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Entre amour, traditions et mémoire africaine : Avec Leyla, Odyssée prénuptiale, son œuvre littéraire, Fara Sambe explore les chemins d’un retour vers…

Rédigé par leral.net le Dimanche 8 Juin 2025 à 19:57 | | 0 commentaire(s)|

Invité de l’émission "Impressions" du lundi 2 juin 2025, animée par le célèbre journaliste Sada Kane, l’écrivain et journaliste Fara Sambe a offert aux téléspectateurs un moment de grande profondeur, entre confidences personnelles, engagement littéraire et exploration des enjeux contemporains du panafricanisme. L’occasion pour ce penseur aux multiples casquettes de revenir sur son dernier roman, Leyla, Odyssée prénuptiale, et d'évoquer les lignes de force qui traversent son œuvre et sa trajectoire.


Leyla , une fiction au service de la mémoire africaine

Dans Leyla, Odyssée prénuptiale, Fara Sambe met en scène une jeune Afro-américaine, Leyla, amoureuse d’un doctorant africain, qui décide de venir en Afrique rencontrer la famille de son fiancé. Ce périple se transforme vite en une quête initiatique : le père du jeune homme, tombé dans le coma, exige que son fils soit initié aux valeurs ancestrales africaines. Ce sera au vieux Yero, un oncle maternel, d’emmener les deux jeunes gens sur les routes du Nord et du Sud du Sénégal, au contact des terroirs, des traditions et des réalités contemporaines.

Entre souvenirs d’esclavage, cicatrices de la colonisation, enjeux écologiques liés à la surpêche et à l’accaparement du littoral, le roman propose une lecture à la fois poétique et engagée de l’Afrique d’hier et d’aujourd’hui. La relation amoureuse devient alors un miroir des tensions entre diasporas et continent, entre rêve d’Amérique et enracinement africain.

Une œuvre au croisement du politique et du spirituel

Leyla est aussi un roman résolument panafricain. L’héroïne, proche des Black Muslims de Farrakhan et inspirée par la pensée d’Edouard Blyden, incarne cette diaspora afrodescendante en quête de retour aux sources, à l’image des expériences de la Sierra Leone ou de Shashamane en Éthiopie. Fara Sambe y interroge aussi les blessures du passé : esclavage, colonisation, exil, mais aussi les rites initiatiques comme la circoncision, évoqués ici comme des étapes symboliques de rédemption. Une résonance particulière est donnée aux figures historiques comme Lat Dior ou Cheikh Amadou Bamba, convoqués par Sada Kane pour alimenter le débat sur la mémoire et le sacrifice.

Le roman s’inscrit dans une actualité brûlante, au moment où l’Union africaine vient d’adopter une résolution sur les réparations dues aux peuples africains. Fara Sambe explore ce thème en posant une exigence : la réparation ne pourra advenir que dans un contexte d’unité continentale.

Une plume ancrée, un regard lucide

Journaliste depuis 1989, Fara Sambe a signé ses premiers poèmes dans Le Soleil avant d’en devenir rédacteur en chef. Il dirige aujourd’hui La Gazette et le site LabelsAfrik.com. Son parcours l’a mené du Sénégal au Canada, en passant par la France et l’Éthiopie, forçant une vision riche, transversale, toujours en phase avec les réalités africaines.

Auteur prolifique, il a notamment publié Evelyn ou le bonheur parfait (1985), La Lettre du retour au pays natal (2012), Le 313e moine (2016), L’Héritier du Kanaga (2018) ou encore La Valse peulhe (2021). Il est aussi l’auteur d’un recueil de nouvelles, Fleurs d’orage, et d’un essai sur les industries culturelles et numériques au Sénégal.

Son écriture réaliste, souvent traversée d’une critique sociale et d’une dimension humaniste, explore les thèmes du retour, de l’émigration, de la résilience rurale, du choc entre tradition et modernité.

Une figure majeure de l’intelligentsia sénégalaise

Marié et père de sept filles, Fara Sambe incarne une rare proximité humaine. Son œuvre témoigne d’un profond attachement aux valeurs culturelles africaines et à la transmission intergénérationnelle. À travers Leyla, Odyssée prénuptiale, il confirme sa place parmi les voix les plus lucides et les plus poétiques de la littérature africaine contemporaine.

Dans dans son émission Impressions revalorisant le legs des grands hommes comme Léopold Sédar Senghor, Cheikh Hamidou Kane, Birago Diop, Mariama Bâ, , Boubacar Boris Diop, Aminata Sow Fall, pour n'en citer que quelues-uns, Sada Kane ne s’y est pas trompé : il a interrogé avec finesse un homme pour qui la littérature n’est pas simple ornement, mais vecteur de transformation sociale. Un écrivain pour qui l’Afrique n’est pas une abstraction, mais une maison à reconstruire.