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Dossier : Après la rue, les maisons closes...Le métier du sexe change de terrain

Rédigé par leral.net le Mercredi 12 Juillet 2017 à 11:52 commentaire(s)|

L'image de la prostituée est le plus grand stigmate qui soit pour une femme. Un stigmate catastrophique, entretenu par des discours misérabilistes. L’être humain, constate-t-on, ne voit vraiment, dans la prostitution qu'un asservissement de la femme. Aujourd’hui, les prostituées ne sentent plus le besoin d’envahir les rues de la capitale à la recherche d’une clientèle sexuelle. Elles leur suffisent présentement, d’une simple annonce dans des forums pour capter de potentiels clients de la chair fraîche. Un contact rendu possible par l’Internet, l’un des grands progrès du 21e siècle. 
 
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 Le développement de l’Internet favorise de nouvelles formes de prostitution. Ainsi, le plus vieux métier du monde qui se modernise, prend de l’ampleur au Sénégal. Les lieux de pratique changent. Après la rue, les maisons closes, etc., les professionnelles du sexe ont trouvé un nouveau moyen pour exercer leur métier. Ces dernières restent plus fréquentes et très visibles sur Internet. Seulement, cet outil des temps modernes, a permis aujourd’hui, aux vendeuses de charmes de se faire plus discrètes. Et, pour racoler maintenant, il faut maîtriser juste, l’outil informatique.
 

Le phénomène de la prostitution a trouvé au Sénégal des adeptes. Certaines filles s’adonnant maintenant à ce type de prostitution se révèlent plus oser que d’habitude. Ces pratiquantes du plus vieux métier mettent aujourd’hui, des numéros de téléphones mobiles avec des phrases, chargées à la disposition des potentiels clients. Il s’agit de messages très incitatifs, du genre, « Contact : 77 03 1 15 .., envie de détente, essayer, vous ne le regretterez pas », « Je suis là, pour un maximum de plaisir tel:7829030.. », « Je veux vous rencontrer car je veux te faire crier, appelles moi 7737918.. », « Si vous voulez baiser, appeler sur ce numéro : 77 420 30 ..,  Ici, une spécialité à découvrir sur place », « Femme sans tabous no limite, à contacter au 70 352 13 … », « De la simple compagnie  d’un soir à l’échange torride d’une nuit au 7743529... ». Autant d’invites, les unes, les plus salaces des autres. Ces femmes matures vivent dans des appartements privés. Le plus souvent dans des quartiers résidentiels, tels Ouest Foire, Nord Foire, Scat Urbam, Almadies, Ngor etc.… 
 
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Menu décliné avec audace
 
Joint au téléphone, certaines filles de joie ne se cachent pas. Au répondeur, très souriante, une façon certainement, d’accrocher le client, elles déclinent le menu. « Si tu es intéressé, tu n’as qu’à venir. Mais, n’oublie pas la passe. Elle est à 20 000 Fcfa ou 30 000 Fcfa. Tu pourras, si tu veux avoir deux coups et des bonus…», avertissent certaines filles de joie.
 
Sous ce registre, il a été constaté que les motivations qui poussent les femmes à devenir des prostituées de luxe diffèrent des unes aux autres. « Au début, je me connectais sur le net pour chercher des correspondants à travers le monde entier. Mais, après un certain moment, des hommes me proposaient de sortir avec eux. Finalement, j’ai pris l’habitude de me connecter tous les jours. Les uns me proposaient des sommes colossales »,  explique cette jeune fille, très chétive avec un regard de félin du nom de Nabou. Ces pervers, à la recherche d’une bonne compagnie, retient-elle, la faisaient découvrir souvent, le monde extérieur, des endroits très chics. « C’est dans des lieux extraordinaires qu’on faisait le sexe. Je suis devenue finalement habituée. Maintenant, je me prostitue sur le net depuis longtemps sans que mes parents et mes copines ne s’en rendent compte... », a décliné Nabou, un corps frêle. Celle-ci, incarnant une innocence juvénile a du mal à rester sur place. Elle bougeotte  et gesticule de manière à aiguiser un appétit sexuel des lapins flingueurs.
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D’autres justifient leur intégration dans cet univers de la perversion par un souci de satisfaire une demande familiale. « J’étais mariée et divorcée. Ma mère vit à St Louis. C’est à partir de mes activités que j’assure la dépense quotidienne. Mes parents n’ont pas assez de moyens pour subvenir à tous les besoins de la famille. Mon père a trois femmes et beaucoup d’enfants. Donc, c’est très dur pour lui de s’occuper de la nourriture, des frais de locations, de l’habillement. Je suis obligée de la faire pour pouvoir aider ma mère à se décharger de certains frais », prévient Codou, une femme à l’allure d’une gazelle. 
 
