Dr Kalidou Bâ, cadre de l’Apr à Linguère: « Dans le Djoloff, les Djibo Ka et autres Habib Sy sont politiquement morts et enterrés ! »

Le Témoin : Docteur, pourquoi avez-vous choisi nos colonnes pour vous faire connaitre du grand public ?

Dr Kalidou Bâ : Je me suis dit que l’on ne peut pas faire de la politique dans l’anonymat. Et comme j’aime beaucoup « Le Témoin » pour ses analyses pertinentes, ses commentaires et autres articles d’investigations, j’ai préféré alors faire ma première sortie dans votre journal, mon journal. Déjà, j’imagine qu’à la sortie de cette édition, je verrai pour la première fois mon nom et ma photo apparaître dans les colonnes d’un journal. Et j’en serai fier puisque les responsables de l’Apr, et particulièrement le président Macky Sall, sauront qu’ils ne sont pas seuls dans le combat politique visant à élargir et à massifier le parti au niveau du département de Linguère.

Pourquoi Linguère, et pourquoi pas Tambacounda ?

Parce que je ne suis pas de Tamba ! Je suis originaire de la communauté rurale de Thiel, dans le département de Linguère. Comme tout jeune fonctionnaire, je suis appelé à servir partout au Sénégal. D’où mon affectation au district sanitaire de Tambacounda. Cela dit, bien que je travaille loin de Linguère, je suis politiquement près de ma base pour ne pas dire de mon fief de Thiel. C’est vrai que je suis loin de la base, vu la distance Kidira-Linguère et la fonction que j’occupe à Tamba. Mais malgré tout, je mène mes activités politiques sans problème. Je retourne à la base tous les mois pour tenir des réunions avec mes militants. Par ailleurs, j’ai fait partie des tout premiers cadres de l’Apr alors que j’étais un jeune étudiant venant juste de soutenir une thèse de doctorat en médecine. Mieux, je suis aussi le trésorier général du Réseau des médecins républicains du Sénégal, affilié à l’Apr, histoire de vous prouver combien je suis politiquement engagé.

Et vos premiers dans l’Apr ?

Mes premiers pas dans l’Apr sont comme tous les premiers pas d’un jeune citoyen frustré et mécontent du régime autoritaire de Me Wade dont les responsables libéraux pillaient et gaspillaient les fonds publics sans améliorer les conditions de vie sociale des populations. A chaque fois que je découvrais dans les journaux des scandales financiers estimés à plusieurs milliards fcfa, j’imaginais mes parents et voisins de Thiel courir derrière un sac de riz d’un montant de 22.000 fcfa, une somme qu’ils avaient toutes les peines du monde à collecter. Et comme le président Macky Sall symbolisait cette jeunesse frustrée et rebelle outrée par les dérives du régime de Me Abdoulaye Wade, j’avais assisté alors à une réunion de l’Apr sans être officiellement invité. Vous savez, quand on est prêt à mourir pour une cause, on intègre n’importe quelle armée du monde, fut-elle celle des kamikazes. Ainsi, j’ai intégré l’Apr en avril 2009. Je n’ai rencontré mon leader, Macky Sall, que le 09 janvier 2010 au siège de l’Apr, sur la Vdn, à Dakar. C’était pour les raisons des préparatifs d’une tournée de cinq jours qu’il devait effectuer dans le département de Linguère, notamment sur l’axe Nord-Est, puis en 2011 sur l’axe Sud-Ouest. A l’époque, afficher son appartenance à l’Apr n’était pas donné à tout le monde. Parce que c’était une période pendant laquelle personne n’osait se réclamer d’un parti autre que le Pds de Me Abdoulaye Wade ou l’Urd de Djibo Ka dans le Djolof.

