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Entretien avec Mamadou Djiby Diallo, SG de la Fédération départementale du Pds de Bakel : « Les départs ont réglé le problème de leadership.… »

Le champ politique est agité à Bakel. Pour un fauteuil de maire ou de conseil rural dans ce département les responsables politiques sont prêts à tout. Après la défaite du Président Abdoulaye Wade à la présidentielle de 2012 c’est la débandade totale avec le départ du Parti démocratique sénégalais (Pds) de certains responsables qui, pourtant, ont œuvré ensemble lors des élections locales de 2009 pour occuper la majorité des têtes de collectivités locales dans la capitale du Gadiaga. Si à Bakel, la mairesse Aminata Diallo a rejoint Bokk Gis Gis, à Kidira, Moussa Bâ de Kidira s’est allié avec Macky Sall.


Rédigé par leral.net le Jeudi 1 Août 2013 à 16:00 | | 0 commentaire(s)|

Entretien avec Mamadou Djiby Diallo, SG de la Fédération départementale du Pds de Bakel : « Les départs ont réglé le problème de leadership.… »
M. Diallo, présentez-vous à nos lecteurs.

Je m’appelle Mamadou Djiby Diallo. Je suis le Secrétaire général de la fédération département du Parti démocratique sénégalais (Pds). Je suis aussi ancien député libéral, actuel maire de la commune de Kidira.

Le Pds a occupé pour la première fois en 2009 le fauteuil de la mairie de Bakel mais avec deux voix de différence, quel est votre sentiment là-dessus ?

C’est vrai que nous avons gagné la mairie de Bakel avec deux voix de différence. L’essentiel c’était de gagner, car ce n’était pas évident au départ, et nous l’avons fait avec une majorité confortable de conseillers municipaux. Il faut s’en réjouir. Ce qui est par contre regrettable, c’est que la mairesse ait quitté le parti. Nous avions aussi gagné d’autres collectivités locales comme la commune de Kidira dont je suis le Maire ; c’est ça la démocratie.

La mairesse a quitté le Pds, vous comptez lui faire la guerre pour lui retirer son fauteuil ?

Notre objectif est de reconquérir la commune de Bakel, c’est l’objectif des militants, des sympathisants et des responsables du Pds de la commune de Bakel. Et nous allons tout faire pour que la mairie de Bakel revienne au Pds aux prochaines élections de 2014. Nous avons l’ambition et les moyens d’atteindre cet objectif. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous attendons avec empressement que les élections locales arrivent pour remettre la mairie de Bakel aux mains des libéraux. A cet effet, nous sommes en train de nous organiser; nous sommes persuadés de pouvoir récupérer la mairie.

A propos de ces départs, qu’est ce qui est à l’origine de la division ?

Il n’y a pas eu de division, au contraire, il faut juste dire qu’ils sont allés répondre à l’appel d’autres leaders. Certains n’ont même pas attendu d’être sollicités, ils sont partis pour conserver leurs strapontins. Ils l’ont fait, peut-être, parce qu'aujourd’hui c’est l’Apr qui est aux commandes, et ils ont transhumé. Ils sont partis parce qu’il n’y a plus rien à se partager au Pds qui est dans l’opposition. Ils ont quitté, mais le parti continue à vivre dans le département, dans la paix et l’unité. Le Pds reste le Pds et nous sommes, pour notre part, restés dans le parti. Nous poursuivons nos activités avec ceux qui sont restés fidèles au frère Secrétaire Général Me Abdoulaye Wade et aux idéaux du Pds.

Me Wade a lancé un appel à la reconstruction de la grande famille libérale, êtes-vous favorable ?

Aujourd’hui, au niveau du gouvernement, il y a un problème de cohérence et de synergie d’actions qui se pose, parce que certains membres du gouvernement n’ont pas été choisis par le président de la République ou le Premier Ministre, mais par d’autres leaders de coalitions, au nom du principe « on gagne ensemble et on gouverne ensemble ». On n’a pas mis en avant la compétence et la complémentarité ; c’est plutôt un gouvernement de quota aires. Ceci n’est pas de nature à faire avancer le pays vers l’émergence et on comprend pourquoi on entend les gens dire que « le pays est bloqué, rien ne marche ». C’est ce qu’a compris Me Abdoulaye Wade, d’où la nécessité pour lui de lancer cet appel. Cette démarche doit aboutir à la mise en place de trois familles politiques : les libéraux, les socialistes et les conservateurs. Je suis persuadé que si la famille libérale arrivait à se retrouver, notre pays gagnerait le pari de l’émergence à brève échéance.

