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FACE AUX REPLIS IDENTITAIRES, LE PARI DE L'UNIVERSEL

Rédigé par leral.net le Dimanche 16 Novembre 2025 à 23:12 | | 0 commentaire(s)|

Souleymane Bachir Diagne dresse un constat alarmant de la fragmentation mondiale. Dans son essai « Les Universels du Louvre », il appelle à "retrousser nos manches" pour défendre un humanisme universel, désormais plus nécessaire que jamais

Dans un contexte international marqué par la multiplication des conflits, la montée des replis identitaires et le déclin du multilatéralisme, la question de l’unité humaine se pose avec acuité. Le philosophe sénégalais Souleymane Bachir Diagne, auteur de l’essai « Les Universels du Louvre » (Albin Michel/Musée du Louvre, novembre 2025), était l’invité de l’émission « Au Cœur de l’Info » sur France 24. Il analyse la capacité du concept d’universel à rassembler l’humanité autour de valeurs communes, à l’heure où « nous n’avons jamais eu autant besoin d’être une seule et même humanité ».​

Pour Souleymane Bachir Diagne, la transformation du « Pavillon des Sessions » du Louvre en « Galerie des cinq continents » est un symbole fort d’une volonté d’inclure pleinement les œuvres d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques dans le récit du patrimoine mondial. Selon lui, il ne s’agit pas de “mettre ces œuvres au ghetto”, mais de les placer en dialogue avec les chefs-d’œuvre occidentaux, leur permettant ainsi d’acquérir des significations nouvelles au croisement des histoires et des regards.​

Il revendique l’idée d’un « universel latéral » – concept emprunté à Merleau-Ponty – qui repose sur la juxtaposition des cultures et leur capacité à produire ensemble un horizon universel, en opposition à la vision verticale et eurocentrée du passé. « Nous sommes sortis de l’époque de l’universalité verticale où l’Europe estimait en être la dépositaire », insiste le philosophe, plaidant pour un processus collectif de création de l’universel, fondé sur une égale dignité des cultures.​

Sur la question brûlante de la restitution du patrimoine africain spolié à l’époque coloniale, le philosophe appelle les musées à engager une réflexion active sur la provenance des objets et à s’ouvrir à des négociations « sans être sur la défensive ». Il cite l’exemple du Metropolitan Museum de New York, qui a nommé un responsable de la provenance des œuvres, contrairement au Louvre où cette pratique n’est pas encore institutionnalisée. Souleymane Bachir Diagne voit dans ces démarches une politique d’apaisement mémoriel, désormais portée par une nouvelle génération de conservateurs ouverts au dialogue.​

Interrogé sur la régression de la démocratie et la montée des tribalismes, le professeur Diagne constate une crise globale, du Sahel à l’Europe en passant par l’Amérique. Selon lui, la fragmentation des sociétés et la multiplication des conflits rendent la nécessité de l’universel plus pressante que jamais : « Nous n’avons jamais eu autant besoin d’être une seule et même humanité, même si la fragmentation nous menace », résume-t-il. Face à cela, il appelle à « retrousser nos manches » pour défendre le combat de l’universalité humaniste, « plus nécessaire que jamais ».​

Pour conclure, Souleymane Bachir Diagne évoque les images d’archives de la sortie de prison de Nelson Mandela, symbole selon lui d’une victoire de la politique de réconciliation et d’humanité sur la fragmentation et les haines tribales. Un rappel, dit-il, qu’en des temps d’obscurité, il est possible de faire triompher l’espoir de l’universel et du dialogue.

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Farid


Source : https://www.seneplus.com/politique/face-aux-replis...