On imagine que cette tournée de l’Apr dans le Djolof ne pouvait se faire sans grands risques, aussi bien pour M. Macky Sall que pour ses militants…
On ne craignait pas l’hostilité des militants libéraux puisque nous étions prêts à leur faire face ! Seulement, on craignait certaines tracasseries de la part des forces de l’ordre. Heureusement qu’on a une gendarmerie républicaine dont les éléments nous ont facilité la libre circulation tout en veillant sur notre parcours afin d’éviter tout débordement ou sabotage. Vous savez, cette visite du président Macky Sall nous a beaucoup aidés lors de la campagne électorale. Il nous a fait aimer notre département. Car Macky a partagé avec cette population du Djolof des moments difficiles en puisant de l’eau dans des puits comme à Wendou Bey. Encore mieux, il est allé dans les villages les plus reculés où il n’y a même pas de piste comme Loumbol Djiby, Patacour etc. Macky Sall a passé des nuits noires dans des cases sans électricité, ni eau. Billahi ! Vous ne savez pas à quel point ces faits ont marqué les populations du monde rural. D’ailleurs, durant la campagne électorale pour la présidentielle 2012, les populations et les militants ne cessaient de me rappeler les passages du président Macky Sall dans les villages et ses séjours dans les cases de fortune. C’est cette proximité avec les populations qu’il a récoltée partout au Sénégal lors de la présidentielle 2012.

Comment comptez-vous développer le Djoloff avec l’Apr ? Ne me dites surtout pas que vous allez offrir aux populations un bateau en plein désert…

(Rires) C’est fort possible ! Parce qu’il y a des arbres en plein Ténéré… Encore, allez à Dubaï, vous y verrez des immeubles en plein océan ! Et pourquoi pas au Djoloff ? Notre localité constitue 8 % du territoire national, elle peut être aujourd’hui le poumon du développement du Sénégal. Il suffit seulement d’exploiter cette vaste forêt vierge en revitalisant le ranch de Dolly. C’est mon village natal. Ce ranch fait trois fois la région de Dakar et deux fois celle de Thiès. Je me rappelle que, quand j’étais plus jeune, c’est ce ranch qui approvisionnait en viande toute la région de Dakar. Et ensuite pour développer le Djoloff, il faut revitaliser et équiper le Crz (centre de recherches zootechniques) de Dahra qui peut même constituer un centre de recherches pour la future université agro-sylvopastorale de toute la zone. Sans oublier la mise en place de pistes de production et d’usines de transformation du lait dont la zone est une grande productrice. En effet, pendant l’hivernage, le lait frais est versé à même le sol pour des problèmes de conservation et surproduction. J’ai aussi d’autres projets de développement comme la construction de deux abattoirs municipaux pour pouvoir abattre les bœufs sur place au lieu de les acheminer jusqu'à Dakar où les animaux perdent beaucoup de kilos en cours de route. Sans oublier la mise en place de parcelles dans cette vaste forêt avec des forages pour l’agriculture. Lors de la campagne électorale, mes camarades de l’Apr et moi avons présenté ce programme au président Macky Sall. Et nous sommes persuadés qu’il va l’exécuter. Pour cela, il faut que les populations du Djoloff patientent puisque le président Macky Sall n’a même pas fait un an à la tête de l’Etat. Je profite de cette interview pour lancer un appel au gouvernement afin qu’il vienne exploiter les terres du Djolof comme il y a des problèmes dans le Fouta. Donc, avec tout ce programme, bientôt vous verrez un immense bateau symbolisant le miracle du développement en plein désert du Djoloff…

Pensez-vous que le vent de l’Apr peut balayer des baobabs politiquement enracinés dans le Djoloff comme les Djibo Ka et autres Habib Sy ?