Le fruit de sa pratique lui permet d’offrir à sa famille une dépense quotidienne. « Depuis longtemps, je donne à ma mère chaque jour de 5000 Fcfa de dépense. Elle ne sait pas véritablement, ce que je fais à Dakar ou du moins, elle ne cherche même pas à connaître mon activité. Mais, elle sait que je suis adulte et responsable de ma vie. Et, je fais de ce que je veux de ma vie », recadre-t-elle.
 
Très belle dans ses lunettes de marque, Codou déclare avoir des facilités à pêcher des hommes. « Les hommes sont parfois faibles devant des femmes comme moi. Tu me vois…Je suis une femme au vrai sens du terme. Je suis bien gâtée par la nature », s’enorgueillit-elle.
                                                                               

Espace de liberté ou la fuite de l’appréciation négative
 
 Les hommes, habitués de la consommation des prostituées cherchent à trouver un espace de liberté. Certains hommes, vu qu’il n’y a pas de connaissance entre lui et la prostituée décident de s’envoler. Ils ne constatent point de contraintes ou de blocages, devant aboutir à l’appréciation de leur performance sexuelle. Ces hommes restent à l’aise dans leur quête de plaisir avec la dulcinée d’un soir.
 
« On sait très bien qu'il n'y a pas de besoins irrépressibles. Mais, la plupart des clients vont voir une prostituée pour avoir un espace de liberté. Dans cet espace, l’homme n'est pas contraint d'être performant de manière sexuelle. Ce qui n'est pas le cas avec une copine ou une épouse. On peut demander à une prostituée des pratiques, sortant de la norme habituelle dans un couple », décrypte Vieux Diédhiou, entouré de ses apprentis dans son atelier de couture à Ouest Foire.  Les prostituées, reconnaît-il, sont les seules femmes qui font des rapports gratuits. Gratuit dans le sens où, elles n’ont pas de comptes à rendre. Et jamais, une prostituée ne donnera le nom d'un client.
 
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« Je pense même que certains clients viennent déposer cette obligation d'être dominants, en étant plutôt passifs, en se laissant mener par la prostituée », constate Vieux Diédhiou. Ainsi, les hommes se réfugient derrière cette escapade pour camoufler ou fuir l’appréciation négative d’une partenaire de connaissance. L’homme a besoin d’une reconnaissance de ses aptitudes sexuelles pour mieux savourer ses relations sexuelles. Selon lui, cet état d’esprit qui motive souvent, le choix des hommes à répondre à l’appel d’offres de service des femmes, professionnelles du sexe.
 
Donc, le choix est loin d’être fortuit ou gratuit. Tandis que d’autres, dépourvus de moyens financiers pour s’occuper d’une femme, décident de temps à autre, de faire des virées pour satisfaire une libido débordante. Comme la sexualité est un besoin naturel, ces hommes se lancent à la compagnie de ces dulcinées d’un soir pour se stabiliser et trouver l’équilibre mental. Bon ou pas ! « L’acte se fait…discret », conclut-il.
 
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Pénaliser le client ou bannir la prostitution
 
La pratique de la prostitution pousse des révoltés de la société à vouloir disposer de lois répressives. Ces derniers, veulent savoir si, cette loi existe déjà. Ainsi, ils demandent sa mise en pratique pour freiner l’ampleur du phénomène.
 
Mais, les personnes interpellées voient mal l'intérêt de pénaliser les clients. Ils estiment que cela n'arrangera strictement rien. Ni pour les prostituées, ni pour les clients. Et, ces personnes se veulent autant, être claires pour abolir carrément la prostitution.
 
« Je trouve que cette mesure est parfaitement hypocrite. On sait très bien que toutes les mesures de répression engendrent justement des effets très pervers. Plus de délinquances, plus de violences. Les femmes prostituées ont subi beaucoup de perturbations dans leur travail, dans leur santé, physique et psychique. Et, elles n'ont pas arrêté pour autant », regrette le jeune entrepreneur, Bakhao, retrouvé à la devanture d’une boutique de mode à Sandaga.
 
L’entrepreneur constate qu’il y’a une amalgame, fabriquée à1 partir de situations très problématiques de ces femmes contraintes. Cette amalgame, englobe toutes les personnes travailleuses du sexe ou prostituées, qu'elles soient libres ou non. Les autorités agissent de façon nuancée avec les différentes situations qui existent dans la prostitution.
 
 Ousseynou WADE, Leral.net