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EDITO : Un mois après l’accession au pouvoir du Président Macky Sall: Les sénégalais entre faim d’audits et soif de justice

Pas plus que l’homme qui ne vit pas seulement de pain, les sénégalais aussi, après s’être félicités de la baisse des prix des denrées de première nécessité intervenue il ya une dizaine de jours, ne semblent pas vouloir se contenter de cette mesure. Comme tous les peuples du monde au lendemain d’une révolution car c’est ainsi qu’ils perçoivent la chute du régime des Wade-, les sénégalais veulent du sang et que les voleur d’hier soient pendus haut et court sur les places publiques.


Rédigé par leral.net le Vendredi 4 Mai 2012 à 13:51 | | 0 commentaire(s)|

EDITO : Un mois après l’accession au pouvoir du Président Macky Sall: Les sénégalais entre faim d’audits et soif de justice
Façon de dire, bien sur, puisque la potence est révolue à tout jamais, si tant est qu’elle eut jamais existé dans notre pays, de même d’ailleurs que la peine capitale .Nos compatriotes veulent que les dignitaires de l’ancien régime, du moins ceux parmi eux qui sont coupables de détournement de derniers publics, d’avoir aliéné le patrimoine de la Nation, de s’être enrichis sans cause, que ces dignitaires, donc , soient traduits devant les tribunaux, jugés et condamnés à la hauteur de leurs forfaits.

Surtout, ils veulent que ces » voleurs » restituent ce qu’ils ont pris indument au peuple, que « les milliards » qu’ils ont détournés retournent dans les caisses du trésor national afin que des projets sociaux ou d’investissement soient financés avec. Bien évidemment, on ne peut pas, au pif comme ça, savoir que tel ou tel a détourné, et que tel autre est innocent. Et ce même s’il y’a des signes extérieurs de richesse qui ne trompent pas.

Ce sont les audits que le nouveau pouvoir, celui du président de la République, M. MACKY SALL, ordonnera, permettront de faire ressortir, à la présidence de la République, dans les ministères, dans les sociétés nationales ou sociétés publiques à participation publique, dans les collectivités locales, les ambassades etc. S’il y’a eu détournement de fonds et, le cas échéant, d’en désigner les auteurs présumes. Cela dit, audits peuvent être faits pour calmer la colère populaire et, ensuite, jouer le temps, miser sur l’oubli pour, ensuite, ranger tranquillement les résultats de ces audits dans les tiroirs.

A moins qu’ils ne servent de moyen de chantage pour contraindre ceux des barons de l’ancien régime qui auraient bien des choses à se reprocher à se tenir à carreau ou, tout simplement, à transhumer dans le camp du nouveau pouvoir. A leur accession au pouvoir en 2000, c’est ce que les nouvelles autorités de l’alternance avaient fait. Elles avaient commandité à grand bruit des audits puis, une fois ceux-là sur leur table, ils avaient convoqué des responsables socialistes qui n’étaient pas blancs comme neige pour les montrer avant de leur demander de rejoindre le parti démocratique sénégalais (PDS). Après quoi, histoire de donner un os à ronger au bon peuple, on avait envoyé en prison quelques lampistes (MM. Abdou Aziz Tall ? Ibrahima Gaye, Ibrahima Ndiaye, Mbaye Diouf respectivement anciens directeurs généraux de la lonase, du Soleil, de la Snhlm, de la Sncs, c’est-à-dire les chemins de fer et Mme Khady Diagne de la sodida).

Du menu fretin qui présentait la faiblesse de n’avoir ni base politique (sauf M. Mbaye Diouf) ni de disposer de suffisamment d’argent pour financer le nouveau parti au pouvoir. Après quelques mois de prison (plus d’un an quand même !) pour la plupart, presque tout ce beau monde avait été relaxé à l’issue des procès tenus. La justice avait trouvé qu’ils n’avaient rien commis de répréhensible, ce que tout le monde savait !
On ne pourra pas en dire de même ; assurément, pour les dignitaires du régime qui est tombé le 25 Mars dernier. Un régime sous règne duquel l’unité de compte dans le pays était devenue le milliard puisque les nouveaux riches comptaient leurs fortunes en milliards. Jamais autant d’argent n’est entré dans le pays que sous l’Alternance et jamais les dirigeants ne s’en étaient mis autant plein les poches

