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Equation autour d’une consigne de vote : Pour qui va rouler Karim Wade ?

Tribune- Candidat malheureux du Parti démocratique sénégalais à l’élection présidentielle, Karim Meïssa Wade ne prendra pas part au scrutin du 24 mars prochain. Remis en selle par l’Assemblée nationale qui a voté, en août 2023, une réforme permettant à une personne condamnée et ayant bénéficié ensuite d'une amnistie ou d'une grâce de figurer sur les listes électorales, il a été recalé par le Conseil constitutionnel pour double nationalité.


Rédigé par leral.net le Samedi 9 Mars 2024 à 09:59 | | 0 commentaire(s)|

Jugeant arbitraire cette décision, il a saisi la Cour de justice de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao), mais il y a très peu de chance que cette saisine lui permette de briguer les suffrages des Sénégalais d’ici quelques jours. Selon toute vraisemblance, il devra se résoudre à renoncer à la présidentielle, et se positionner en tant que faiseur de roi en apportant son soutien à un autre candidat.

Quel que soit le scénario, il est constant que Karim Wade reste un acteur important de la scène politique sénégalaise, qui peut peser sur l'issue du scrutin. Définitivement écarté de la course, il devra se repositionner en tant qu'allié potentiel, en espérant préserver son capital politique pour l'avenir.

Ancien de la Génération du Concret, Amadou Bâ pourrait, en d’autres temps, être l’heureux bénéficiaire du report de voix du Parti démocratique sénégalais. Cependant, les liens se sont distendus, comme en témoignent les accusations de corruption portées par les libéraux à l’encontre du candidat de Benno bokk yakaar et de magistrats du Conseil constitutionnel.

Membre de la grande famille libérale, Idrissa Seck a longtemps cheminé avec Wade père dont il était considéré comme le fils d’emprunt. Il sera difficile, voire quasi impossible, d’arriver à une alliance avec lui, en ce sens qu’il a publiquement dénoncé la libération suspecte de Karim Wade en la qualifiant de deal.

«Il a été embarqué dans un jet privé qui l’attendait pour une destination inconnue. On parle de Doha. C’est la preuve que Macky Sall, Wade et son fils obéissent à des ordres», disait Idy en 2016.

De la même manière, le chef de file de Rewmi a ajouté de l’huile sur le feu en juillet dernier, notamment lors d’un entretien avec Jeune Afrique où il s’est présenté comme une victime de Wade & fils. «Je leur disais qu’on voulait tuer le fils d’emprunt, que j’étais écarté pour faire de la place au fils biologique, mais personne ne m’a cru», disait-il.

Idem lors d’une conférence de presse en avril dernier au cours de laquelle il se remémorait le jour où il avait «foutu Karim Wade à la porte». Pour ne pas davantage chercher à percer le secret des dieux, retenons en définitive que la politique, dans son imprévisibilité, fait que les alliances politiques peuvent se former et se briser rapidement.

Karim Wade, bien qu'incapable de se présenter directement, jouera un rôle de premier plan en coulisses, et pourrait contribuer à sculpter le paysage politique sénégalais de manière inattendue de par une consigne de vote à ne pas négliger. L’avenir nous le dira très bientôt