Doudou Wade prévient le régime de Macky Sall : « Il y aura d’autres 23 juin si… »

Convoqué à la gendarmerie dans le cadre des audits entamés par le nouveau régime, Doudou Wade s’est prononcé hier, dans l’émission Sortie sur la télévision Walfadjri, sur son face-à-face avec les enquêteurs. Et c’est pour dénoncer cette attitude. Car à l’en croire, rien de ce qui lui est reproché n’est fondé. « Ils m’ont interrogé sur mes biens. Et je leur ai expliqué et donné les preuves qui montrent que j’avais des terres, une maison et des véhicules bien avant le 19 mars 2000 », a laissé entendre le député. Justifiant ses avoirs, le libéral a fait savoir qu’il gagnait 1,2 million de F CFA comme salaire en 1994. Mieux, en cette même année, sa déclaration d’impôt s’élevait à 6 millions de F CFA. Autant de facteurs qui démontrent, soutient-il, qu’il peut bel et bien disposer d’un patrimoine assez considérable. De ce fait, il s’offusque contre la démarche des nouvelles autorités. « A la limite, c’est comme si les gens n’ont plus de droit de travailler et de gagner dignement leur vie ». Poursuivant dans cette lancée, Doudou Wade a nié l’information selon laquelle il aurait un compte bancaire de 400 millions de F CFA à la Bicis. Pour l’ancien président du groupe parlementaire libéral, les dirigeants de cette banque devraient, en ce moment, mourir de honte pour avoir donné une telle information. « Là où ils sont, ils devront avoir honte, parce que ce sont de gros mensonges. Je n’ai pas de compte de 400 millions à la Bicis », a-t-il démenti. Ce qui lui fait dire que sa convocation à la gendarmerie avait pour but de l’humilier. Ce, parce qu’il est fils d’Abdoulaye Wade. « Le seul délit que j’ai commis, c’est celui du sang. C’est-à-dire d’être un Wade », a déclaré Doudou Wade.

Interrogé sur la prochaine législature qui doit être installée aujourd’hui, l’invité de Ndeye Astou Gueye a d’abord magnifié les avancées qu’a connues l’institution sous le règne des libéraux. En effet, c’est avec eux que l’Assemblée Nationale s’est, d’après lui, doté de moyens de fonctionnement. L’indépendance des députés est, à son avis, une réalité pendant les 12 dernières années, sans compter la place qu’avait l’opposition dans l’institution. «Jamais, dans l’histoire de l’Assemblée Nationale, il n y a eu de questions orales et de commissions d’enquête parlementaire votées entre 2000 et 2012. Ce qui prouve que la liberté d’expression prévalait», nous a-t-il appris.

A la tête, pendant douze ans, du groupe parlementaire libéral, d’ailleurs qualifié par les observateurs de majorité mécanique, Doudou Wade se défend de cette appellation. Selon lui, tout Président a besoin de majorité pour gouverner, sinon aucune autre institution ne marcherait. « Le Président ne peut pas travailler sans majorité. S’il perd celle-ci, rien ne fonctionne dans le pays », a expliqué Doudou Wade.

Revenant sur les événements du 23 juin, le libéral qualifie cela d’une étape importante dans l’évolution du pays. N’empêche, il n’exclut pas l’avènement d’autres 23 juin si la démarche des nouvelles autorités continue. « Si elles ne cessent pas cette façon de faire marquer par l’inclusion, le favoritisme et l’agglomérat, il y aura des 23 juin, 23 avril, 23 juillet, 23 décembre », a-t-il prévenu, avant de reconnaître qu’il n’a rien regretté des actes des députés qui ont fait partir Macky Sall de l’Assemblée Nationale. «Si c’était à refaire, je referais la même chose», a affirmé Doudou Wade.

FATOU GAYE SECK

Le Pays au Quotidien