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ENVAHI PAR LES ORDURES ET LES EAUX USEES : Dakar au bord de l’asphyxie

Dakar baigne dans les ordures. Dans les maisons comme dans les rues, le phénomène s’impose à tous. Les ordures sont partout au moment où les grèves des travailleurs du service de nettoiement ne font qu’aggraver la situation.


Rédigé par leral.net le Mardi 2 Septembre 2008 à 05:43 | | 0 commentaire(s)|

ENVAHI PAR LES ORDURES ET LES EAUX USEES : Dakar au bord de l’asphyxie
Dakar est sale. En cette saison des pluies, la capitale garde ses vieilles habitudes. Ce phénomène semble ne pas gêner grand monde. Les individus vaquent tranquillement à leurs occupations. Les ordures non ramassées se putréfient dans les rues et dégagent de mauvaises odeurs. Au rond-point de la Sicap, des tas d’ordures sont déversés le long de la chaussée. Une femme vendeuse de cacahuètes déverse ses ordures dans une « décharge » improvisée.

Une autre femme, mendiant, avec sa famille, fait de même. Elle dépose dans le tas le reste de son repas. Le policier en faction ne fait guère attention à elle. Il n’a d’yeux que pour la circulation complètement bloquée sur toutes les voies. À Niary Tally, dans le couloir menant vers les HLM, des tas d’ordures sont exposés près de la chaussée. « C’est peut-être lié à la grève des services du nettoiement, mais c’est pas du tout joli. Dakar est très sale maintenant. Ce n’est pas digne d’une capitale », souligne Moussa Sidibé. Selon lui, la question du nettoiement est sensible et mérite une bonne gestion. « La mairie et les services du nettoiement ont tort de délaisser la ville aux ordures », déclare-t-il.

Pour Abdou Faye, cette situation est relative aux mœurs, aux habitudes des Sénégalais. « Les Sénégalais sont largement responsables. Chacun fait ce qu’il veut. Dans la rue, vous pouvez voir des individus jeter des ordures. Ce qui est anormal. Ils considèrent que l’espace public appartient à tous, et que par conséquent, ils peuvent se permettre ce genre de comportement. Les autorités doivent s’atteler à arrêter ces genres de faits », gronde-t-il.

À la Médina, à la Gueule Tapée, et même au centre ville, à Sandaga, Niayes Thioker et Petersen, les ordures encombrent l’espace.

À Petersen, derrière les vendeurs de bonbons ou d’œufs, des tas d’ordures mêlés aux eaux déversées par les restaurateurs par la pluie polluent l’atmosphère. Dans ces eaux noirâtres pullulent des vers. L’odeur est insoutenable. Il en est de même du tronçon de la route venue de Pompiers vers Petersen. L’espace compris devant les bureaux d’Enda est dans la même situation. La boue, les eaux et les pots d’ordures sont exposés par les habitants sur la chaussée.

La banlieue étouffe

Dans la banlieue, de Poste Thiaroye à Tally Boubess, en passant par Thiaroye Gare et Djida 2, les eaux et les ordures remplissent les rues, bloquant même le passage aux individus et aux véhicules obligés d’emprunter d’étroites ruelles pour se frayer difficilement une voie de sortie. Sans compter les rues encombrées par des véhicules garés le long des trottoirs.

Après le Cem Thiaroye 1, le long du mur du camp de Thiaroye, en allant vers Pikine, les ordures surplombent la chaussée. Sous les camions, des milliers de vers se pavanent et donnent même le frisson aux êtres sensibles. Non loin de là, se trouve un enclos de moutons entretenu par les peuls. L’odeur est horrible. Quelques mètres plus loin, à la porte d’entrée du centre commercial de Thiaroye, un grand amas d’ordures est déposé le long du mur. Face aux détritus, un policier préposé au règlement de la circulation est assis sous un camion sans crier gare.

Il s’est visiblement constitué, dans sa tête, une résistance contre la puanteur. Dans le marché, les chargeurs des véhicules de légumes se déplacent dans la boue qui dégage une odeur pestilentielle. Au croisement, après la station d’essence, le long des rails, c’est le comble. Des objets de toutes sortes, des bouteilles vides, en verre et en plastique, de vieilles cassettes, des sacs vides, du matériel électronique, du bois, des pacotilles sont exposées près des rails.

C’est le marché informel de la gare. La saleté est indescriptible. Sur la route de Pikine, au croisement de la station Texaco, les ordures sont déversées sur la voie, de même qu’au croisement du Terminus Tally Bou bess. Dans les maisons, comme dans la rue, la saleté règne en maître. De jeunes filles, des vendeuses de repas sur la voie publique, se relaient au dépotoir, sacs en plastique aux mains, ou des bols remplis d’ordures, les déversent insouciance. Une 4x4 blanche arrive et s’arrête.

Deux hommes descendent pour expédier les ordures, des cartons et des toiles, de la cabine arrière. « Les ordures sont nombreuses. Elles sont déversées aux deux intersections par les individus qui habitent dans les parages. Par la suite, les ramasseurs vont s’en occuper, mais quelquefois, ils tardent à le faire et cela dégage une mauvaise odeur. S’il pleut, elles seront drainées par les eaux et bloqueront la station de pompage. Il y a vraiment un problème », souligne Amadou.

Des sociétés de nettoiement en crise

À l’instant même, Demba Diop débarque avec des camions et une grue pour nettoyer les lieux. « Il y avait une grève des transporteurs concessionnaires. Mais c’est fini. Le travail a repris depuis hier à 11 h. Nous nous occupons des ordures de la Zone 3 de Pikine (marché Zinc, Terminus Tally Boubess, Texaco et le parc de charbon) dont je suis le chef de département.

D’autres s’occupent de la zone 4 et 5 », explique-t-il. Selon lui, les grévistes réclamaient le paiement de leurs allocations et de leurs congés accumulés, mais aussi de leur matériel de protection (gants, casques, toiles, chaussures) et de la hausse de leur salaire. Même si les agents revenus à de meilleurs sentiments avec les efforts consentis, il reste beaucoup à faire pour juguler le mal des ordures qui asphyxie Dakar et surtout sa banlieue.

Les populations doivent beaucoup faire pour changer les mauvaises habitudes. Il y va de l’éclat et de la propreté de notre cité.

Senegal Leral