Au niveau de la base, comment comptez-vous mettre en œuvre cet appel ?

Au niveau de la base le problème ne se pose pas. La confusion c’est au niveau du sommet où des leaders, qui cherchent des strapontins, oublient quelques fois leurs idéologies pour aller s’allier à d’autres simplement pour faire partie du gouvernement, pour participer au partage du gâteau ; ils sont en porte à faux avec l’intérêt général. Au niveau de la base, les dirigeants sont animés par d’autres motivations, le développement local.

Réunir la famille libérale à Bakel ne va-t-il pas poser problème avec les départs de Aminata Diallo et de Moussa Bâ du Pds ?

(Il marque une pause). Il faut reconnaître que le départ de certains du Pds nous a permis aujourd’hui d’avoir une entité homogène, une fédération unie qui ne vit plus de querelles de leadership. Nous travaillons aujourd’hui dans une parfaite entente tout en essayant de créer une dynamique collégiale au niveau de la fédération. Ce sont des équations certes. Ces départs ont réglé le problème de leadership. Chacun, voulant être leader, ne voudra pas s’aligner dernier l’autre. Pour résoudre ensemble les problèmes des populations, il faut que les gens mettent de côté leur intérêt personnel au profit de l’intérêt général. Ensuite, il faut se poser la question de savoir qui est à même de symboliser le leadership, de manager toute la famille vers des victoires.

Entretien avec Mamadou Djiby Diallo, SG de la Fédération départementale du Pds de Bakel : « Les départs ont réglé le problème de leadership.… »
Les députés du département de Bakel sont-ils en train de travailler ?

Je ne vois pas encore ce qu’ils ont apporté au département de Bakel. Peut-être que cela est dû au fait que je ne suis pas leurs activités. Mais en âme et conscience, je ne vois pas encore l’impact de leur présence au sein de l’Assemblée nationale.

Cela veut dire qu’en tant qu’ancien député vous regrettez quelque chose ?

Ce que je regrette, c’est la répartition géographique inéquitable de la représentation parlementaire dans notre département. Vous savez que tous les trois députés du département sont du Gadiaga. Or, Bakel c’est aussi le Boundou qui n’est malheureusement pas représenté à l’Assemblée nationale. Il serait très difficile, de mon point de vue, de gérer correctement les préoccupations des populations du Boundou. Le député, par vocation, représente toute une nation, mais tout le monde sait qu’il vient d’abord d’une localité, son terroir, son fief politique, son département ; il se doit donc de défendre les intérêts de sa localité, de son terroir, de son département. Il leur faudra beaucoup d’efforts pour être bien informés des problèmes dont souffrent les populations, s’ils veulent véritablement résoudre les préoccupations des différentes localités du département. Je présume qu’ils sont en train de travailler dans cette perspective et je leur souhaite beaucoup de courage et de succès. Mais à l’image de toute la majorité actuelle, on ne voit rien encore ; on ne constate pas un impact de ce qu’ils sont en train de faire au profit des populations.

Quels sont les actes que vous aviez posés et que ces députés n’ont pas pu poursuivre ?

