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EdF : les incroyables confessions de Raymond Domenech

"Tout seul", voilà le titre lucide que porte le livre signé Raymond Domenech, dont la date de sortie est prévue pour le 21 novembre. Il y revient notamment sur la Coupe du Monde 2010 et la fameuse grève de Knysna. Avec des mots très durs.


Rédigé par leral.net le Lundi 19 Novembre 2012 à 12:10 | | 0 commentaire(s)|

EdF : les incroyables confessions de Raymond Domenech
Il a longtemps alimenté la frustration des amoureux de l’équipe de France en gardant le silence. Raymond Domenech le brise enfin totalement en publiant son livre intitulé « Tout seul » (sortie le 21 novembre). Il peut tout lâcher, exprimer ses ressentiments, sa honte, son dégoût pour les pires moments de son aventure en Bleu. En tant que sélectionneur, il a vécu le pire des cauchemars à la Coupe du Monde 2010. L’aboutissement d’un cycle de 6 ans qui aurait dû être interrompu bien plus tôt. Car dans ses confessions, on comprend que le sélectionneur national, qui se plaisait à prendre une certaine arrogance à l’heure de s’expliquer devant les journalistes, ne faisait que feindre la confiance en ses joueurs.

À deux jours de l’entrée en Coupe du Monde, face à l’Uruguay (0-0), il écrit à propos de son groupe. « J’ai les boules. Ma causerie d’avant-match est toute prête : "Allez vous faire foutre". (...) J’en ai marre de cette inertie collective. Je n’ai qu’une envie : les envoyer chier. Qu’ils se démerdent. » Éloquent ce journal de bord qu’il a tenu à jour durant son temps à la tête des Bleus lui permet de retranscrire fidèlement les émotions ressenties. Quelques heures avant le match contre le Mexique (0-1) : « Je n’ai plus d’énergie, je ne les aime plus. Leurs caprices me gonflent ». Le surlendemain, L’Équipe titrait sur l’insulte adressée par Anelka dans les vestiaires. « La fin de la phrase m’a échappé dans le brouhaha. Bizarrement, j’ai été moins choqué par l’insulte que par le tutoiement, qui cassait une barrière, celle des fonctions, des âges, de la hiérarchie », écrit-il.

La révélation de ce triste incident dans L’Équipe sera le point de départ de la grève à venir. « J’ai ressenti le choc de cette une et de cette histoire avec une violence inouïe. Mais j’ai vite compris que les joueurs étaient moins affectés par le scandale que par sa révélation. Au sein du groupe, une interrogation tournait en boucle : qui était la taupe ? (…) Au terme de ce naufrage [ndlr la défaite face au Mexique], une image m’a réveillé un peu : Gallas et Anelka en train de rigoler, juste après le match. Quelle inconscience ; ils semblaient heureux de la défaite », glisse Domenech, terriblement remontés contre les joueurs qui l’ont trahi. « Deux ans après, je ne comprends toujours pas comment certains d’entre eux [ndlr les joueurs] ont pu se montrer aussi faibles et inconscients. Et j’en veux surtout à ceux que j’ai soutenus pendant des mois et imposés en me faisant massacrer par la presse. »

Ces traîtres à sa confiance ne sont pas les seuls à récolter son courroux. Les membres de la Fédération française de football présents sur place ne sont pas épargnés. « Ils restaient dans notre hôtel, totalement transparents. (...) Après la défaite contre le Mexique, je n’existais déjà plus à leurs yeux. Je suis le bouc émissaire parfait. Il faut dire que j’ai fait beaucoup d’efforts pour... », consent-il. Domenech se dit conscient de ses erreurs, se juge « humilié de (s)’être autant trompé ». Sur la grève, il assure que seuls « deux ou trois joueurs y étaient favorables »

Écœurés par le comportement des joueurs, « des gosses inconscients », « épuisé, vidé, laminé » par son travail, il dit avoir pensé à remettre son tablier à plusieurs reprises. « J’ai toujours su que j’avais tout à gagner en quittant mon poste et tout à perdre en continuant ; mais je n’arrive pas à renoncer, je ne sais pas faire. Je me suis régulièrement posé la question du départ en 2006 et 2010, mais à chaque fois que je me sentais vaciller, un signe d’espoir me tirait de mes doutes et me ramenait au combat. » Cet espoir, il était l’un des rares à l’entrapercevoir. Aujourd’hui, on sait qu’il ne s’agissait que d’un mirage.

Aurélien Léger-Moëc