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EXCLUSIVITÉ Leral.net – Coopération internationale : La CENTIF du Sénégal renforce ses échanges de renseignements financiers en 2024

Renforcer la coopération internationale, un levier clé qui a porté ses fruits pour la CENTIF en 2024. Le rapport d’activité révèle une intensification sans précédent des échanges de renseignements financiers avec les homologues étrangers, signe de l’engagement du Sénégal sur la scène mondiale de la lutte anti-blanchiment.


Rédigé par leral.net le Vendredi 19 Septembre 2025 à 11:43 | | 0 commentaire(s)|

En chiffres, la CENTIF a émis 45 demandes d’informations vers des Cellules de Renseignement Financier (CRF) étrangères en 2024, contre 36 en 2022 et 73 en 2023 (une baisse en 2024 comparée à 2023, s’expliquant par moins de besoins sortants). Parallèlement, elle a reçu 12 demandes d’informations de la part de CRF étrangères (contre 9 en 2023), ainsi que 6 communications spontanées entrantes de la part de partenaires (informations non sollicitées mais jugées utiles par des pays amis). Au total, 63 échanges bilatéraux ont eu lieu (demandes + communications) sur l’année, ce qui maintient une dynamique élevée, malgré une légère baisse par rapport à 2023.

Concrètement, qu’y a-t-il derrière ces chiffres ? Ce sont des dossiers où une trace d’argent mène au-delà de nos frontières, ou inversement, où un pays étranger soupçonne un lien avec le Sénégal. Par exemple, une banque sénégalaise peut demander via la CENTIF à la France ou aux Émirats, des informations sur un bénéficiaire final se trouvant là-bas. Ou une CRF européenne peut interroger Dakar sur le compte local d’un individu impliqué dans une affaire chez elle. Ces coopérations permettent de débloquer des enquêtes : là où nos autorités seules seraient limitées (secret bancaire étranger, manque de données), l’entraide internationale ouvre des portes.

Le rapport souligne que ces échanges se font dans le cadre sécurisé du Groupe Egmont – le réseau mondial des CRF – et reposent sur les principes de réciprocité et de confidentialité. Chaque information partagée l’est sous condition de bon usage et de protection des données. Cette confiance mutuelle s’est encore renforcée en 2024.

Il est mentionné notamment qu’une affaire complexe de corruption (le cas BETA/GAME décrit plus haut) a pu être élucidée grâce à une communication spontanée d’un pays européen qui a alerté la CENTIF sur des mouvements suspects liés au Sénégal. De même, pour certaines fraudes fiscales impliquant des sociétés off-shore, les retours d’information de centres financiers internationaux ont été précieux.

La coopération régionale a aussi été dynamisée. En Afrique de l’Ouest, via le GIABA (l’organisme régional anti-blanchiment), la CENTIF a participé à plusieurs rencontres pour coordonner les efforts. Des pays voisins ont sollicité le Sénégal pour des cas de blanchiment traversant nos frontières communes, et vice-versa.

L’année 2024 étant marquée par la sortie de la liste grise du GAFI, cette reconnaissance internationale a aussi consolidé le rôle du Sénégal en tant que partenaire fiable. Le rapport indique qu’en octobre 2024, lors de la plénière du GAFI à Paris, le Sénégal a été félicité pour sa coopération exemplaire et invité, en tant que “juridiction invitée”, à partager son expérience réussie avec d’autres pays.

En somme, la CENTIF du Sénégal s’affirme comme un acteur pleinement intégré au réseau mondial de lutte contre le blanchiment. Cette coopération active est un atout majeur pour déjouer les montages transnationaux des criminels financiers, qui, eux, ne connaissent pas de frontières.