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Affaire Prodac, procès pour diffamation, sortie du Sénégal : Mame Mbaye Niang brise le silence

Monsieur le Ministre, le président du parti Pastef, Ousmane Sonko, a récemment affirmé que le rapport sur le Programme des domaines agricoles communautaires (Prodac) se trouve actuellement « sur la table du Parquet financier ».


Rédigé par leral.net le Lundi 10 Novembre 2025 à 15:09 | | 2 commentaire(s)|

Journal "Point Actu" : Quelle est votre réaction à cette déclaration ? Confirmez-vous l’existence d’une telle procédure judiciaire en cours ?

Mame Mbaye Niang : Sa déclaration est fausse. On ne peut pas confirmer quelque chose qui ne correspond pas à la réalité technique et administrative. Un ministre ne peut pas être épinglé par un rapport de l’Inspection générale des finances (Igf). Les compétences de l’Igf ne permettent pas de vérifier un ministre. L’Igf est un service du ministère des Finances, qu’on peut comparer à une inspection dans un ministère.

Le président Sonko a également soutenu que l’ancien ministre Pape Malick Ndour aurait été inculpé sur la base de ce même rapport du Prodac. Pouvez-vous nous dire ce qu’il en est réellement ? Ce rapport met-il en cause d’autres responsables politiques, comme il le suggère ?

Si on se réfère à la première question, la réponse est claire. C’est quelque chose qui n’existait pas dans le passé qui n’existe pas dans le présent et qui ne peut exister dans le futur. Cela ne peut pas épingler Pape Malick, qu’ils ont accusé sur la base d’autre chose qu’on peut appeler un rapport d’expertise d’un cabinet qui a été porté à la connaissance de ses avocats, d’où l’incohérence de ses déclarations.

Vous avez quitté le Sénégal il y a plusieurs mois. Qu’est-ce qui a motivé cette décision ? Était-ce pour des raisons personnelles, professionnelles, ou aviez-vous des inquiétudes pour votre sécurité dans le contexte politique actuel ?

Quatre mois avant les élections présidentielles, j’avais fait une déclaration publique expliquant mon choix. Le président Macky Sall que j’accompagnais, n’était pas candidat . Je m’étais abstenu de participer à la campagne et je m’étais aussi abstenu de soutenir un candidat. Mon option était de retourner dans ma profession. Mais comme je ne pouvais plus exercer au Sénégal, parce que tout simplement ils n’allaient pas me donner du travail, je suis parti chercher du travail à l’étranger. J’étais resté 6 mois au Sénégal pour attendre, faire la passation de service, rendre les dossiers… J’ai voyagé pour des formations de qualification. Ne pouvant pas travailler au Sénégal, ne pouvant pas aussi rester au Sénégal et ayant une famille à entretenir et des compétences à faire valoir, me permettant de travailler dans des structures… j’ai fait le choix de partir. Ce choix était connu de tous.

Votre nom a souvent été cité dans le cadre de votre procès en diffamation contre Ousmane Sonko. Craignez-vous qu’un jour ce dossier soit rouvert ou instrumentalisé politiquement, dans le nouveau contexte institutionnel ?

Je me suis abstenu durant 18 mois de parler, malgré cette effervescence politique ou thématique qui portait sur moi. Je n’ai pas jugé nécessaire de parler mais lorsqu’on cite votre nom publiquement et que des personnes qui ont été jugées et condamnées définitivement, balancent des accusations contre vous, il est toujours bon de rappeler puisque le rappel profite aux croyants. Cet exercice que nous faisons, rentre dans ce cadre. S’il n’avait pas cité mon nom, peut-être que je continuerai à m’abstenir. Avec presque 17 ans d’expérience politique, on analyse les situations et les moments de prise de parole ne dépendent pas d’adversaires ou du régime. Cela va dépendre de notre stratégie de communication et notre stratégie de continuer à le faire, tout en continuant à travailler. Nous n’avons plus de responsabilités politiques. Nous travaillons dans d’autres domaines. On essaie toujours d’être utile et fidèle à nos convictions politiques. Je peux dire que notre activité est consacrée à des activités professionnelles, pour ne pas dire la politique.

