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Effets collatéraux de la crise malienne : Une dizaine de camions chargés de moutons bloqués à Bamako

Rédigé par leral.net le Mercredi 17 Octobre 2012 à 12:35 | | 0 commentaire(s)|

Habitués à amener des moutons pour la Tabaski au Sénégal, les éleveurs maliens ont certes sacrifié à cette tradition, mais la quantité acheminée a fortement baissé. Seuls 300 têtes sont arrivées lundi, en attendant 200 autres qui devront fouler le sol sénégalais demain. Selon les éleveurs maliens, des camions sont immobilisés à cause de la crise qui sévit au Nord Mali. Une situation qui accentue les risques de pénurie de moutons sur le marché.


Effets collatéraux de la crise malienne : Une dizaine de camions chargés de moutons bloqués à Bamako

A moins de dix jours de l’Aïd-el-kébir, le mouton se fait désirer sur les différents points de vente de la capitale. La fête s’approche et les espoirs de connaître un renversement de situation fondent comme beurre au soleil. Cela se justifie par la petite quantité de moutons amenés par les éleveurs maliens. Très attendus par les consommateurs pour améliorer l’approvisionnement, les éleveurs maliens ne pourront apparemment pas sauver le manque de moutons qui se précise au fil des jours. En effet, des camions sont bloqués au Mali par des éleveurs qui ont peur de franchir la frontière à cause de la crise qui prévaut dans ce pays, jadis source de ravitaillement en moutons pour le Sénégal pour les fêtes de Tabaski commémorant le sacrifice d’Abraham. A en croire les éleveurs maliens rencontrés au Terminus Liberté 5, de nombreux camions remplis de moutons qui devaient être acheminés à Dakar ne pourront cette année quitter le Mali. Ce qui amoindrit les espoirs des Sénégalais déjà inquiets du manque de moutons. « Les véhicules sont là-bas, remplis de béliers, mais ils ne pourront pas arriver d’ici la fête. Leurs propriétaires ont peur de franchir la frontière à cause de la crise installée par les islamistes au Nord Mali », laisse entendre Mouhamed Traoré, éleveur malien. Trouvé à Liberté 5 avec ses collègues, il vient vendre des moutons au pays de la Téranga depuis, dit-il, 30 ans. Fort de cette expérience, il soutient que cette année est partie pour battre le record de la plus faible quantité de moutons amenés de Bamako à Dakar. « On a amené hier (Ndlr : lundi) un camion de 300 têtes (200 béliers et 100 brebis) et, demain, un autre de 200 moutons va arriver. Ce qui fera en tout 500 moutons et je pense que ce sera le maximum de moutons maliens qui seront acheminés cette année », informe le sieur Traoré, non sans préciser que les Sénégalais devraient s’attendre à cela et prendre des dispositions pour ne pas miser sur le Mali qui vit, depuis des mois, une crise. « C’était prévisible, le Sénégal ne devrait pas compter sur le Mali pour approvisionner son marché. Parce qu’avec la situation qui prévaut chez nous, 80% des éleveurs ont préféré rester au pays », renseigne Mouhamed Traoré.

Amadou Guindo fait partie des rares éleveurs qui ont pu acheminer des béliers. Il affirme quant à lui que ses compatriotes sont, en plus de la crise au Mali, découragés par les dépenses énormes liées au transport, les frais de taxes et l’aliment de bétail. « Les charges sont considérables, rien que pour le transport on a déboursé 1 million de F CFA et 500 000 F CFA pour les taxes, sans compter l’aliment qui nous a coûté 145 000 F CFA durant les quatre jours de voyages », énumère Amadou Guindo. Des frais importants qui, de l’avis de Mouhamed Traoré, vont impacter sur le prix des moutons venus du Mali. Des tarifs qui varient selon Traoré, de 30 000 à 180 000 F CFA, selon la taille du mouton. Comptant rester au Sénégal jusqu’à la Tamkharite pour écouler tous leurs béliers, les Maliens dénoncent fortement les conditions difficiles qu’ils vivent sur ce point de vente de Liberté 5. L’eau coûte cher, sans oublier l’éclairage qui fait aussi défaut. A cela s’ajoutent les montants de la paille et le ‘’ripasse’’ qui s’échangent respectivement à 4 500 et 8 000 F CFA le sac. « On n’a fait que deux jours, mais déjà on a dépensé 85 000 F CFA pour l’aliment. Imaginez d’ici la fête », s’inquiète Amadou Guindo, non sans tout de même reconnaître qu’ils vont s’en sortir comme les années précédentes où ils rentraient avec des gains intéressants. « On remercie le bon Dieu, les frais sont élevés mais on espère car ici le marché est très prolifique », lance Mouhamed Traoré.

Même si les clients ne se sont pas encore présentés, les Maliens ont fini de s’installer au Terminus Liberté 5, avec leurs 300 moutons, en attendant le second stock de 200 têtes. Ce qui sera loin de satisfaire la demande. De ce fait, les autorités devront voir ailleurs pour augmenter l’offre en moutons afin de permettre aux musulmans de faire ce sacrifice important dans la vie de tout fidèle.

Source : Le Pays au Quotidien