Deux mois sans salaires pour les travailleurs d’Abas Ndao : A l’origine, une bataille autour de 100 millions F Cfa entre le Ministère de la Santé et les Finances

A l’origine, une correspondance alarmante au Premier ministre

Tout est parti, il y a quelques semaines, d’une correspondance alarmante adressée à la Primature par le directeur de l’Hôpital, Youssoupha Ndiaye, au sujet de la situation préoccupante de la structure sanitaire. A cet effet, le Premier ministre, Mimy Touré, ordonne la tenue urgente d’une réunion de crise. Et à laquelle ont pris part les Services du Ministère de la Santé, du Ministère de l’Economie et des Finances, de la Mairie de la Ville de Dakar, entre autres pour trouver les voies et moyens de redonner vie à Abas Ndao. Qui souffre d’un problème de trésorerie, depuis que la Municipalité a décidé de ne pas décaisser la subvention de 200 millions F Cfa dus à la structure de Santé.

Pourquoi le Ministère de la Santé est saoul de colère

Ce jour-là, les Services d’Amadou Bâ, priés de mettre la main à la poche pour permettre à l’Hôpital de souffler, ont expliqué ne pas pouvoir prendre d’engagements, séance tenante, avant de s’en ouvrir à leur ministre. La Municipalité de Dakar, elle, invoque son incapacité, pour le moment, de casquer le plus petit sou en faveur de la Diva fragile. Quant au Ministère de la Santé, il s’engage à dégager 150 millions de francs. Des fonds contenus dans le cadre de la Loi rectificative des Finances



L’autre colère d’Eva Marie Cole Seck : la répartition cavalière d’une enveloppe, aux fins d’épuration des dettes fiscales

Mais, plus tard, coup de théâtre : le Ministère de l’Economie et des Finances est accusé par le Département de la Santé et de l’Action sociale d’avoir procédé à une répartition des fonds contenus dans la Loi rectificative des finances. Non seulement l’argentier de l’Etat n’a pas versé à Abas Ndao l’intégralité des 150 millions en question. Mais aussi, de l’avis des Services d’Eva Marie Cole Seck, “le Ministère de l’Economie et des Finances a puisé d’importantes enveloppes des fonds initialement destinés à différents hôpitaux pour les distribuer, à sa guise”, se plaint une voix autorisée du Ministère de la Santé et de l’Action sociale. Qui ajoute : “au nom de l’épuration des dettes fiscales, les Finances ont procédé à une répartition cavalière de ces fonds”.

Quand le ministère de la Santé et de l’Action sociale a fait les engagements pour que l’Hôpital Abas Ndao perçoive ses 150 millions, ils ont été rejetés par le Trésor. Qui, in fine, n’a remis à la structure sanitaire que 50 millions de francs. Ce que le Ministère d’Eva Marie Cole Seck, dit-on, assimile à du sabotage et décide de s’en ouvrir à la Primature. D’ailleurs, une correspondance dans ce sens a été déposée sur la table de Mimy Touré, Premier ministre.

Comment certains agents plus “chanceux” ont pu être payés, au détriment d’autres

Si certains travailleurs de Abas Ndao ont eu plus de chance que leurs camarades, c’est parce qu’ils ont été payés au billetage. Ainsi, l’Agent comptable de l’Hôpital, croyant que le Trésor allait verser les cent millions restants des cent-cinquante millions du Ministère de la Santé, a pris la liberté de payer les salaires de novembre et décembre aux travailleurs en question. Non sans attendre de pouvoir procéder au virement des salaires des autres agents dans leurs banques respectives. Bien évidemment, quand le reliquat tombera. Mais erreur ! Car le Trésor n’aura pas décaissé d’autres sous. C’est pourquoi, si rien n’est fait dans les meilleurs délais, il faudrait s’attendre à un mouvement d’humeur des travailleurs.

Actusen.com