

Face à la propagation des troubles politiques notés dernièrement à Touba, Serigne Mountakha Mbacké a annoncé, samedi, sa volonté de faire délocaliser les bureaux de vote de la cité religieuse. A seulement 8 mois de la Présidentielle, pour une ville polarisant le plus grand nombre d’électeurs derrière Dakar, se dessine ainsi un scenario aux lourdes répercussions sur le processus électoral. Interrogé par "Bes Bi", Ababacar Fall décortique la mesure et ses conséquences.


Rédigé par leral.net le Mardi 13 Juin 2023 à 16:47 | | 0 commentaire(s)|

A l’idée subitement repandue d’un report de la Présidentielle que concocterait le Président Macky Sall, s’est ajoutée une autre équation électorale venue de Touba. Le Khalife général des Mourides, agacé par les récentes tensions politiques dans la cité religieuse, a annoncé son intention de délocaliser les bureaux de vote, certainement vers Mbacké, chef-lieu du département. Si l’application d’une telle mesure n’est pas encore effective, l’on peut cependant mesurer ses conséquences sur le processus électoral, déjà miné par de profondes divergences.

«Impossible d’ici la prochaine élection présidentielle»

Membre du Collectif des organisations de la société civile pour les élections (Cosce), Abacacar Fall s’est penché sur l’impact que peut avoir cette décision sur l’organisation de la Présidentielle.

«Une délocalisation des bureaux de vote de Touba posera de très gros problèmes sur le processus électoral et va impacter le scrutin dans toute la zone. Parce que c’est une grande agglomération. La plus importante d’ailleurs, au niveau du département de Mbacké qui vient après Dakar. Et c’est environ 600 bureaux de vote. Sur la base d’une moyenne de 600 électeurs par bureau, cela fait quand même quelque 360 000 électeurs qui seront concernés», a-t-il calculé.

Mieux, selon le Secrétaire général du Groupe de recherches et d’appui à la démocratie participative et la bonne Gouvernance (Gradec), l’idée relèverait même de l’ordre de l’impossible, au regard des moyens logistiques devant être déployés pour garantir la sécurité et la transparence du scrutin dans le Baol.

«Ce sera très difficile, voire impossible, d’ici la prochaine élection présidentielle qui va se tenir dans 8 mois. La commune de Mbacké, la plus proche, ne dispose pas d’infrastructures pouvant accueillir tous ces bureaux de vote. On y compte environ 600 bureaux de vote qui sont constitués pour la plupart d’abris provisoires. Au delà de ce problème, il faudra faire une très grande campagne d’information des électeurs de Touba sur les emplacements des nouveaux bureaux de vote, même s’il n’est pas nécessaire de rééditer de nouvelles cartes d’électeur», a-t-il expliqué.

«Discuter avec le khalife des conséquences d’une telle mesure»

Autre difficulté, selon M. Fall, c’est une probable chute du taux de participation. Ababacar Fall justifie ses craintes par le fait que «le jour du scrutin, beaucoup d’électeurs auront des difficultés à se déplacer et pourraient se décourager d’aller voter».

Le spécialiste des questions électorales a ainsi formulé quelques pistes de solution sur le cas de Touba. «Compte tenu du statut de la ville sainte de Touba, il faut discuter avec le khalife des conséquences que peuvent avoir cette délocalisation des bureaux de vote et proposer à la place, d’autres mesures telles que par exemple l’interdiction de toutes activités politiques dans la cité, comme par exemple, les réunions, meetings, caravanes et autres tournées à caractère politique. Cela bien entendu est de la responsabilité de l’État qui organise les élections», a exhorté Babacar Fall.






Bes Bi