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Dimanche 20 Janvier 2013

Entre guillemets … FELWINE SARR « L’acte d’écriture est fatalement un engagement ! »


Nouvelle voix de la littérature africaine, voici Felwine Sarr. Plume neuve, plume novatrice. « Dahij », son premier ouvrage, annonçait déjà la couleur ; à la fois œuvre romanesque et philosophique, l’écrivain y naviguait en « eau double »… Son second ouvrage, « 105 rue Carnot »*, un recueil de nouvelles, se révèle un véritable chef d’œuvre. Tout récemment, il est revenu avec un ouvrage majeur, « Méditations africaines ». Un véritable chef d’œuvre littéraire.



Entre guillemets …  FELWINE SARR   « L’acte d’écriture est fatalement un engagement ! »
Le Témoin: Vous vous voulez un écrivain authentique. Que recoupe ce vocable d’authenticité ?

Felwine Sarr - Mettre l’exigence au cœur du travail artistique. Eviter les poses, les postures, et les faux-semblants. Travailler à la révélation d’une vérité intime, faire fuser une parole juste et de préférence neuve (où qui renouvelle le regard porté sur les choses). Tenter de serrer cette vérité intime toujours de plus près. Derrière, au plus profond de tout projet artistique, en dépit des univers et des motivations très différentes des uns et des autres, il me semble qu’il y a un projet éthique qui consiste à participer à l’enrichissement de notre humanité, c’est à cette fin qu’une démarche soucieuse d’authenticité me semble utile.

Vous ne revendiquez aucun engagement… Quel rapport l’écrivain doit-il entretenir avec la politique ?

L’acte d’écriture est une prise de parole. De par ce fait, elle est fatalement un engagement. La question est plutôt, engagement vis-à-vis de quoi, envers quoi, pour quoi, contre quoi, en dépit de quoi ? Rimbaud désirait au lieu de changer le monde, changer la vie. Engagement donc vis-à-vis de l’existence qui est la matrice première de toute chose, mais en changeant les vies ou en y contribuant, on change le monde. Je suis de ceux qui pensent que la révolution fondamentale sera d’abord celle de l’esprit des hommes : là où siègent tous les maux qui gangrènent notre vivre-ensemble.
Les thèmes abordés dans le travail d’écriture sont ceux de la vie, aussi, ils peuvent avoir une dimension politique. Dans «105 rue Carnot », les nouvelles (Annie chez les pauvres, Irrévocable, même le destin de J) ont incontestablement cette dimension-là du fait qu’elles analysent les rapports Nord-Sud. Mais le plus important pour l’écrivain, me semble-t-il, est de toucher la réalité intime et sociale en faisant œuvre de complexité et en évitant les slogans réducteurs auxquels souvent on confine l’engagement. Et surtout le faire avec talent afin d’exprimer les ressorts profonds des expériences existentielles tant collectives qu’individuelles.

L’écrivain sénégalais Boubacar Boris Diop pense que nous ne devons pas faire notre littérature avec l’histoire littéraire des autres. Partagez-vous sa pensée ?
J’étais là lorsqu’il a prononcé ces mots. C’était lors d’un bel échange avec Souleymane Bachir Diagne à la librairie Athéna que je modérais, j’en vois donc le contexte. Je comprends son combat pour l’édification d’une grande littérature nationale y compris dans nos langues nationales, avec comme il dit « pas avec les mots sages et pétrifiés du dictionnaire mais avec des paroles en folie, celles de la vie de tous les jours ». Du point de vue de l’histoire, de la mémoire d’une psyché et d’une conscience collective, il a raison. Doomi Golo est un texte fondamental en ce sens qu’à ma connaissance, il est le premier grand roman en wolof et le monde qu’il révèle, la culture qu’il exprime et sa saveur particulière méritent d’être apportés au banquet et inscrits dans la mémoire littéraire du monde. J’y ajouterai que chaque écrivain écrit ses livres avec son histoire individuelle et c’est en cela que la problématique de la langue se pose différemment pour chacun de nous. Et qu’au fond, quelle que soit la langue dans laquelle on écrit, chaque écrivain cherche finalement à trouver sa propre langue.

Comment choisissez-vous le titre de vos livres ?

Ils me viennent parfois en cours d’écriture, à la fin ou avant même que je ne commence. Aucune règle particulière. Des fois, ils s’imposent à moi avec évidence, d’autres fois ils mettent du temps à advenir.

Entretien réalisé par
ALASSANE SECK GUEYE
« Le Témoin » N° 1111 –Hebdomadaire Sénégalais ( JANVIER 2013)


*Dahij
Gallimard / L’Arpenteur 2009

*105Rue Carnot- Récit
Editions Mémoire d’Encrier 2011
( Les News )




1.Posté par FocusActu le 21/01/2013 00:49 | Alerter
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