Moi, je ne connais pas Djiby Ka ! Seulement, je l’ai étudié à l’école primaire ainsi que dans les programmes d’histoire du Sénégal d’autrefois. Avant Senghor et après Senghor, on nous parle de Djibo Ka, il est dépassé ! Heureusement que le département de Linguère n’a pas d’opposants. Ils ont tous été amenés à la retraite politique. Je peux même avancer qu’ils sont politiquement morts et enterrés. Et grâce à l’engagement de jeunes cadres de l’Apr comme Samba Diobène Ka, actuel directeur de la Modernisation de l’Agriculture et de l’Equipement rural, Dr Mamadou Thioro Mbaye, Dr Maboury Bâ et autres personnalités comme Oumar Abass Sow, Idrissa Diop, Sidel Sow, le député Adama Sow, Mbengue Lam, maître Amadou Ka, actuel Pca du Port de Dakar, toutes les vieilles carcasses politiques du Pds et de l’Urd sont dans les poubelles du passé. Si nous avons réussi à enterrer politiquement tous ces gens de l’opposition, on le doit au soutien de l’actuel ministre de l’Energie et des Mines, M. Aly Ngouille Ndiaye. D’ailleurs, vous avez vu la forte mobilisation de l’Apr lors du meeting de ralliement du ministre Aly Ngouille Ndiaye ! Une mobilisation qui scellait la mort définitive de l’opposition dans le département de Linguère.

Qui dit mort, dit forcément vie ! Donc le Pds a bien vécu quand même dans ce département…

Retenez bien ceci ! Le Pds n’a jamais existé dans le département de Linguère. Il n’y a aucune collectivité locale gagnée par le Pds à part la commune de Linguère. Cette victoire n’a été possible que grâce aux opérations de transfert d’électeurs orchestrées par Habib Sy, l’ex-directeur de cabinet de l’ancien président de la République. Et comme il détenait le pouvoir, il avait réussi à bloquer nos cartes d’électeur. Donc c’est l’Urd que le Pds utilisait dans le département pour une question de survie politique. Seulement voilà, aujourd’hui, tous les responsables de l’Urd ont rallié l’Apr. Il ne reste que Djibo Ka et son vigile dans ce parti à Linguère puisque les autres membres de sa famille vivent à Dakar. D’ailleurs, il n’a plus la force physique de tenir un thé-débats à plus forte raison un meeting politique. Nous lui souhaitons tout de même longue vie pour qu’il écrive vite un livre afin de demander pardon aux populations de Linguère. Et ce, pour avoir fait plus de 100 ans de politique sur le dos des populations de Linguère sans rien leur donner au retour…

Comment se présentent les prochaines élections locales dans votre département ?

Dans la communauté rurale de Thiel, je n’ai pas d’adversaire politique. Ils se sont tous rangés derrière moi après le premier tour des élections présidentielles. Même l’actuel Pcr, qui était dans l’Urd et qui est un oncle direct à moi, est venu me rejoindre dans l’Apr. Et on travaille ensemble dans le parti. On va gagner ces élections à 100 % Inch’Allah. Mais aussi je vais faire gagner d’autres responsables dans le département parce que j’ai des militants qui me sont propres dans certaines localités.

Certains détracteurs disent que le Dr Kalidou Ba ne connaît que des journées de consultations médicales gratuites comme instrument de campagne…

(Rires) Si ces journées ont toujours porté leurs fruits, c’est parce que les populations n’avaient pas de quoi se soigner. Tant mieux si la santé des populations du Djoloff constitue une priorité pour l’Apr de Macky Sall. Et même pour mes camarades médecins de Benno Bokk Yaakar puisqu’ils viennent toujours me prêter main forte lors des journées médicales que j’organise. Mieux, le président Macky Sall croit que la couverture maladie universelle est possible si l’Etat met les moyens avec des mesures d’accompagnement. Il faut en particulier aider les localités à mettre en place des mutuelles d’épargnes selon les réalités du terrain. Et surtout renforcer le système sanitaire en ressources humaines qualifiées c'est-à-dire donner la possibilité aux médecins de se spécialiser, équiper les structures sanitaires etc…


Propos recueillis par :
Pape NDIAYE
« Le Témoin » N° 1117 –Hebdomadaire Sénégalais (Mars 2013)