La Cour suprême a récemment rejeté le rabat d’arrêt introduit par la défense d’Ousmane Sonko dans l’affaire de diffamation vous opposant. Quelle lecture faites-vous de cette décision de la plus haute juridiction ? Pensez-vous qu’elle mette un point final à cette longue bataille judiciaire ?

C’est un amalgame qu’on veut entretenir, pour maintenir une situation politique et tenter de créer une pression politique. Dire que ce procès est couvert pas la loi d’amnistie, relève de l’ignorance pour ceux qui ont d’autres ambitions que de vouloir dire la vérité. C’est clair et le dernier verdict de la Cour suprême concernant le rabat d’arrêt, a confirmé. L’objectif de Ousmane Sonko, c’est d’obtenir un rejet du rabat d’arrêt par la Cour suprême, sur la base de la loi d’amnistie. Je rappelle que ce rabat d’arrêt a été traité par 37 magistrats de la chambre réunie.

Pourquoi 37 et non 42 juges ?

C’est parce que les 5 juges qui l’avaient jugé en première instance par la Cour suprême se retirent et les 37 autres se prononcent. Si vous vérifiez la loi d’amnistie en son article 5, la loi interdit à tous les magistrats, tous les officiers de police judiciaire ou tous les fonctionnaires de se prononcer sur les faits aministiés. Je vois mal 37 magistrats de la Cour suprême puissent ne pas se conformer sur cet article 5. Si c’était couvert par la loi d’amnistie, ces 37 magistrats n’auraient pas jugé et vidé ce dossier. Si les 37 magistrats se sont prononcés et ont donné un verdict et ont condamné Ousmane Sonko à ses dépens, je pense que c’est une preuve juridique de plus, qui prouve que ce dossier n’est pas couvert par la loi d’amnistie.

Ousmane Sonko a évoqué publiquement votre présence au Canada, laissant entendre que vous vous seriez “exilé” pour éviter ces dossiers sans doute ?

Il y a trop de sujets dont je me garde de traiter. Ce Monsieur a décidé de rendre abrutis les intellectuels de notre Nation. On ne gagnerait rien à le suivre dans ses déboires, mais on gagne beaucoup aussi à éclaircir le faux. La vérité c’est qu’il est dans la boue et il va y rester. Ce dossier est clos et le délit s’appelle diffamation. La loi encadre les délais d’intervention qu’elle peut avoir. Dix jours après les accusations, vous êtes tenu de fournir des preuves. Et cela fait trois ans qu’il n’a pas fourni de preuves. Et il ne peut pas les fournir parce que je vous ai expliqué que ce n’est pas possible. C’était plus cohérent de dire que c’est un rapport de l’Ige qui a condamné, parce que l’Ige a ses compétences et dans ses prérogatives et périmètres d’intervention, elle ne peut interroger un ministre. Parce que c’est un corps de contrôle. Idem pour la Cour des comptes. Je pense que la Cour des comptes ne peut pas procéder à une vérification du Prodac et ne peut pas déceler 29 milliards qui ont été détournés.

J’appelle les sachants à se prononcer et à dire à ce monsieur qu’il doit arrêter. Il a bénéficié de la confiance du premier citoyen de la République et a eu des engagements. Si vous faites la constatation de la situation du pays, vous verrez s’il travaille ou pas. Il a un sérieux problème avec les rapports. Sa non maitrise des dossiers et les limites de ses capacités, ses déclarations haineuses… ont fini de mettre le pays dans des situations compliquées. Il daignerait à s’occuper de son travail et à appeler les sachants et à s’entourer de gens compétents. Lorsqu’on ne sait pas, on demande à des gens qui connaissent. Aujourd’hui, il a fini de comprendre et de montrer au peuple sénégalais, qu’il est dans l’incapacité de produire des projets et d’apporter des solutions.

Ousseynou Wade