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EXCLUSIVITÉ Leral.net – Vol et recel : Peu de blanchiment détecté, mais des exceptions coûteuses


Rédigé par leral.net le Vendredi 19 Septembre 2025 à 11:11 | | 0 commentaire(s)|

EXCLUSIVITÉ Leral.net – Vols et recel de biens volés : un lien relativement marginal avec le blanchiment d’argent au Sénégal, si l’on en croit le rapport 2024 de la CENTIF. Seuls 2 dossiers de déclarations de soupçon ont impliqué des fonds provenant directement de vols ou de recel l’année dernière, un chiffre quasi anecdotique comparé à d’autres infractions.

Cela s’explique en partie par le profil de ces infractions. Les vols (cambriolages, braquages, détournements isolés), génèrent souvent du cash en quantité limitée, qui est soit dépensé rapidement, soit caché, mais rarement injecté dans le système financier officiel. Un voleur de bijoux, par exemple, va écouler son butin via un receleur sur le marché noir et utiliser l’argent liquide sans nécessairement le déposer en banque. De même, quelqu’un qui vole des fonds dans une entreprise, peut les utiliser à des fins personnelles sans passer par un compte bancaire.

Néanmoins, il arrive que des opérations de plus grande envergure – notamment des détournements importants ou des trafics de biens volés à l’échelle internationale – nécessitent un blanchiment plus élaboré. Les cas signalés en 2024 pourraient correspondre à ce genre de situations. Par exemple, un réseau organisé qui vole du matériel ou des véhicules et les revend à l’étranger, puis fait revenir l’argent par des transferts, sous un prétexte commercial fallacieux. Ou encore, un gestionnaire indélicat qui pille la caisse de sa structure et tente de masquer le trou via des écritures comptables, tout en plaçant l’argent sur un compte tiers.

La CENTIF, bien que peu sollicitée sur ces aspects, indique garder un œil attentif. Car si le vol en tant que tel est une infraction de droit commun, dès lors qu’il y a recel et réintroduction des fonds volés dans l’économie légale, on tombe dans le champ du blanchiment. Le rapport mentionne l’importance de la coopération avec la police judiciaire : lorsqu’une affaire de vol de grande ampleur est investiguée, la dimension financière doit être explorée, pour détecter d’éventuels circuits de blanchiment.

Par ailleurs, l’entrée en vigueur de la nouvelle loi anti-blanchiment en 2024 (loi n°2024-08) a élargi la liste des infractions sous-jacentes et inclut explicitement le vol, le recel et les infractions assimilées. Cela signifie que tout gain tiré d’un vol, s’il est “nettoyé” ou caché via des transactions financières, peut donner lieu à des poursuites pour blanchiment, en plus du vol lui-même.

Le message à retenir : même si la majorité des vols n’alimentent pas de schémas de blanchiment complexes, ceux qui essayent de profiter de leurs larcins en les investissant ou en les transférant laissent des traces que la CENTIF peut suivre. Et ils s’exposent à voir leurs gains mal acquis saisis ou gelés lorsqu’ils seront identifiés.