Durant notre législature, avec Aminata Diallo, nous avions travaillé en parfaite synergie. On s’est organisé pour que chacun de nous s’occupent d’une partie du département. Aminata Diallo s’occupait du pays soninké et moi j’avais en charge le Boundou. Les problèmes auxquels sont confrontés les populations tournent autour du désenclavement total du département, l’éducation, la santé, l’approvisionnement en eau potable, entre autres. Etant donné que j’étais le vice-président de la Commission de développement à l’Assemblée nationale, j’avais la possibilité d’intervenir au niveau de plusieurs secteurs d’activité. C’est ce qui explique que j’avais en charge des questions d’énergie, approvisionnement en eau potable et l’amélioration des conditions de vie des populations. A cet effet, lors de notre législature, Aminata Diallo et moi, avions fait des plaidoyers auprès des ministres de tutelle pour bénéficier des avantages de ces projets. C’est ainsi que l’Uemoa, à travers son programme eau potable, a construit plusieurs forages dans le département. Nous avions aussi suivi le projet sur l’électrification rurale. Des villages, des établissements scolaires, des maisons communautaires, des mosquées, ont été électrifiés. En relation avec les Pcr et le Sous-Préfet de Bélé, nous avions déposé une liste des ayants droit qui ont été servis.
Dans le domaine de l’éducation, nous sommes intervenus auprès du ministère de l’Education nationale pour l’équipement et la création de collèges de proximité. A cet effet, il y a eu des collèges construits partout dans le département. A cette même occasion, nous avons fait un plaidoyer auprès des partenaires pour la construction d’un lycée à Kidira. C’est ainsi que Co-Développement a accepté de financer le projet du lycée de Kidira à hauteur de 70% du montant global ; les 30% étaient à la charge des populations notamment immigrés ressortissants des localités qui polarisent Kidira. Nous avons sollicité le ministre chargé de l’Energie d’alors pour électrifier le lycée ainsi que ceux chargés du Budget, des Finances et des Collectivités locales pour payer le solde dû aux entreprises ayant construit et équipé le lycée pour la somme de 25 millions de francs Cfa.
Nous avons sollicité et obtenu la reprise des travaux de construction du centre de santé de Kidira financé par la Banque Islamique de Développement. Depuis deux (2) ans les travaux de construction sont terminés, nous attendons l’inauguration du centre. Celui-ci permettra de relever le plateau technique sanitaire au niveau de la commune de Kidira où des populations pour se soigner vont au Mali ou à Tambacounda.
En ce qui concerne les infrastructures, nous avons obtenu du ministre chargé de l’Economie maritime d’alors un complexe frigorifique pour Kidira. Par ailleurs, nous avions proposé au gouvernement d’alors la réhabilitation du tronçon Tamba-Kidira-Bakel, actuellement en cours de réalisation, une voie de contournement, le désenclavement du Boundou, l’électrification complète de la commune de Kidira et la réhabilitation de la route Tamba-Kidira-Bakel.

La réhabilitation de ce tronçon est d’une importance capitale si on se réfère aux nombreux cas d’accidents ?

Bien sûr, s’il y a une intervention à faire c’est à ce niveau qu’il faut surtout le faire. Car l’ancien régime avait donné son accord sur ce programme. Mais avec le changement de régime, cela ne s’est pas encore réalisé. Il était aussi prévu de désenclaver totalement le département de Bakel surtout l’arrondissement de Kéniéba qui, pendant l’hivernage, est complètement coupé du reste du pays. C’est ce qui fait d’ailleurs que, pour rester en contact permanent avec les autres autorités, le Sous-Préfet de cette localité est obligé de déménager à Kidira.
Pour l’amélioration de la communication, des démarches ont été faites auprès des autorités compétentes pour que la Rts puisse être écoutée partout dans le département. Aujourd’hui, pour nous adresser à nos populations, nous sommes obligés d’aller au Mali pour faire passer nos messages. En tout cas, il y a beaucoup de choses que nous avons entamées qui doivent être suivies pour être réalisées, après l’alternance de 2012.

Les élections locales s’approchent, le Pds ne risque-t-il pas de perdre sa place de leader à Bakel ?

Le moment venu, vous serez édifiés ; il y a beaucoup de frustrations, de regrets et de déceptions. Les populations ne se retrouvent pas dans ce régime, et cela est valable pour toute la région de Tambacounda ; c’est pourquoi l’espoir de demain, c’est le Pds et ses dirigeants qui bénéficient désormais de la confiance des citoyens. Les populations du département de Bakel ont toujours confiance au Pds. En tout cas, nous allons tout faire pour gagner le maximum de collectivités locales aux prochaines élections et conserver les sièges que nous occupons encore. Nous travaillons d'ailleurs en symbiose avec l’ensemble des sympathisants, militants et responsables locaux afin de réaliser ce rêve.

Entretien réalisé par Tapa Tounkara www.Leral.net