.A présent, l’heure des comptes a sonné. Les finances publiques sont suffisamment exsangues, et les urgences tellement nombreuses que l’Etat doit chercher de l’argent partout, y compris dans les comptes bancaires (et les coffres-forts !) des nouveaux riches de l’ancien régime. Qui, il faut donc lancer sans tarder les audits pour fournir dans la gestion des anciens responsables de ce défunt régime. Mais avant cela, il y’a une multitude de rapports d’audits faits par l’inspection général d’Etat, la cour des comptes ou le certif (centre national de traitement des informations financières). Des rapports qui mettent au jour une quantité incroyable de détournement de derniers publics, de blanchiment d’argent ; d’enrichissement suspects etc.

Ces rapports qui étaient mis sous le coude par l’ancien régime il faut les sortir et les transmettre sans tarder à la justice. Laquelle devra convoquer vite fait les individus concernés et les auditionner. Et pourquoi pas les emprisonner pour éviter une éventuelle fuite à l’étranger ou ces messieurs-dames possèdent des propriétés dignes des milles et une nuit ? A propos de rapports, il y’a par exemple, celui de l’inspection générale d’Etat sur le Fesman révélé par nos gazette. A les en croire, ce sont 33 milliards de franc qui seraient portés disparus mais qui ne seraient bien évidemment pas perdus pour tout le monde.

On parle de ces deux milliards représentant la contribution d’un chef d’Etat africain (le togolais Faure Gnassingbé ? ) qui n’auraient jamais atterri dans les caisses de l’ Etat . Il y’a aussi ces 15 milliards de francs représentant un prêt de la BIS , c’est –à-dire la Banque Islamique du Sénégal ( et non BID comme écrit par les confrères ) mais aussi de la SGBS virés dans le compte de l’homme d’affaires Loum Diagne , à charge pour lui , officiellement , de procéder au paiement de fournisseurs ( pour le compte de l’Etat sénégalais !) et à propos desquels toutes les justifications nécessaires n’ont pas été données.

Loin de là ! Sans compter l’argent viré dans un compte ECOBANK et dont personne n’a jamais parlé et pour cause !Mais , bien évidemment, de la privatisation des industries chimiques du Sénégal à celle de la Sonacos, de la vente de la troisième licence de téléphonie cellulaire à la numérisation du fichier électoral du ministère de l’intérieur et celle des cartes nationales d’identité par la britannique Delarue, des marchés de dragage du port de DAKAR à l’autoroute à péage, du premier marché de gestion des appels entrants attribué à global Voice à celui donné à MTL , et plein d’autre choses encore, il y’a tellement de choses à fouiller ! Tellement de choses comme, par exemple, le marché des engrais et celui des produits phytosanitaires pour le monde rural reconduit cette année aussi sans appel d’offres … Bref, on ne va pas s’ennuyer !

C’est à croire qu’au Sénégal ou les beaux immeubles poussent comme champignons après la pluie et ou les bagnoles à plus de 50 milliards de francs se multiplient comme des petits pains , on vivrait dans un pays de Cocagne et non dans l’un des plus pauvres de la planète .Un pays ou, selon le rapport 2011 du GIABA ( Groupement Intergouvernemental d’Action contre le Blanchissement d’ Argent ) dont le siège se trouve justement à Dakar, tout ne serait que trafics finalement .D’après ce rapport , en effet , notre pays aurait enregistré des soupçons d’enrichissement portant sur plus de 1100 milliards de francs ! Citant le certif qui avance de tels chiffres, le Giaba estime que 17 pourcent du produit intérieur brut de notre pays est concerné.

Seuls 74 dossiers ont été transmis à la justice, laquelle en a vidées en définitive 27 parmi lesquelles il y’a eu 15 renvois, 10 condamnations seulement et une relaxe plus un « renvoi pour incompétence du juge».On voit bien que le tout n’est pas de faire des audits car il faudrait aussi que nos juges se décident enfin, eux aussi, à servir contre la criminalité financière !
Bref, il y’a du boulot pour les nouvelles autorités et le président Macky Sall aura fort à faire satisfaire la faim d’audits et la soif de justice de nos compatriotes.ET cette exigence là, elle sera autrement plus difficile à satisfaire que celle relative à la baisse des prix des denrées de premières nécessité !

Mamadou Oumar NDIAYE
Le Temion